SEM Francesca DI MAURO, nouvel Ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire : « On peut s’accorder sur le fait que les relations UE-Côte d’Ivoire sont excellentes. Elle est passée d’une relation de Coopération au développement à un véritable Partenariat »

SEM Francesca DI MAURO, nouvel Ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire : « On peut s’accorder sur le fait que les relations UE-Côte d’Ivoire sont excellentes. Elle est passée d’une relation de Coopération au développement à un véritable Partenariat »

Ayant présenté ses lettres de créances au Chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, SE Mme Francesca DI MAURO, nouvel Ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Côte d’Ivoire entend réorienter le Partenariat entre son Institution et la Côte d’Ivoire, qui était basé sur une relation de Coopération au Développement à un véritable partenariat. Selon la nouvelle Diplomate pour le compte de l’UE, les relations UE-Côte d’Ivoire sont excellentes ; l’Union européenne est en Côte d’Ivoire depuis 1961 et la relation a évolué.

Pour mieux savoir les Investissements de l’UE à la Côte d’Ivoire, notre site www.afriqueeconomie.net est allé à la rencontre de la nouvelle Représentante de l’Union Européenne. SE Mme DI MAURO, nous révèle que l’UE est le 1er Partenaire commercial de la Côte d’Ivoire ; elle pèse pour plus de 60% des Investissements Directs Etrangers en Côte d’Ivoire, soit 5,5 milliards d’euros et est également le 1er bailleur de Fonds en dons avec 26% de l’aide octroyée à la Côte d’Ivoire, sans compter les appuis apportés par les Etats membres. Dans son mandat qui débute au moment de la mise en œuvre du nouveau Programme indicatif pluriannuel 2021-2027, et surtout la première phase 2021-2024, SE Mme DI MAURO, avec sa feuille de route entend axer sur trois domaines, notamment le Développement du capital humain ; la Durabilité et la Paix et la Stabilité.

A.E :  Madame l’Ambassadrice, présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Francesca DI MAURO, nouvelle Ambassadrice de l’Union européenne (UE), fraîchement arrivée en Côte d’Ivoire. Je suis européenne, de nationalité italienne, mais aussi un peu africaine puisque je suis née au Cameroun et ai passé une partie de mon enfance en Côte d’Ivoire. Je suis Economiste de formation, et sur les 21 ans que j’ai passé à travailler à l’UE, 16 ont été consacrées à l’Afrique (Australe, Centrale, Afrique de l’Ouest). J’ai vécu en Zambie puis au Mozambique, et, avant de venir en Côte d’Ivoire, je dirigeais l’Unité en charge de l’Afrique de l’Ouest.  Donc, je connais un peu la Côte d’Ivoire de loin, maintenant je vais la connaître de près !

A.E :  Pouvez-vous nous dire si la Côte d’Ivoire est un nouveau pays pour vous ? Si oui, quelles sont vos premières impressions ?

Cela fait encore peu de temps que je suis en Côte d’Ivoire ; j’ai seulement vu Abidjan qui est une ville très dynamique, très moderne ; un peu d’embouteillages, mais « ça bouge » ! Cependant, il est notoire qu’il existe une disparité entre Abidjan et le reste du pays, en termes d’accès au service et de développement. Ce n’est pas moi qui le dis, mais on le voit dans les indicateurs socio-économiques. La Côte d’Ivoire est un pays à revenu intermédiaire, mais en termes d’indicateurs sociaux, elle se rapproche parfois des pays à revenu plus bas. Le Plan National de Développement (PND) du Gouvernement ivoirien cherche à répondre à ces disparités et l’Union Européenne va accompagner la Côte d’Ivoire sur cette voie, comme elle l’a toujours fait.

A.E : Comment se porte le Partenariat entre l’Union européenne et la Côte d’Ivoire à ce jour ?

