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SEM Michael WIMMER, Ambassadeur de Belgique en Côte d’Ivoire : « LE VOLET SECTEUR PRIVE EST VRAIMENT LE PILIER DE MON ACTION ET LE PLUS IMPORTANT »

SEM Michael WIMMER, Ambassadeur de Belgique en Côte d’Ivoire : « LE VOLET SECTEUR PRIVE EST VRAIMENT LE PILIER DE MON ACTION ET LE PLUS IMPORTANT »

La Belgique est un pays d’Europe de l’Ouest, délimité au nord par les Pays-Bas et la mer du Nord, à l’est par l’Allemagne et le Luxembourg et au sud par la France. La Belgique est une monarchie constitutionnelle fédérale. Philippe de Belgique en est le roi depuis le 21 juillet 2013, après 20 ans de règne d’Albert II. A la croisée de trois grandes cultures d’Europe de l’Ouest (néerlandaise, française et allemande), la Belgique est l’un des six pays fondateurs des Communautés européennes. Sa capitale, Bruxelles, abrite les principales institutions européennes : la Commission y a son siège permanent, le Parlement s’y réunit en alternance avec Strasbourg et le Conseil de l’Union européenne s’y retrouve habituellement. Bruxelles est également le siège du Comité économique et social européen, du Comité des Régions de l’Union Européenne et du service européen pour l’action extérieure. La capitale belge est enfin le lieu où toutes les Entreprises, tous les pays, toutes les régions et ONG disposent en général de représentations afin de défendre leurs intérêts auprès des Institutions. Sa position géographique centrale en Europe et sa main d’œuvre qualifiée, multilingue et productive en font un Partenaire commercial recherché.

Dans cette interview accordée au site www.afriqueeconomie.net, avec l’Ambassadeur de la Belgique en Côte d’Ivoire, SEM Michael WIMMER, à quelques jours d’une fête très importante pour le pays, qui est la fête du Roi (célébrée chaque 15 novembre), elle nous permettra de passer en revue la Coopération entre la Cote d’Ivoire et la Belgique, qui est le deuxième exportateur et importateur européen de la Côte d’Ivoire.

 

A.E : Présentez-vous Excellence à nos lecteurs

Je suis Michael WIMMER, je suis arrivé ici en Côte d’Ivoire le 16 août 2019 et j’ai présenté mes lettres de créances en octobre 2019 ; donc cela fait un peu plus d’un an que je suis ici en Côte d’Ivoire et j’ai le plaisir d’être ici en Côte d’Ivoire.

 

A.E : Pouvez-vous Excellence en un résumé, nous présenter les potentialités économiques du Royaume Belge ?

La Belgique est avant tout probablement l’une des économies les plus mondialisées, les plus ouvertes. D’abord sur le monde et sur l’Europe, nos voisins. Il est plus raisonnable en Europe de parler d’économie Belge, d’économie française, d’économie allemande ; les économies sont tellement intégrés qu’il faut parler d’économie européenne. L’Economie belge est très ouverte sur l’économie européenne et puis sur le monde. Et nous avons d’autres potentialités, le deuxième Port commercial en Europe (Port d’Anvers), derrière le Port de Rotterdam; c’est tout une structure économique qui entoure ce Port (avec des Entreprises qui exportent leur savoir à l’étranger). Par exemple, je prends un exemple très concret dans le domaine portuaire, dans le sens large, les Entreprises Dragage Belges sont reconnues partout dans le monde, même ici en Côte d’Ivoire, en Amérique Latine, etc. Elles font partie des Entreprises leaders dans le domaine. C’est dire que dans le domaine maritime, nous avons une expertise particulière. S’ajoute à cela toutes les ramifications de Logistique ; un réseau fluvial très large qui permet d’atteindre les reste de l’Europe depuis les Ports maritimes et qui vient se greffer à cela aussi le transport routier, un très dense réseau d’autoroutes, ferroviaires, etc. La Belgique on peut la considérer un peu grâce à ce Port et tout ce qui va avec, comme une porte d’entrée vers l’Europe, un peu de la même manière comme la Côte d’Ivoire est la porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest avec les corridors qui vont vers le Nord, etc. Il y a des similitudes donc.

