Amal El ATRACHE, Artiste peintre-Comédienne-scénariste, qui a élu depuis quelques années, domicile à Tanger (Maroc-Afrique du Nord) et Yi LING, Styliste-Designer-Artiste Peintre, en vacances dans le village de Médiouna (Nord du Maroc, situé entre la forêt et l’océan Atlantique) se sont retrouvées prisonnières, confinées ensemble depuis plus de 7 mois.
En effet, Sept mois, durant lesquels les deux femmes ont chacune vaqué à leurs occupations, entre castings digitaux au Maroc et gestion de magasins en Chine.
Par ailleurs, nos deux créatrices ont pu faire de cette vie à deux, une session d’apprentissage sur l’autre, mais aussi de création. Un voyage, initialement d’une quinzaine de jours, qui se transforme en un séjour de plus de sept mois et qui a donné naissance à une exposition inédite, mais aussi à un partage de vie tout simplement.
« Enfermer un (e) artiste, c’est l’étouffer, le jeter dans un gouffre noir et le priver de la lumière, sa lumière, mais c’est également le pousser à puiser dans cet imaginaire qu’il (elle) ne laissait pas parler auparavant ». C’est ce qu’Amal et Yi ont décidé de faire, au lieu de terrer leur créativité et lui faire subir le poids de l’isolement. De ce confinement sont nées des œuvres qui racontent plusieurs histoires, plusieurs vies, des moments de grande solitude, mais aussi d’escapade dans les remparts de Tanger, à El Jadida, Azemmour, etc.
Deux tempéraments différents, deux modes de vie différents. Yi LING, qui a évolué, depuis son enfance, dans un univers dessiné par l’encre de Chine, une pratique qu’elle tient de son grand-père, légendaire calligraphe chinois, a su s’inspirer de ce firmament de nuances et l’utiliser dans ses designs et collections de mode. Diplômée de l’université de New York, elle a été récompensée comme l’une des dix meilleures créatrices originales de Chine en 2017. Elle participe à la conception de costumes pour les théâtres de Paris, de Hong Kong et de Sydney depuis de nombreuses années, ainsi qu’à la conception de vêtements pour plusieurs films chinois sous sa propre marque. Son obsession d’enfance pour l’écriture et la peinture au pinceau chinoises, et le fait qu’elle soit issue d’une famille de culture traditionnelle chinoise, ont déclenché sa capacité à décrire la vie en quelques traits. Elle peut saisir des moments, des instants, de différents pays, dans différents temps et espaces, avec le regard d’un passant.
Quant à Amal, c’est l’aquarelle qui habite son cœur et sa pensée. Celles et ceux qui la connaissent, l’ont rarement vue sans son carnet de dessin et sa minuscule boîte de couleurs. Ce geste qu’elle a, spontané de vouloir tout dessiner, retranscrire à sa manière, sur ce papier précieux qui ne la quitte jamais. Il ne s’agit pas d’une reconversion pour l’Artiste iconique, Amal El ATRACHE, mais d’un retour aux sources. La Comédienne, propulsée star nationale grâce à son rôle de bonne à tout faire, espiègle et farfelue, dans le sitcom Lalla Fatema, a toujours eu un penchant pour l’Art contemporain. Dessins, Peintures, Photographie, Expression corporelle, rien n’échappe à son appétit et son désir débordant de créer. C’est en mariée exubérante et fantasque, peinture blanche sur le visage, boa en plastique en guise de traîne, qu’elle va déambuler dans les rues de Tanger, un certain 17 septembre 2016 après une performance de 8 heures, aux allures tragi-comiques, dans le Palais de la Mandoubia de la ville du détroit. Entretemps, elle expose ses photos dans plusieurs évènements underground de la capitale économique, s’en va en résidence de peinture à Asilah en avril 2020, affine sa technique, déballe ses vieux cartons pour retrouver ses premiers dessins, etc. Ses œuvres adoubées, depuis longtemps, par les critiques tout autant que par, la très sélective corporation des Artistes contemporains, ont rarement été vues par le grand public.
Notons qu’en raison de la pandémie, notre chinoise Yi-LING a été bloquée à Tanger, où elle a rencontré Amal El ATRACHE, avec laquelle elle a passé du temps, partagé des histoires et découvert de nouveaux aspects, cultures et routines quotidiennes de la vie. C’est une histoire qui défie les frontières du temps, de la terre, du langage et de la culture notamment, l’Art et la Création.
Nadège Koffi