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SEM Deniz ERDOĞAN BARIM, Ambassadeur Extraordinaire Plénipotentiaire de la République de la Türkiye en Côte d’Ivoire : « La Côte d’Ivoire et la Türkiye ont beaucoup à offrir ; en ce qui nous concerne, nous nous donnons pour devoir de faciliter cela »

SEM Deniz ERDOĞAN BARIM, Ambassadeur Extraordinaire Plénipotentiaire de la République de la Türkiye en Côte d’Ivoire : « La Côte d’Ivoire et la Türkiye ont beaucoup à offrir ; en ce qui nous concerne, nous nous donnons pour devoir de faciliter cela »

Avec une population estimée à plus de 84 millions d’habitants et située entre l’Europe de l’Est et l’Asie mineure, la Türkiye est depuis plusieurs années engagée avec l’Etat de Côte d’Ivoire par une coopération des plus solide et ambitieuse à intensifier cette coopération. Dans cet objectif, le pays mène des actions afin de marquer sa présence en Côte d’Ivoire. Depuis le 02 mars 2023, la Côte d’Ivoire a accueilli le nouvel Ambassadeur Extraordinaire Plénipotentiaire de la République de la Türkiye en Côte d’Ivoire, SEM Deniz ERDOĞAN BARIM.

Dans une interview accordée au média en ligne www.afriqueeconomie.net , SEM Deniz BARIM nous fait un bref bilan de la coopération ivoiro-turque ; nous fait part de sa volonté et son engagement à rehausser le niveau des échanges commerciaux estimés à un milliard de dollars. Pour la Diplomate, la Côte d’Ivoire et la Türkiye ont beaucoup à offrir et la Türkiye est prête à offrir plus, durant son mandat.

A.E : Depuis quand êtes-vous Ambassadeur en Côte d’Ivoire ?

Je suis arrivée en Côte d’Ivoire le 1er février 2023 et le 02 mars 2023, j’ai présenté mes lettres de créances au Président Alassane OUATTARA en tant qu’Ambassadeur Extraordinaire Plénipotentiaire de la République de Türkiye en Côte d’Ivoire.  

A.E : Pouvez-vous nous faire un bref bilan de la Coopération ivoiro-turque depuis votre accession à ce poste ?

Nous nous réjouissons des relations entre la Türkiye et la Côte d’Ivoire qui sont excellentes. Au niveau du Commerce, il y a beaucoup d’échanges entre nos deux pays ; Nous avons également des investissements turcs dans le secteur du Ciment et de la Construction depuis 10 ans. Même si nos échanges commerciaux sont déjà à un excellent niveau, nous avons pour objectif d’atteindre et de dépasser un milliard de dollars. Donc, nous travaillons pour cet objectif.

A.E : Quelles sont les axes prioritaires pour votre mandat ?

Mon axe prioritaire en plus de travailler au renforcement et à la diversification des relations entre la Türkiye et la Côte d’Ivoire, c’est l’Economie et les Finances, mais surtout la mise en œuvre des conditions pour créer de la richesse. C’est important pour nous que les chiffres économiques et financiers soient effectivement ressentis par les populations. C’est pourquoi nous réfléchissons à comment créer des emplois en Türkiye et en Côte d’Ivoire. A ce niveau, je suis contente de la contribution des Entreprises turques dans le recrutement/emploi en Côte d’Ivoire.   

A.E : Est-ce que nous pouvons avoir une idée des Entreprises Turques installées en Côte d’Ivoire ?