  

A.E : Depuis votre prise de fonction en Côte d’Ivoire, quelles ont été les actions que vous avez mené en faveur de la coopération entre la Belgique et la Côte d’Ivoire?

Quand je suis arrivé en Côte d’Ivoire, j’avais trois grandes missions. La première mission concerne les relations économiques entre la Belgique et la Côte d’Ivoire. Mon mandat s’inscrit donc dans la volonté de promouvoir la coopération économique entre nos deux pays. Cela passe nécessairement par le secteur privé, qui est fortement représenté ici en Côte d’Ivoire et que nous soutenons ardemment. Cette coopération passe aussi par l’appui des Organismes de soutien, notamment l’Assurance-crédit (Credendo), la Banque de Développement Belge en Côte d’Ivoire (BIO-Invest) et plusieurs autres mécanismes. Nous sommes convaincus que cette coopération entre acteurs du Secteur Privé contribuera au développement de la Côte d’Ivoire. C’est un volet qui s’inscrit également dans la stratégie nationale de développement de la Côte d’Ivoire, élaborée par les autorités ivoiriennes, avec qui nous entretenons d’excellentes relations. C’est le premier et le plus important pilier de mon action. Je suis aidé dans cette tâche par, Monsieur Guillaume DE BASSOMPIERRE, Conseiller Économique et Commercial de l’Ambassade, qui est en contact de façon permanente avec les Entreprises, en vue de défendre leurs intérêts et créer une synergie entre le Secteur Privé belge et les besoins de la Côte d’Ivoire.

Le second volet de mon action en Côte d’Ivoire, est axé sur la durabilité. Je saisis  cette occasion que vous m’offrez, pour vous parler de l’initiative « BEYOND CHOCOLATE »,  un Programme belge initié ici en Côte d’Ivoire et porté par l’ensemble des acteurs du Chocolat belge.  Son objectif est d’améliorer la durabilité du secteur du Chocolat pour le bénéfice de tous. Vous savez que la Côte d’Ivoire est le premier producteur de cacao au monde et que la Belgique est mondialement réputée dans le domaine du Chocolat, c’est donc tout à fait naturel qu’il y ait une excellente Coopération entre nos deux pays dans ce domaine.

La Belgique s’inscrit dans une approche durable du développement. Pour nous, tout développement économique doit être durable. Cette approche passe donc par l’amélioration des revenus et des conditions de vie des petits Producteurs de cacao et leurs familles, la réduction de l’impact environnemental, soit la protection des forêts, mais aussi la protection des droits des travailleurs, notamment en ce qui concerne le travail des enfants et leur droit à l’Éducation.

« BEYOND CHOCOLATE » travaille sur ces trois aspects de durabilité et est un Projet unique parce qu’il rassemble tous les acteurs de la filière Chocolat. Initié par le Gouvernement, il regroupe les chocolatiers, bien sûr mais aussi les Universités, les Distributeurs, les Supermarchés, les ONG, etc. « BEYOND CHOCOLATE » a une dizaine de Projets ici en Côte d’Ivoire, soutenus par différents acteurs, à travers lesquels nous essayons de faire la différence par la création de richesses pour les planteurs, la lutte contre la déforestation et contre le travail des enfants.

Notre Agence de Développement Belge (EnaBEL), est également très impliquée dans le coaching de certaines coopératives agricoles du cacao dans le but de leur faciliter l’accès aux marchés, soit de leur permettre de produire et vendre de manière durable.

Le troisième pilier, concerne le renforcement de l’image de notre pays et des liens existant entre nos peuples. Il s’agit de montrer qu’il y existe des liens entre la Belgique et la Côte d’Ivoire avec notamment la présence de nombreux ivoiriens en Belgique. Ceci est une richesse mutuelle que nous devons encourager.

 

A.E : La Côte d’Ivoire est un pays potentiellement riche dans plusieurs secteurs d’activités entre autres, l’Agriculture (1er producteur mondial de Cacao et de Café, la noix de cajou, etc) ; la Pêche (représente 3,1 % du PIB agricole et 0,74 % du PIB), etc. Quelles sont les échanges engagés entre les deux pays dans ces secteurs d’activités ?

