Pierre MEL, natif de la Côte d’Ivoire (Afrique de l’Ouest), cet homme qui a pratiquement fait tout son parcours en France, plus particulièrement à Toulouse, puisqu’arrivé en France en 1984, où il a terminé ses études universitaires et exercé plusieurs fonctions à responsabilité au sein de cette localité de la France. Ayant une vision très poussée du développement de son pays, mais aussi du continent africain, M. MEL, a voulu concrétiser son désir, par l’initiative d’un Forum, dénommé Akomca. Ce Forum qui a été lancé à Toulouse en septembre 2016, se veut un évènement qui permet de rassembler en un même lieu, les acteurs de la Coopération Internationale (Entreprises, Collectivités, Institutions, ONG), de créer les conditions pour favoriser les échanges, trouver les meilleurs solutions à des problématiques, mettre en place des dispositifs appropriés à chaque Projet présenté par les participants venus des deux continents (Afrique et Europe), et assurer enfin le meilleur accompagnement pour chaque Projet jusqu’à sa réalisation.
La 3ème édition de ce Forum tenu du 17 au 19 avril 2019 à l’Hôtel de région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée (France), avec plus de 200 participants venus des deux continents, a été toute particulière, car le Forum Akomca, qui dans les deux premières éditions étaient plus axées avec la Côte d’Ivoire, a vu s’ajouter les pays du Mali, du Burkina Faso et du Maroc, pour une coopération Sud-Sud qui prend désormais toute sa dimension dans la Coopération Internationale.
Dans l’espoir d’avoir le soutien des Gouvernants africains, dans ce gigantesque et noble Projet qui ne bénéficie d’aucune aide ou subvention et est financé en fonds propres, permettra au continent africain, une coopération franco-africaine pour surtout le développement de son continent qui lui est chère, Pierre MEL, a voulu dans cette interview accordée au site www.afriqueeconomie.net , appeler les Gouvernants africains à un appui, mais surtout décrié les obstacles rencontrés lors de la 3ème édition du Forum, tenu en France, quant à la facilitation au niveau administratif des participants venus des pays du continent africain.
A.E : Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Pierre MEL, initiateur et organisateur du Forum Akomca, dédié à la Coopération franco-africaine à Toulouse. Je suis accompagné dans cette initiative par l’Agence Akomca, qui est une Agence conseil en Coopération Internationale et Développement Économique. Diplômé en Communication Publique, en Communication Audiovisuelle et en Sciences Économiques, j’ai exercé pendant près de 25 ans comme Chargé de Communication au Cabinet du Président du Conseil Départemental de la Haute-Garonne à Toulouse. Actuellement Chargé de Communication au Conseil départemental de la Haute-Garonne, au sein de la Direction Générale des Solidarités, une Direction de près de 2000 agents. Je suis par ailleurs Président de l’Association Mosaïque, association à but humanitaire basée à Toulouse, qui mène des actions de solidarités internationales, notamment en Côte d’Ivoire, au profit de l’enfance défavorisée, dans le domaine de l’Éducation, la Santé et l’Environnement. Je suis aussi à l’initiative des rapprochements et accords signés pour le compte des collectivités ivoiriennes avec des collectivités partenaires français. Le Forum Akomca est le prolongement de ces rapprochements et partenariats entre la France et la Côte d’Ivoire.
A.E : Initiateur du Forum Acomka, qu’est ce qui a motivé l’organisation de ce Forum ?
Ce Forum est la conséquence et la suite logique de mon expérience autant personnelle que professionnelle. Après avoir milité pendant plusieurs années dans le domaine de la Solidarité Internationale, à travers l’Association Mosaïque que je préside, j’ai fait le constat que les actions ne pouvaient être efficaces que si elles bénéficiaient d’un accompagnement et si elles permettaient d’y associer plusieurs partenaires au Projet. Mais le plus important, c’était de construire ces projets avec les principaux bénéficiaires, qu’ils soient d’Afrique et d’Europe. Ensuite, il était aussi important de veiller à assurer la pérennité de ces Projets ou actions, qu’ils soient à vocation humanitaires ou Projets de développement. La rencontre avec Marc TOGOULIGA, Directeur Général de l’Agence Akomca (et aussi d’origine ivoirienne), a permis de transformer ce Projet en action concrète d’où est née l’idée du Forum Akomca. Le Forum Akomca, c’est un évènement qui permet de rassembler en un même lieu, les acteurs de la coopération internationale (Entreprises, Collectivités, Institutions, ONG), créer les conditions pour favoriser les échanges, trouver les meilleurs solutions à chaque problématique et surtout mettre en place les dispositifs appropriés à chaque Projet présenté par les participants, et assurer enfin le meilleur accompagnement pour chaque projet jusqu’à sa réalisation. Ce qui est la plus-value apportée par l’Agence Akomca. Le Forum Akomca a su introduire la dimension économique dans la Coopération décentralisée, en permettant aux Entreprises et acteurs économiques de s’associer à certains Projets de développement, y compris ceux présentés par des collectivités. Le format du Forum Akomca a ainsi évolué au fil des éditions et nous avons aujourd’hui une équipe d’Experts et de Consultants au sein de l’Agence Akomca, pour mieux accompagner les Projets issus de cette manifestation. Enfin il nous fallait, pour apporter du crédit à ce Forum, le soutien des autorités africaines et françaises, des principales institutions. Ainsi, l’Assemblée des Régions et Districts de Côte d’Ivoire, le Ministère français des Affaires Étrangères, les principaux organismes représentatifs du Secteur économique en France et en Côte d’Ivoire, nous ont apporté dès le départ leurs soutiens.