Nous avons ici dans le secteur du Ciment et du Béton, les Entreprises LIMAK, OYAK, BATIPRO, etc. Il y a également des Compagnies qui travaillent dans le secteur des produits chimiques. Il y en a dans plusieurs autres secteurs à savoir la Construction, l’Urbanisme, la Santé et l’Agriculture. Au niveau de l’Education, nous avons une école internationale turque (Ecole Internationale Maarif de Côte d’Ivoire) située à Abatta (Bingerville). Au sein de cette école, il y a des élèves ivoiriens et de diverses autres nationalités. Cet établissement est un Projet pilote pour l’Afrique de l’Ouest ; j’en profite pour remercier le Gouvernement ivoirien pour le soutien qu’il a bien voulu nous apporter dans le cadre de l’établissement de l’école en Côte d’Ivoire en 2018. C’est une école qui suit le programme ivoirien (maternelle, primaire, collège et lycée), en insérant des Programmes sur la Robotique, la Science et l’Informatique. Nous avons également des cours de Turcs au sein de l’Université Felix Houphouët Boigny d’Abidjan. Ce sont des cours gratuits qui ont été possibles suite à un protocole d’accord signé entre la Fondation Maarif de la République de Türkiye et l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan en décembre 2021. Depuis lors, chaque année nous délivrons des Diplômes de langue aux apprenants et offrons des voyages en Türkiye comme cadeau pour encourager les meilleurs. Ces cours sont beaucoup sollicités par les commerçants qui vont acheter des produits, des marchandises en Türkiye, mais aussi par les Opérateurs économiques qui y vont dans le cadre de leurs Affaires. A côté de cela, nous donnons des Bourses d’études que nous annonçons chaque année à travers le Ministère des Affaires Etrangères de la Côte d’Ivoire et les réseaux sociaux de l’Ambassade (Facebook et Twitter). Le processus de sélection est tel que les étudiants postulent d’abord en ligne et s’ils sont retenus, ils sont invités à passer un examen écrit organisé par des Experts qui viennent chaque année spécialement de la Türkiye pour les évaluer en coordination avec les autorités ivoiriennes. Dans le secteur aérien, nous avons bien sûr la Compagnie aérienne Turkish Airlines qui a débuté en Côte d’Ivoire comme un porte-drapeau turc. Turkish Airlines effectue des vols à travers 120 pays. Aujourd’hui nous avons des vols journaliers entre İstanbul et Abidjan d’une durée de 07 heures. Cela permet aux hommes et femmes d’affaires qui vont régulièrement en Türkiye de s’y rendre plus rapidement et efficacement. Nous n’avons pas d’Entreprises au niveau de la Restauration ; c’est donc une bonne opportunité à saisir ; cependant, nous organisons chaque année à la Résidence de Türkiye, la semaine de la gastronomie turque afin de présenter et faire connaître notre gastronomie. Le Cacao intéresse également certaines Entreprises turques qui souhaitent de plus en plus investir dans ce secteur. C’est un secteur nouveau pour les Turcs. Nous, nous sommes de grands consommateurs de café et de thé ; nous estimons à 10 millions, la population en Türkiye qui boit le café ; mais je pense que le secteur du cacao, c’est aussi une bonne opportunité à saisir pour les Compagnies Turques. L’Energie est un autre secteur d’intérêt ; par exemple, 07% de l’électricité d’Abidjan est fournie par une Entreprise turque.

A.E : Pouvons-nous avoir le nombre de ressortissants turques en Côte d’Ivoire ?

Quelque mille ressortissants Turcs. Nous avons aussi des couples mixtes ici en Côte d’Ivoire ; je pense que les cultures ne sont pas très différentes. Le premier jour que je suis arrivée à Abidjan, j’étais étonnée par cette affinité ; j’ai tout de suite perçu cet esprit de famille, d’amitié, d’hospitalité des ivoiriens qui m’a beaucoup touché. Nous nous entendons très bien avec les ivoiriens cela produit naturellement des couples, voire des familles mixtes. Nous n’avons pas de Chambre de Commerce mais un département commercial au sein de l’Ambassade qui fait le suivi des Entreprises turques en Côte d’Ivoire. L’Ambassade a aussi de très bons rapports avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI), la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI), etc.

A.E : Pouvez-vous nous donner les secteurs d’activités auxquels les investisseurs ivoiriens peuvent aller investir en Türkiye ?

