La Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) a proposé ce jeudi 11 juin 2020 au siège de la Maison de l’Entreprise au Plateau (Abidjan-Côte d’Ivoire), un Plan de relance de l’activité économique, face à cette crise sanitaire mondiale.
Au cours d’une cérémonie de restitution des enquêtes d’impact de la maladie à coronavirus sur les Entreprises ivoiriennes et en particulier celles membres de la CGECI, avec la collaboration de l’Institut National de la Statistique (INS), qui a vu la présence du Président de la CGECI, Jean-Marie ACKAH et du Directeur Général de l’INS, Gabriel N’Guessan DOFFOU.
Au nom de la CGECI, le Directeur Exécutif de la CGECI, Stéphane Aka-ANGHUI, a expliqué le motif qui a emmené le Patronat ivoirien a élaboré une enquête réalisée du 12 au 29 mai 2020 sur 125 Entreprises de différents Secteurs d’activité et de 23 Groupements ou associations professionnelles couvrant tous les secteurs de l’économie ivoirienne. « Le Président Jean-Marie ACKAH a estimé qu’après 45 jours de démarrage de la crise, il était aussi et nécessaire d’évaluer l’impact de la COVID-19 sur les Entreprises. Nous en tant qu’Organisation Patronale puissions informer nos membres et l’ensemble des ivoiriens, des données des statistiques, des productions scientifiques, pour leur permettre de mieux apprécier la situation et de prendre des décisions à juste titre », a déclaré le Directeur Exécutif de la CGECI, Stéphane Aka-ANGHUI.
Dans une présentation des résultats de l’enquête, Mme Désiré AMON, Responsable Études et Statistique de la CGECI, a révélé notamment, le profil des Entreprises enquêtées, l’impact de la COVID-19 sur les activités des Entreprises, l’impact de la COVID-19 sur les emplois et l’évaluation des besoins financiers pour le maintien des activités des Entreprises.
En effet, en ce qui concerne le profil des Entreprises enquêtées, ce sont 125 Entreprises qui ont répondu au questionnaire, dont 67% du secteur des Services, 17% du secteur des Industries, 10% du secteur du Commerce et 06% de l’Agriculture. Ces Entreprises font partie des 23 Groupements ou associations professionnelles couvrant tous les secteurs de l’économie ivoirienne. Parlant de la taille de ces Entreprises, il est question de 45% des Grandes Entreprises, 51% des Petites et Moyennes Entreprises (PME) dont 30% des Petites Entreprises (PE) et 21% des Moyennes Entreprises (ME). L’on constate que 79% des Entreprises participantes à l’enquête emploient au plus 200 personnes.
Pour ce qui est de l’impact de la COVID-19 sur les emplois, 98% des Entreprises interrogées affirment que la pandémie de la COVID-19, a eu un impact négatif sur leurs activités entre autres, la baisse des ventes, la baisse de trésorerie, la baisse de la fréquentation de la clientèle locale, les déplacements suspendus, l’annulation de la commande, le report d’investissements, la rupture d’approvisionnements, etc. Tous ces éléments ont entrainé une baisse du Chiffre d’Affaire (CA) de 25 et 50% pour près d’un tiers (33%) des Entreprises. « Plus de la moitié des Entreprises révèlent qu’elles ne survivraient pas au-delà de trois mois si la crise sanitaire mondiale perduraient », révèle le rapport. Ajoutant que 10 des Entreprises affirment que la crise a déjà entraîné la fermeture de leurs Entreprises. Faisant un Plan prévisionnel des ventes à l’exportation, ce sont 70% des Entreprises ayant des activités à l’export, qui envisagent une reprise des activités au 2ème semestre 2020.
Au niveau de l’évaluation des besoins financiers pour le maintien des activités des Entreprises, 66% des Entreprises enquêtées ont eu recours au dispositif de soutien mis en place par le Gouvernement de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ; 93% des Entreprises ayant répondu au questionnaire, estiment avoir des besoins de financement pour le maintien de leurs activités. « Pour les PME, 44% des Entreprises interrogées ont un besoin de financement compris entre 20 et 100 millions de FCFA. Pour les Grandes Entreprises, près d’un tiers, sollicitent plus d’un milliards de FCFA pour relancer leurs activités », dévoilent l’étude. La quasi-totalité des Entreprises enquêtées envisagent de solliciter les Fonds de soutien mis en place par le Gouvernement ivoirien.