A.E : Pouvons-nous savoir ce que signifie AKomca?
Akomca signifie dans la langue « DIDA » en Côte d’Ivoire : « Vous pouvez compter sur nous ». Ce mot transporte aussi l’une des valeurs qui contribuent à fixer les bases d’une bonne coopération : La Confiance. Vous pouvez compter sur le Forum Akomca pour garantir et préserver cette valeur de confiance autour de laquelle, les relations durables entre tous les partenariats pourront se construire.
A.E : 3ème édition de ce Forum organisé à Toulouse, pourquoi ne pas penser à le délocaliser sur le continent africain, vu que l’objectif est une coopération des deux continents ?
Vous avez parfaitement raison et c’est aussi notre prochain objectif qui rejoint le souhait des participants africains. Nous avions au départ souhaité organiser cet évènement dans la Région Occitanie à Toulouse, qui regroupe toutes les compétences et le potentiel économique pour satisfaire aux besoins de partenariat des participants africains. De plus, nous avons ouvert cette année ce Forum à d’autres pays africains en dehors de la Côte d’Ivoire (le Maroc, le Mali et le Burkina Faso), et sommes heureux de constater que la coopération Sud-Sud prend désormais toute sa dimension dans la Coopération internationale. La prochaine édition du Forum Akomca se déroulera à n’en plus douter en Afrique. Le choix du pays d’accueil n’est pas encore défini et nous attendons de faire le bilan de l’édition 2019 pour envisager la prochaine édition, ainsi que son format.
A.E : Pouvez-vous nous faire un bilan de cette 3ème édition ?
En attendant un bilan détaillé du Forum que nous mettrons en ligne sur le site web de l’Agence Akomca, nous pouvons d’ores et déjà noter la satisfaction de la grande majorité des participants à cette édition. Il ressort de manière unanime, la qualité des intervenants du Forum (une quarantaine cette année, dont certains qui arrivaient de Belgique ou du Canada), une qualité des échanges dans les tables rondes et ateliers, la qualité de l’accueil par toute notre équipe d’organisation à qui je tiens à rendre un hommage appuyé, parce que cette édition a été particulièrement difficile à organiser. Des projets sont formulés à l’issu de ce Forum et nous sommes en train, avec toute mon équipe, de travailler pour accompagner les porteurs de Projets à les réaliser avec les Partenaires identifiés sur cette manifestation. Cela va se traduire par des missions économiques à organiser dans les prochains mois, pour certaines Entreprises en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire. Le seul point négatif de cette édition est l’absence de près de la moitié des participants ivoiriens inscrits (20 au total) et qui n’ont pas pu venir à Toulouse, parce qu’ils ont vu leur demande de visas refusée par le Consulat de France à Abidjan. Vous imaginez les conséquences en termes d’organisation et pour l’organisateur que je suis, le préjudice financier et moral d’une telle situation ? J’espère avoir quelques explications sur ce refus massif de visas, même si je respecte le pouvoir discrétionnaire de cet organisme consulaire. Ce Forum n’est pas à sa première édition et est soutenu par les autorités françaises et africaines invitées. De plus, aucun de nos participants africains ne s’est transformé en candidat à l’immigration depuis la première édition ! Ça se saurait. Enfin, je tiens à préciser que cette manifestation ne bénéficie d’aucune aide ou subvention et est financée en fonds propres. Mais malgré tout, nous continuerons à œuvrer pour une autre vision de la coopération franco-africaine, qui prend en compte les aspirations des principaux bénéficiaires et dans un échange empreint d’équité, de respect mutuel et de croissance partagée.