Tout type de commerce est possible entre la Türkiye et la Côte d’Ivoire. Nous sommes contents de voir sur le marché ivoirien, certaines marques turques comme Mavi, Koton et LC WAIKIKI qui sont bien connues en Türkiye. Dans certains supermarchés à Abidjan, on peut trouver des produits turcs de décoration d’intérieur et des équipements de maison. Ceci pour dire qu’il y a des possibilités pour les ivoiriens qui le souhaitent, de se lancer dans la commercialisation de produits turcs en Côte d’Ivoire. Ils peuvent aussi installer des usines, des petites activités en Türkiye et travailler avec les producteurs turcs ou même s’intéresser à la commercialisation de fruits secs, de jus de fruits, de machines pour la transformation des fruits, etc. A côté de cela, il y a également le secteur de la Santé et celui de l’Energie dans lequel la Türkiye peut apporter sa contribution en Côte d’Ivoire.

A.E : Quels sont les Projets à court terme que la Türkiye entend exécuter avec l’Etat de Côte d’Ivoire ?

Au niveau commercial, à court terme, nous souhaitons diversifier les secteurs d’activités en ce qui concerne les investissements, mais aussi créer de nouveaux Partenariats. Nous souhaitons surtout augmenter les échanges commerciaux car je pense que jusqu’à présent, nos potentiels réciproques ne reflètent pas la réalité. Les Opérateurs turcs sont intéressés par de grands Projets d’investissements en Côte d’Ivoire, comme c’est le cas dans plusieurs autres pays du Continent. Nous avons de bons exemples. Ceci dit, je suis très heureuse de dire qu’il y a beaucoup d’ivoiriens qui vont en Türkiye pour le Tourisme et le Commerce. C’est vraiment un fait remarquable. Mais nous souhaitons aussi qu’il y ait beaucoup plus de missions entre nos deux pays. L’année dernière et cette année nous en avons eu plusieurs, mais notre souhait c’est que de plus en plus, les officiels ivoiriens effectuent des visites de travail en Türkiye et vice-versa.  

A.E : Quelle est votre analyse sur l’Entrepreneuriat féminin en Afrique ?

L’Entrepreneuriat féminin en Afrique est exemplaire ; C’est vraiment très fort. Je vois avec satisfaction, beaucoup de Femmes entrepreneurs ivoiriennes en tant que Chefs d’Entreprises ou dans l’exercice de petits commerces. Je pense qu’il faut donner de la chance aux jeunes filles au niveau de l’Education, les former et les encadrer dans le cadre de leurs activités entrepreneuriales. Je pense aussi qu’il faut soutenir les Femmes qui se lancent dans certaines activités avec très peu de moyens. C’est pourquoi, je me concentre sur des Projets de Développement pour les couches défavorisées, mais spécialement pour les Femmes qui sont dans le besoin et les enfants. Je salue l’Agence Turque de Coopération et de Développement (TIKA) qui apporte chaque année en Côte d’Ivoire, une assistance aux Associations de Femmes reconnues à travers par exemple des dons de machines de triage de riz, de fabrication de pain pour la boulangerie et la pâtisserie, des broyeuses de manioc, etc).  Je m’engage à faire diligence pour que les efforts soient multipliés dans ce sens.  

A.E : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué depuis que vous êtes en Côte d’Ivoire ?

Ce qui m’a le plus marqué en Côte d’Ivoire, c’est le sourire des Ivoiriens, leur accueil. J’ai été aussi éblouie par la vitesse du développement, notamment le progrès dans la capitale économique.

A.E : Excellence, votre mot de fin à nos lecteurs

Je pense que la volonté c’est la moindre des choses. La volonté et le potentiel existent entre la Côte d’Ivoire et la Türkiye. Il y a aussi une grande et réelle amitié entre nos peuples et nos Gouvernements. Avec une telle force derrière nous, nous sommes davantage motivés à travailler pour développer nos relations dans tous les secteurs d’activités. La Côte d’Ivoire et la Türkiye ont beaucoup à offrir ; en ce qui nous concerne, nous nous donnons pour devoir de faciliter cela. Nous avons été toujours présents auprès de la Côte d’Ivoire dans les moments de difficultés comme elle l’a été pour nous, par exemple avec les tremblements de terre que nous avons vécu en Türkiye en février 2023.

                                                            Interview réalisée par Nadège Koffi

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