On peut s’accorder sur le fait que les relations UE-Côte d’Ivoire sont excellentes. L’Union européenne est en Côte d’Ivoire depuis 1961, cela fait très longtemps, mais la relation a évolué. Elle est passée d’une relation de Coopération au développement à un véritable Partenariat. Je ne dirai pas que les deux sont égaux puisque le niveau de développement n’est pas le même ; mais c’est une relation sûrement plus mûre et moins asymétrique. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il faut que nous nous focalisions sur les intérêts communs qu’on peut avoir, à savoir le Développement inclusif, mais aussi la Lutte contre le Changement Climatique qui affecte tout le monde, tant en Europe, aux Etats-Unis qu’en Afrique. Nous avons en commun des intérêts en termes d’Investissements, des Relations Commerciales via un accord de partenariat économique, et un accord de pêche. Ce qui nous intéresse, nous l’UE, c’est que ces investissements créent de l’emploi décent et qu’ils respectent évidemment les standards environnementaux, sociaux et économiques les plus élevés. L’UE est de loin le 1er partenaire commercial de la Côte d’Ivoire. Plus de 40% des exportations de la Côte d’Ivoire sont achetées par l’Union européenne, qui de son côté fournit 1/3 des produits importés par le pays. En termes d’Investissements, l’Union européenne pèse pour plus de 60% des Investissements Directs Etrangers en Côte d’Ivoire, soit 5,5 milliards d’euros. Nous sommes également le 1er bailleur de Fonds en dons avec 26% de l’aide octroyée à la Côte d’Ivoire, sans compter les appuis apportés par les Etats membres. L’UE et la Côte d’Ivoire sont aussi des partenaires politiques, qui partagent les mêmes valeurs. On l’a vu dans le cas de la guerre d’agression de la Russie en Ukraine, mais c’est quelque chose qui est visible plus largement quand il s’agit de multilatéralisme et d’attachement à l’Etat de droit. 

A.E : Quels sont les premiers chantiers à réaliser sur votre feuille de route?

Mon mandat débute au moment de la mise en œuvre du nouveau Programme indicatif pluriannuel 2021-2027, et surtout la première phase 2021-2024. Ce Programme est un cadre financier, mais c’est aussi un cadre de dialogue pour parler de réformes et accompagner leur mise en œuvre. Nos priorités portent sur trois grands domaines. Le premier domaine sera sur le développement du capital humain, par exemple par la formation professionnelle pour donner aux jeunes une perspective de trouver des emplois qui soient en ligne avec les compétences que le Secteur Privé recherche. Cela inclut aussi la protection sociale, domaine dans lequel le Gouvernement ivoirien fait déjà beaucoup, parfois avec le soutien de l’UE, comme pour l’aide apportée à certains ménages pendant la crise de la COVID-19, mais aussi pour atténuer l’impact de la guerre en Ukraine. Le deuxième grand domaine prioritaire concerne la durabilité, que cela soit dans le secteur agricole, en particulier le Cacao, ou de l’Energie (transition bas-carbone, énergies renouvelables). L’UE veut appuyer une transition énergétique qui soit favorable aussi au développement, parce ce qu’il n’y a pas d’industrialisation ni de transformation sans énergie. Et le troisième domaine, c’est la paix et la stabilité. Je pense que l’actualité nous montre, avec tout ce qui se passe dans le Sahel, que la menace se déplace vers les pays côtiers comme la Côte d’Ivoire. L’expérience montre qu’une action seulement sécuritaire n’est pas suffisante. Il faut une approche beaucoup plus intégrée qui combine à la fois appui socio-économique, appui aux jeunes, appui à la résolution des conflits communautaires et en même temps appui sécuritaire. Ce sont les trois grands axes de ma feuille de route. Je vais commencer à rencontrer les acteurs du Gouvernement ivoirien et de la société civile car je pense que c’est important de dialoguer avec tous les cercles qui forment la société.  

A.E : Pouvez-vous nous en dire plus sur les actions de l’Union Européenne en CI dans le secteur de la Culture ?