La Belgique est avant tout, l’une des économies les plus mondialisées et les plus ouvertes. L’économie belge est très ouverte sur l’économie européenne et sur celle du monde. Nous avons beaucoup d’autres potentialités, notamment le Port d’Anvers, qui est le deuxième port commercial en Europe, après celui de Rotterdam. C’est tout un écosystème qui entoure ce Port (avec des Entreprises qui exportent leur savoir à l’étranger). Je pourrais citer en exemple, les Entreprises belges dans le domaine du dragage, qui sont reconnues, pour leur expertise en Afrique de l’Ouest mais aussi en Amérique latine par exemple. Elles font partie des Entreprises leaders dans le domaine. C’est dire que dans le domaine maritime, nous avons une expertise particulière. A cela s’ajoute le volet logistique, un réseau fluvial très large qui permet d’atteindre les reste de l’Europe depuis les Ports maritimes, doublé d’une densité du réseau d’autoroutes et ferroviaires. Grâce à ce Port, la Belgique peut être considérée comme une porte d’entrée vers l’Europe, à l’instar de la Côte d’Ivoire qui est considérée, avec ses corridors reliant le nord, comme la porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest.

 

 

A.E : Pourriez-vous nous donner une idée, à ce jour, des échanges commerciaux entre la Belgique et la Côte d’Ivoire?

La Belgique est le deuxième investisseur européen en Côte d’Ivoire, le deuxième exportateur européen vers la Côte d’Ivoire et le deuxième importateur de produits ivoiriens en Europe. Au sein de l’Union Européenne (UE), nous sommes à chaque fois le numéro 2. Ce chiffre traduit concrètement la réalité. En 2020, pour les 7 premiers mois, la Côte d’Ivoire était le 67ème client de la Belgique, avec 165,4 millions d’euros (-2,4%)  et le 46ème fournisseur, avec 355,5 millions d’euros (+8,7%). Les principaux secteurs d’exportation depuis la Belgique sont les machines et équipements mécaniques (20,5%) ; les équipements de transport (19%) et les produits chimiques (16,2%). En ce qui concerne l’import, les principaux sont les denrées alimentaires (70, 8%), les produits végétaux (16, 8%) et plastiques (7,9%). En 2019, la Côte d’Ivoire a exporté vers la Belgique à peu près 579 millions d’euros et était le 71ème client, avec 274,2 millions d’euros (+13,7%). On note ainsi une tendance croissante des exportations ivoiriennes vers la Belgique notamment durant les 7 premiers mois de l’année 2020, avec 22% des exportations ivoiriennes vers la Belgique.

A.E : Nous savons tous que le continent africain est confronté depuis quelques années au problème de l’Immigration Clandestine de nos Jeunes, qui disent vouloir avoir un avenir meilleur au niveau de l’Occident ou de la Diaspora. Quelle est votre analyse sur cette problématique et des propositions qui pourraient être menées par nos Gouvernants africains?

D’abord je pense que la migration est une richesse. Toute société s’est développée grâce aux migrations. Si on n’avait pas eu de migration dans le monde, on n’aurait pas avancé. Mais pour qu’elle soit bénéfique à tous, il faudrait qu’elle soit sûre et régulée ; qu’elle soit dans un cadre légal. Et c’est ce que, nous essayons de faire justement. C’est de faire en sorte que cette migration puisse se faire de manière ordonnée. Nous voyons les tragédies en Méditerranée, en Libye, avec des migrants qui sont enfermés, qui sont réduits à l’esclavagiste ; c’est évidemment pas cela que nous souhaitons ni pour notre société, ni pour la société africaine. Et donc, mon message j’allais dire est que les opportunités sont avant tout en Afrique ; si l’Afrique veut avancer, elle devra se reposer sur sa Jeunesse et nous sommes prêts à accompagner ce développement ; et ces opportunités sont certes présentes partout en Europe, mais elles sont certes présentes en Afrique. Un continent qui a un avenir radieux. Donc aux Jeunes, nous disons avant tout regardez ce que vous pouvez faire dans votre environnement, pour faire avancer les choses, pour faire changer les choses. Il y a de petites initiatives qu’on appelle des migrations circulaires, qui sont aussi utiles et qui servent justement dans cette vision-là, à parfois bénéficier d’une formation au sein d’Entreprises qui sont déjà investis en Afrique-Européenne ; où ils prennent des Jeunes ivoiriens, où ils les forment au siège de leurs Entreprises, afin de s’adapter à leur culture d’Entreprise, etc. Par contre ils font une promesse de revenir apporter leurs talents et leurs ressources, etc, à l’Entreprise en Afrique, dans des pays dans lesquels ils sont investis. Donc,  il y a à la fois le volet de bénéficier d’une exposition au marché européen, mais en même temps de contribuer au développement économique dans leurs pays d’origine. Il y a donc des exemples d’Entreprises Belges comme cela qui emploient des ivoiriens qui ont eu la possibilité d’immigrer de manière temporaire en Europe.