Présentant le rapport de l’INS, M. Franck Hervé AKAFFOU, Sous-Directeur du Répertoire et des Enquêtes de l’INS, a quant à lui donné le contexte et la justification de l’enquête menée sous l’impulsion du Gouvernement ivoirien, d’initier en mars 2020 des études en vue de mesurer l’impact de la crise sanitaire mondiale de la COVID-19 sur l’économie nationale. C’est donc du 10 au 17 avril 2020, que l’INS a développé les outils nécessaires pour conduire une évaluation, par appel téléphonique à partir de bases de données existantes, sur 806 chefs de ménages, 468 chefs d’unités informelles et 304 entreprises formelles.
Par ailleurs, les principaux objectifs étaient entre autres, d’évaluer l’impact de la COVID-19 sur les conditions de vie des ménages et la pauvreté ; de cerner l’impact de la COVID-19 sur les Entreprises du secteur moderne formel et les unités de production du secteur informel et de répertorier les propositions et les suggestions de mesures pour une relance des activités.
Pour ce qui est de l’impact sur les conditions de vie des ménages, la majorité des ménages pensent que la crise pourrait impacter leur capacité à faire face aux charges et engagements domestiques ; 87,53% ne pourront faire face à au moins un de ces engagements ; 62,8% estiment ne pas pouvoir régler leurs prochaines factures d’eau et d’électricité, etc.
Quant à l’impact sur le Secteur informel, la quasi-totalité (94%) des Chefs d’Unité de Production informelle déclare être affectée par la crise sanitaire mondiale de la COVID-19 ; la crise est perceptible à travers entre autres, la baisse de la fréquentation de la clientèle (50%), la baisse ou l’annulation des commandes (44%) ; les rémunérations versées en mars 2020 sont de 62% inférieures à celles de février 2020. « Une Baisse justifiée en partie par les pertes d’emploi », explique l’étude.
Concernant l’impact sur le Secteur Formel, l’on note une baisse de l’activité économique annuelle de 26,2% par rapport à 2019 ; la destruction temporaire d’environ 23 mille emplois au cours du mois d’avril et une projection de 131 mille pertes d’emplois à fin décembre 2020, si la crise prolongeait, mais aussi que les PME sont beaucoup plus affectées par les effets pervers de la pandémie que les Grandes Entreprises du Secteur moderne. Les mesures d’accompagnement des Entreprises présentées dans le plan de riposte du Gouvernement agissent positivement sur le chiffre d’affaires et les charges selon les dires des Chefs d’Entreprises.
Comme recommandations faites par l’étude menée par l’INS, au niveau du Secteur Formel, il faut entre autres, rendre rapidement opérationnel les mesures de soutien aux Entreprises ; annuler la fiscalité et la parafiscalité des Entreprises sur toute la période de la crise ; approvisionner sans délai la Régie d’avance du remboursement des crédits de TVA ; réduire les tarifs d’importation des biens et services pendant la période post crise, etc.
Pour le Secteur Informel, rendre opérationnel le Fonds de soutien à ce Secteur; rendre opérationnel la mesure de soutien au Secteur vivrier, maraîcher et fruitier ; mettre en place une cellule de relance des activités du secteur informel chargée d’identifier et de soutenir les opérateurs du secteur informel en difficulté.
Au niveau des ménages, les chefs de ménage sollicitent notamment, des transferts monétaires (33%), des dons de vivres (29%) et une distribution gratuite de kits de protection (22%).
S’exprimant pour clôturer la cérémonie de restitution des enquêtes d’impact de la maladie à coronavirus sur les Entreprises ivoiriennes et en particulier celles membres de la CGECI, le Directeur Exécutif, Stéphane Aka-ANGHUI, a indiqué que les résultats de la CGECI et de l’INS vont dans le même sens. « Ce sont 131.000 pertes d’emplois qu’il y a eu depuis la crise sanitaire mondiale, au niveau des Entreprises ivoiriennes », a dévoilé M. Aka-ANGHUI. Recommandant notamment, une opérationnalisation des Fonds ; la baisse de la fiscalité, le crédit de TVA et la distribution des masques.
Notons qu’une signature de Partenariat entre la CGECI et l’INS va être signée afin que cela réponde aux besoins des Membres de la CGECI, souligne-t-on.
Nadège Koffi