Il faut savoir que la culture a une dimension très importante de deux points de vue. Un premier point de vue, c’est évidemment un champ d’expression et de dialogue entre personnes et entre communautés ; c’est un cadre pour parler de choses qu’on ne peut exprimer par d’autres moyens. Mais, c’est aussi un secteur économique, une industrie porteuse d’emplois. C’est pour ces deux raisons que mon prédécesseur a fortement impliqué la délégation dans le dialogue avec le secteur de la Culture. En dehors des grandes opérations comme l’UE Magic Tour ou le FEMUA, ce sont des Projets régionaux (Art in West Africa) qui permettent des interventions que ce soit dans les Arts de la scène, les Arts de l’oralité, la Musique ou les Arts Plastiques, etc. Par exemple, récemment a eu lieu l’ouverture d’un nouvel espace d’art, « Something », lancé par Anna-Alix KOFFI, qui présente dans un quartier populaire (Blockhaus-Cocody), une nouvelle forme d’art qui est la vidéo. Nous avons aussi cofinancé par exemple des séries télés ou des films, dont certains ont reçu des Prix. C’est un secteur dans lequel nous allons continuer à travailler. Des Projets sont toujours en cours d’exécution et d’autres en cours de développement. La culture a donc une dimension importante dans notre partenariat avec la Côte d’Ivoire, en lien avec les Instituts culturels de nos Etats membres.

A.E : Quel est votre point de vue sur l’Entrepreneuriat féminin en Afrique et spécifiquement en Côte d’Ivoire ?

C’est clair qu’il y a beaucoup d’Organisations qui se penchent sur l’Entrepreneuriat féminin, et les études ont aussi montré que dans les faits les femmes sont entrepreneures. Elles gèrent les Fonds de façon efficace et elles réinvestissent aussi dans les sociétés. Les financements sont donnés à des femmes parce ce qu’il y a la conviction que cela va être bien géré, et que de l’emploi sera créé. Donc l’Entrepreneuriat féminin, c’est quelque chose qui rentre aussi dans l’objectif commun : autonomiser les femmes et les filles dans plusieurs secteurs. Cela peut être dans le secteur du Numérique, de la Mode, mais même dans des Métiers traditionnellement masculins, comme les Transports. Nous avons une série de Programmes pour les accompagner. Je sais également que la Fondation Tony Elumelu opère dans toute l’Afrique en accompagnant l’Entrepreneuriat féminin avec des dons allant jusqu’à 5000 dollars. Cela n’est pas énorme mais constitue un bon apport pour démarrer dans l’Entrepreneuriat. Par différents canaux, et notamment via la Banque Européenne d’Investissement, l’UE favorise l’accès au crédit pour les Entrepreneurs, notamment les PME et les Startups. Il y en a ici en Côte d’Ivoire ; je ne les ai pas encore visitées, mais j’espère le faire bientôt !

A.E : Une petite anecdote d’un souvenir dans un pays africain que vous avez visité.  

Un souvenir qui remonte à mon enfance, alors que je vivais à Abidjan, où mon père travaillait. J’ai appris à patiner sur glace à l’Hôtel Ivoire, dans la fameuse patinoire qui existait à l’époque – c’était dans les années 80 ! C’est très surprenant de dire qu’on a appris à patiner sur glace dans un pays africain où il fait très chaud, et cela fait partie des très beaux souvenirs que je garde de cette période.

A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs

Je suis très contente de m’installer en Côte d’Ivoire afin de pouvoir travailler avec les ivoiriens. Leur sens de l’accueil et leur l’ouverture d’esprit sont les premières choses qui marquent quand on arrive. Je vois aussi que les réseaux sociaux sont très actifs en Côte d’Ivoire, mais j’aimerais vraiment avoir de vrais dialogues avec des personnes de différents secteurs, les Jeunes, les Universitaires ou des Associations de Femmes et pas seulement à Abidjan. Il faut parcourir le reste du pays pour connaître les réalités de la Côte d’Ivoire.

                                                         Interview réalisée par Nadège Koffi

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