 A.E : Au niveau de l’Éducation, qui est un secteur capital pour tout pays, existent-ils des Partenariats ou conventions établis entre les deux pays ? Entre universités et écoles par exemple? Si oui lesquels ?

Il nous faut se référer au passé et à l’avenir. De nombreux ivoiriens ont étudié en Belgique, principalement dans deux secteurs à savoir l’Agronomie et les Études vétérinaires. Ainsi, nombreux sont les vétérinaires et agronomes ivoiriens qui ont été formés en Belgique ; je pense que cela constitue un lien important entre nos deux pays. De nos jours, plusieurs universités belges ont des Partenariats avec les Universités ivoiriennes. Je pourrais en citer principalement deux, l’Université de Liège et de Gembloux. Comme illustration, au cours de mon voyage, l’année dernière, à Korhogo (Nord de la Côte d’Ivoire), j’ai eu l’occasion de visiter l’Université de Korhogo. Lors de cette visite, il m’a été présenté des Étudiants qui partaient en formation à Liège et Gembloux, grâce à des bourses d’études offertes par l’Université de Liège. C’est un Partenariat qui prend de plus en plus d’ampleur. Je voudrais aussi citer un deuxième exemple dans le domaine du cacao. Il existe un très grand intérêt de l’Université de Gand dans le secteur du cacao, notamment dans le domaine de la Recherche. Cette université a tissé des contacts avec des acteurs ivoiriens en vue d’améliorer les conditions de production et d’assurer que celles-ci soient plus rentables et durables. Voici donc deux exemples dans le domaine de l’Éducation, où nous avons une très bonne collaboration. Étant donné que nous bénéficions d’un grand nombre d’anciens étudiants en Belgique, l’Ambassade vise à créer un réseau d’anciens Étudiants ayant été formés dans les Universités en Belgique. Toutefois, compte tenu de la crise sanitaire mondiale, nous avons dû reporter ce Projet. Il s’agira donc de réunir les anciens étudiants de ces Universités et faire d’eux des « Ambassadeurs » de la Coopération ivoiro-belge.

Je précise que nous n’octroyons de bourses générales pour les étudiants ivoiriens désireux d’étudier en Belgique. Ce sont les Universités belges qui octroient des bourses pour des  profils vraiment spécifiques (Agronomie, Vétérinaire, etc). En général, ce que les Universités préfèrent, c’est d’avoir des Étudiants qui ont fait quelques années d’études en Côte d’Ivoire mais qui souhaitent perfectionner en Belgique l’expertise acquise en Côte d’Ivoire. En 2019, nous avons également signé un protocole avec le Ministère ivoirien de l’Éducation Nationale, en vue de former des personnes qui ont déjà une formation en Hôtellerie ou en Restauration. C’est plus spécifiquement une formation technique aux métiers du Chocolat. Normalement ce sont deux bourses d’études annuelles pour aller se faire former dans les Universités ou dans un Institut Technique. C’est donc une formation complémentaire pour des études qu’ils auraient déjà engagées ici en Côte d’Ivoire.

A.E : Pouvez-vous nous chiffrer le nombre de vos ressortissants sur le territoire ivoirien ?

Nous avons plus de 700 belges inscrits à l’Ambassade de Belgique en Côte d’Ivoire. Cependant, en réalité, il y en a plusieurs qui ne sont pas forcément inscrits à l’ambassade. Nous estimons donc qu’il y a environ 1000 belges vivant en Côte d’Ivoire. On a donc une importante communauté belge en Côte d’Ivoire avec deux profils : les Expatriés et les Non-Expatriés.  Certaines personnes sont ici pour travailler au sein d’entreprises mais, généralement, on n’a pas plus de deux expatriés par entreprise car la tendance parmi les entreprises belges est d’employer localement. Certains travaillent aussi pour des Entreprises européennes, pas forcément belges. Par ailleurs, nous avons aussi beaucoup de ressortissants qui ont la double nationalité. Ainsi, nous avons ces deux profils, avec des personnes très dynamiques et une communauté belge assez jeune. Ce sont des personnes qui connaissent bien la Côte d’Ivoire et ont la volonté de contribuer positivement à son développement économique.