A.E : Quels sont les pays venus de l’Afrique qui ont participé ou généralement qui y participent ?
La Côte d’Ivoire a été le 1er pays à participer au Forum Akomca. Ceci s’explique d’une part par notre proximité avec ce pays et d’autre part pour le rôle important que joue la Côte d’Ivoire au sein de l’Afrique Occidentale. Aujourd’hui, la Coopération prend une autre dimension et il était nécessaire pour nous d’y associer d’autres pays africains. Le choix du Maroc, du Mali et du Burkina Faso réside dans le fait d’avoir un réseau sur place qui nous permette de mieux accompagner les partenariats issus du Forum. Mais nous n’excluons pas les autres pays africains qui veulent nous rejoindre dans cette vision de la Coopération avec la France et même les autres pays européens.
A.E : Avez-vous des Partenaires qui vous aident dans l’organisation de cet événement ? Si oui, pouvez-vous nous les citer ?
Nous avons des Partenaires Institutionnels, autant en Afrique et principalement en Côte d’Ivoire, qui soutiennent ce Forum depuis sa première édition, notamment, l’Assemblée des Régions et Districts de Côte d’Ivoire, la Fédération des PME et PMI de Côte d’Ivoire, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI). En France, le Ministère des Affaires Étrangères a apporté son parrainage au Forum et au niveau local, la région Occitanie, qui a mobilisé son Agence de Développement Économique, ainsi que la mairie de Toulouse et Toulouse Métropole. Cette année, nous avons accueilli des Entreprises privées comme Air France (transporteur officiel du Forum), le Port de Sète qui a animé une table ronde sur l’économie portuaire et qui va prolonger un partenariat avec l’Association des Ports d’Afrique de l’Ouest et de Centre. A noter aussi la société ENVIRONIUM ou encore AQUA VALLEY, le Pôle de Compétitivité Eau de la région Occitanie, qui rassemble près de 250 entreprises et organismes du secteur de l’eau.
A.E : Quels sont les difficultés rencontrées à chaque organisation de cet événement ?
L’une des premières difficultés est d’abord de recenser les thématiques à aborder, qui sont celles qui peuvent intéresser les participants, qu’ils soient africains ou français. Ensuite, trouver les bons intervenants qui vont délivrer les bons messages qui amènent à une réflexion en vue de faire évoluer des pratiques, quelques soient les secteurs d’activités concernés. Enfin, il faut convaincre les participants de chacun des territoires de venir y participer, tout en mettant en place les meilleures conditions d’accueil et de mise en relation des uns avec les autres. Pour terminer, organiser un tel évènement a un coût que nos seuls Fonds propres ne peuvent plus couvrir. J’en profite donc pour lancer un appel aux Sponsors, Organismes d’État, bref, tous ceux qui souhaitent aider et encourager ce type d’initiative. Nous avons fait nos preuves et espérons maintenant un peu plus de soutien de la part des autorités africaines. Nous travaillons aussi au développement de nos régions en Afrique par ce genre d’initiatives.
A.E : Avez-vous le soutien des Gouvernements africains, car votre combat est plutôt la coopération économique des opérateurs économiques africains avec ceux de la France, plus particulièrement de la région de Toulouse ?
C’est ce que je déplore malheureusement parce que ce soutien est actuellement très timide et consiste en des lettres de soutien sans preuve concrète comme par exemple, une présence effective à cette manifestation.
A.E : Quels sont vos Projets à court et moyen termes ?
D’abord accompagner en collaboration avec les Experts consultants de mon équipe, les Projets issus de ce Forum de tous les participants qui le souhaitent, qu’ils soient Entreprises, Collectivité ou ONG. Des missions sont prévues bientôt en Afrique pour le compte de ces porteurs de Projets. Nous avons aussi été sollicités par l’AGYP, un organe du MEDEF, pour les accompagner dans l’organisation de leur Forum annuel dédié à la Jeunesse et l’Entrepreneuriat Afrique-France. Je reviendrai vers vous pour vous en dire plus sur ce Projet.
A.E : Votre mot de fin
Remercier tous les participants, français et africains, les intervenants dont certains sont venus du Canada et de la Belgique, les soutiens autant Institutionnels que Privés, et enfin l’équipe d’organisation qui a bravé avec courage le défis de livrer un évènement dans le temps, malgré toutes les difficultés que nous avons rencontrées. Un grand merci aussi à vous de la presse, qui pouvez faire échos de notre initiative pour inciter à donner un autre visage à la coopération internationale entre la France et l’Afrique.
Interview réalisée par Nadège Koffi