 

A.E : Quel est le nombre des Entreprises belges installées en Côte d’Ivoire et dans quels secteurs exercent-elles ?

Nous avons une cinquantaine de grandes Entreprises belges installées en Côte d’Ivoire. Avant de détailler les différents Secteurs d’activités, Je voudrais souligner que nous avons une Chambre de Commerce Belge et Luxembourgeoise de Côte d’Ivoire (BELUCI), qui regroupe plus de 100 Entreprises en Côte d’Ivoire et qui est maillon essentiel pour l’Ambassade et la Belgique. Pour  revenir aux autres Entreprises belges présentes en Côte d’Ivoire, j’évoquais tout à l’heure le Secteur Portuaire. Nous avons, dans ce secteur-là, de nombreuses Entreprises, dont Sea Invest, qui opère la Manutention de marchandises en vrac au PAA et au PASP et effectue aussi de la logistique, le Port d’Anvers International qui fournit de l’Assistance technique en matière portuaire et est active à San-Pedro, Katoen-Natie qui contrôle la qualité des fèves de Cacao pour export et plusieurs autres. Au niveau du Transport, nous avons la Compagnie aérienne Brussels Airlines qui fait des vols quasi-quotidiens vers Bruxelles. Elle est installée ici en Côte d’Ivoire depuis longtemps et sert de porte d’entrée vers l’Europe, puisque beaucoup de personnes voyagent par Brussels Airlines pour rallier la France, l’Espagne, l’Italie, etc. Nous avons aussi une autre société de transport dénommée NHV qui dessert les plateformes pétrolières par hélicoptère. Nous sommes présents également dans le domaine de l’Agriculture, avec trois grandes Entreprises qui sont SOCFIN (SOGB / SCC basés à Grand Béréby et Aboisso) et SIAT (CHC / CHP), toutes deux productrices d’hévéa et d’huile de palme, et SIPEF (plantations Jean Eglin) spécialisée dans la banane douce. Ce sont des Entreprises qui emploient un grand nombre de personnes. Le taux d’emploi total des Entreprises belges en Côte d’Ivoire dépasse les 30.000 et, bien évidemment, les Entreprises agricoles jouent un rôle important dans ce chiffre parce que le Secteur utilise beaucoup de main d’œuvre. Nous avons aussi des Entreprises importantes dans le Secteur de l’Eau et de l’Assainissement. Je pourrais citer BESIX (centrale de traitement d’eau de la région de la Mé, avec Veolia), qui va aussi construire la Tour F au Plateau (Abidjan-Capitale économique) ; l’Entreprise DENYS (réseau d’assainissement dans plusieurs zones d’Abidjan) ; John Cockerill (traitement d’eau) ; Sotrad Water (pompage et traitement d’eau en zone rurale, alimenté par l’énergie solaire). Dans le domaine du Cacao et du Chocolat, nous avons l’Entreprise PURATOS (sourcing, fermentation des fèves, transformation des fèves, production de chocolat) et l’Entreprise BELVAS (production du chocolat) par exemple. Dans l’Automobile, plus précisément les concessionnaires de véhicules, sont présents notamment, les Groupes BIA, DEM, SMT, et Ivoire Motors/ABC Contracting (Groupe Ogepar). Ceci est loin d’être une liste exhaustive mais plutôt une illustration de quelques-unes parmi les Entreprises belges les plus importantes en Côte d’Ivoire. C’est dire que le nombre de sociétés est très important en Côte d’Ivoire, cela s’explique par le fait que nous soyons le deuxième investisseur européen en Côte d’Ivoire.

En 2017, nous avons reçu une mission économique princière en Côte d’Ivoire, conduite par la Princesse Astrid, la sœur du Roi des belges, qui a vraiment boosté la relation économique entre la Belgique et la Côte d’Ivoire. Chaque année, à l’exception de l’année 2020, à cause de la pandémie de la COVID-19, qui a empêché les voyages entre les pays, il y a eu une mission économique qui regroupe des Entrepreneurs belges qui viennent prospecter le marché ivoirien, rencontrer et échanger sur des opportunités d’affaires avec leurs homologues, etc.

 

 

 

 

         

A.E : La crise sanitaire mondiale vécue par tous les pays a fragilisé l’économie de chaque pays. Pouvez-vous nous faire un bilan de la situation au niveau de la Belgique ?

La crise sanitaire a un impact important en Belgique et nous sommes encore dans la deuxième vague de cette crise sanitaire. On a eu une première vague entre le mois de mars et juin 2020 et une deuxième vague qui a débuté au mois d’octobre 2020. On espère avoir atteint le pic. A l’instar de plusieurs pays d’Europe, nous sommes dans une période de quasi-confinement, avec des restrictions importantes, malheureusement, aussi au niveau des voyages. Sur le plan économique, étant un pays très ouvert, nous avons été impactés par la crise sanitaire ; on estime que cette année on aura une contraction de l’économie belge d’environ 7 à 8 %, ce qui est évidemment très important. La Belgique est un pays qui n’a pas un taux de croissance comme la Côte d’Ivoire. On est fortement développé et nous connaissons normalement des taux de croissance de 1 à 2%  mais là on est dans une contraction d’environ 7 à 8%. Néanmoins, la structure de l’économie de la Belgique fait en sorte que la population a moins senti l’impact de la crise économique que d’autres pays. Le chômage temporaire, qui permet en Belgique, lorsqu’il y a des évènements imprévus, de mettre des personnes temporairement au chômage en continuant de percevoir une rémunération payée par l’État, est un élément de stabilité sociale et économique. Cela a un impact sur les ménages qui continuent à consommer, dans la mesure où la reprise, on espère pour l’année prochaine (2021) dépendra de la croissance économique des ménages. Je pense qu’il y a trois notes d’espoirs sur ce point-là. Le premier, c’est que le Gouvernement a préparé un plan de soutien pour les secteurs touchés et un plan de relance. Nous avons aussi un Plan de relance européen, qui vise justement à ce que la reprise soit effective dès l’année prochaine. Le deuxième élément, c’est qu’en Belgique, la Santé est un élément majeur ; et là, la Belgique est très bien placée sur le plan de la Recherche, mais aussi des Secteurs médicaux et pharmaceutiques. On évoque des vaccins qui sont en train d’être produits. De nombreux vaccins sont produits en Belgique. Le vaccin de Pfizer est le premier vaccin annoncé. C’est vraiment un secteur qui est absolument prioritaire en Belgique. Nous bénéficions en Belgique de soins de santé parmi les plus performants au monde. Ensuite, la troisième note d’espoir, est que la crise sanitaire nous a permis d’innover davantage. C’est le cas en Belgique, c’est le cas en Côte d’Ivoire et un peu partout. Il y a des modes de communication au sein des Entreprises et du Secteur Public qui ont évolué. Ceci a pu revigorer l’économie belge, comme ailleurs dans le monde. Nous voyons de nombreuses Entreprises qui réfléchissent à comment repenser leur modèle économique. Ces trois notes d’espoirs nous rendent confiants pour l’économie belge.

A.E : Excellence Monsieur l’Ambassadeur, quelles sont, à ce jour, les mesures mises en places par les autorités belges en vue de la réouverture des frontières aériennes de la Belgique à tous flux commerciaux, touristiques, etc ?

En ce qui concerne les flux commerciaux, les frontières sont restées ouvertes. Il n’y a pas eu de restrictions. En revanche, au niveau du Tourisme, des mesures ont été prises, pas uniquement par la Belgique mais par l’Union Européenne (UE), pour contenir la pandémie. Il est évident que plus on voyage, plus on risque de propager la pandémie, tant en Europe qu’en Afrique. C’est un risque important. Dans ce contexte-là, pour une certaine période, le Tourisme est un peu mis en berne, la reprise se fera évidemment après la pandémie. Pour l’année prochaine (2021), je souhaite que la Belgique soit un pays privilégié pour les Touristes ivoiriens, parce que la Belgique est fortement ouverte à l’Afrique. Si vous vous baladez dans certaines rues de Bruxelles, vous trouverez des Produits qu’on trouve ici en Afrique ; vous trouverez aussi des services comme les coiffeurs, etc. C’est donc un pays très accessible pour les africains avec qui nous avons aussi des relations privilégiées. Si demain, il y a une reprise du tourisme, je pense que je demanderai à tous mes amis ivoiriens, qui sont bien évidemment intéressés à aller à Paris ; et je les comprends, de combiner les deux. Entre Bruxelles et Paris, c’est 1 heure 20 minutes en TGV, alors vous pouvez faire les deux. C’est vrai qu’il faudra attendre quelques mois, mais prévoyez des vacances en Belgique et en Europe, ça en vaut la peine.

 

 

    

A.E : Excellence Monsieur l’Ambassadeur, quelle est votre analyse sur la situation qui prévaut en ce moment en Côte d’Ivoire ?

Comme nous sommes dans une situation post-électorale, je serai très précautionneux. Je pense qu’il faut laisser toutes les chances au dialogue. Je voudrais simplement dire que je salue fortement l’initiative qui a été prise le mercredi 11 novembre 2020, pour la rencontre entre le Président OUATTARA et le Président BEDIE. Nous pensons que le dialogue est une très bonne chose. Notre expérience en Belgique est que nous avons souvent eu des divergences parfois importantes, mais que ces divergences se sont réglées par le dialogue. La Belgique, mais aussi l’Union Européenne (UE), encouragent le dialogue. Nous saluons toutes les initiatives qui peuvent mener à plus de dialogue et d’échanges entre les acteurs, parce que finalement nous sommes des acteurs de la même société. Il s’agit tous d’ivoiriens ; les ivoiriens doivent travailler ensemble pour construire la Paix.

A.E : Pouvez-vous nous relater une petite anecdote qui vous a marqué depuis votre arrivée en Côte d’Ivoire?

La culture de l’accueil en Côte d’Ivoire est à saluer. Cela m’a impressionné. L’accueil est vraiment chaleureux un peu partout en Côte d’Ivoire. J’ai voyagé dans les villes de Korhogo (Nord de la Côte d’Ivoire), d’Adzopé (Sud de la Côte d’Ivoire), de San-Pedro (Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire), de Grand-Bassam (Sud-Comoé de la Côte d’Ivoire) ; j’ai découvert les splendeurs de la Côte d’Ivoire, mais aussi l’accueil et l’humanisme. L’ouverture je pense que c’est ce qui caractérise fortement l’ivoirien. J’ai découvert aussi la gastronomie ivoirienne ; comme j’y suis encore pour plusieurs années, j’espère encore découvrir et rencontrer beaucoup de personnes. En tant que diplomate, nous sommes des vecteurs de contact entre nos deux pays et ce sont ces vecteurs de contact que nous souhaitons favoriser. J’espère que nous aurons le temps de découvrir plus, à l’avenir.

 

 

A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs

Avant tout chose, je voudrais dire que les relations entre la Belgique et la Côte d’Ivoire sont très fortes et diversifiées. Elles sont altruistes ; nous pensons que ce que nous faisons ici, bénéficie, bien évidemment, à la Côte d’Ivoire et à la Belgique. Nous ne sommes pas là dans une démarche où nous souhaitons quelque chose pour la Côte d’Ivoire qui n’est pas dans l’intérêt du pays. Notre intérêt premier pour la Côte d’Ivoire est la stabilité. C’est faire en sorte que la paix y règne, que le développement économique puisse se créer et que des échanges puissent prospérer. Notre priorité, c’est cette stabilité. Lorsque je disais tout à l’heure que nous saluons le dialogue entre les Présidents (OUATTARA et BEDIE), c’est parce ce que nous pensons que cela contribue, à long terme, à la stabilité. Lorsque les gens se parlent, lorsque les gens travaillent ensemble, c’est dans l’intérêt de tout le monde. Merci également au site www.afriqueeconomie.net qui nous a donné l’opportunité de parler de cette Coopération entre nos deux pays (Belgique-Côte d’Ivoire), qui pour nous durera et s’intensifiera au fil des années.

 

 

Interview réalisée par Nadège Koffi

 

 

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