Un parcours qui inspire ; une vie qui enseigne, Mme Jeanne LOMPO, cette dame originaire du Burkina Faso a su par son courage imposer sa marque « FASO BEAUTEX » dans les habitudes des populations burkinabés et aujourd’hui s’impose dans la sous-région.
Invitée par l’initiateur de la Rentrée Scolaire Souriante (RESS), Adama BAKAYOKO, Fondateur du Woroba.net, pour la 6ème édition tenue à la Maison de l’Entreprise au Plateau (Abidjan-Côte d’Ivoire) et au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan (Cocody-Abidjan), Mme LOMPO a su allier la commercialisation de ses Articles et partager son expérience avec la thématique : « JEUNESSE ET INFLUENCES POSITIVES ».
Nous avons voulu en savoir plus de son histoire et de ses Projets futurs.
A.E : Présentez-vous à nos lecteurs
Je me nomme Mme LOMPO Jeanne ; je viens du Burkina Faso. Je suis la Présidente de l’Entreprise « FASO BEAUTEX »
A.E : Pouvez-vous nous parler de cette Entreprise que vous dirigez ?
Le début de ce Projet débute en 1987 où j’ai commencé à tisser. Elle n’était pas encore une Entreprise ; je le faisais par passion, de façon individuelle. Après nous avons créé l’Entreprise « FASO BEAUTEX » en 2015 avec mes filles, qui sont la base du Projet. Elles sont les personnes qui se chargent de tout ce qui est Management et autres services affiliés à l’Entreprise FASO BEAUTEX. L’Entreprise « FASO BEAUTEX » est une Entreprise qui vient en aide aux Filles en difficultés surtout et qui ont eu un parcours parsemé de difficultés et d’épreuves comme moi (mariage forcé ; excision ; non-scolarisée ; Femmes vulnérables ; etc). C’était le but de mon Projet ; j’avais l’idée si je prends la souffrance que j’ai vécu, aider mes « sœurs » à arriver à se prendre en charge et être indépendante financièrement. L’Entreprise est familiale et dans ce cadre, nous avons voulu créer une Association nommée « New Life » qui signifie « Nouvelle Vie » ; la manière dont j’ai passé ma vie jusqu’à aujourd’hui, je peux affirmer que lorsque nous nous battons à atteindre nos objectifs, nous arrivons à réussir ; voilà pourquoi j’ai créé l’Association. Je forme des Jeunes filles, des Jeunes garçons ; présentement au niveau du pays (insécurité, des Femmes vulnérables, etc), nous faisons des Formations avec l’appui de l’Ambassade de la France au Burkina Faso, avec le Projet « PISCA » en 2021. J’ai eu à former 60 Femmes et Jeunes Filles vulnérables grâce au Projet « PISCA » de l’Ambassade de France au Burkina Faso en quatre mois et une exécution de ce Projet en six mois en allant chez elles pour voir l’évolution. Aujourd’hui, ces Femmes dans les 60 Femmes et Jeunes filles, les 45% sont autonomes. Cette formation que je fais, c’est pour que la Femme soit autonome, indépendante d’elle-même ; cette formation est en tissage et teinture ; c’est mon domaine ; « FASO BEAUTEX » est le travail que je confectionne. Le Tissage de Faso Danfani est dans le pays (Burkina Faso) beaucoup valorisé, c’est pourquoi j’ai décidé de le travailler. C’est à travers mon Association que nous arrivons à aider ces Femmes qui sont dans ces difficultés.
A.E : Au sein de ces deux Projets que vous avez mis en place, combien de Femmes avez-vous ?
Au niveau de l’Association, je peux dire que j’ai eu à former environ 300 Femmes depuis la création jusqu’à aujourd’hui.
A.E : Au niveau de l’Entreprise « FASO BEAUTEX », quels sont vos Projets à court et moyen termes ?
Au niveau où je suis en ce moment, je souhaite Internationaliser l’Entreprise « FASO BOTEX » ; faire exporter mes Articles ; faire la promotion du « Faso Danfani », partout dans le monde. Nous voulons partager nos articles à tous ceux qui en ont besoin et en plus de cela diminuer le chômage des Filles, des Femmes-mères, des Femmes vulnérables, afin qu’elles soient autonomes.
A.E : Avez-vous des difficultés dans l’exécution de vos deux Projets. Si oui, lesquels ?
Nous avons des difficultés au niveau du travail que nous faisons ; tout travail a des difficultés. D’abord avec la matière première (les fils à tisser), il y a un manque quelque fois. En plus de cela, nous avons des idées qu’on veut agrandir, développer, mais faute de moyens et de financements. Par exemple, les Fils qu’on tissent ; quand j’ai commencé à tisser depuis 1987, on avait les Fils en couleur (toutes les couleurs) qu’on souhaitait ; mais aujourd’hui, il est difficile, même rare d’en avoir ou trouver au Burkina Faso. Le Fils en couleur est d’une rareté, que cela est une opportunité pour les Femmes à se lancer dans ce secteur d’activité. C’est pourquoi nous invitons les Femmes à se former afin d’offrir des Produits de qualité. Mais pour que cela soit réalisable, il nous faut de la bonne teinture pour vendre des articles de qualité. J’ai également une doléance à faire aux Autorités, aux personnes de bonnes volonté ; aux passionnés de la Culture africaine, à m’aider à construire une école de formation à ces Femmes, car nous le faisons (Formation) au sein de ma maison, sur Fonds propres, à les prendre en charge à tous le niveaux (hébergement, restauration, etc). Je précise que c’est « FASO BEAUTEX » qui appuie l’Association « NEW LIFE » pour qu’elle puisse fonctionner. Si « FASO BOTEX » n’arrive pas à fonctionner, à vendre, l’Association ne vit pas. Nous cherchons les moyens pour relever le défi.
A.E : Le Burkina Faso est confrontée en ce moment à une crise où des pays ont décidé de rompre la Coopération ; comment arrivez-vous à écouler votre marchandise au niveau national et international ?
En ce moment, je peux vous dire que c’est très difficile pour nous les Artisans et Hommes des Arts ; et c’est aussi dans tous les secteurs d’activités au pays (Burkina Faso). La population cherche la Paix d’abord, à se nourrir, qui sont une nécessité, une priorité. Parler d’acheter un article n’est pas leur priorité ; on souhaite que le défi sera réalisé à écouler nos Produits. Chez moi, je peux dire que j’arrive à écouler passablement mes articles ; le problème est au niveau surtout de l’acheminement des articles hors de ma localité ; du fait de la sécurité. Nous avons aussi l’arrêt du Tourisme qui ne permet plus les touristes au pays.
A.E : Quels sont les canaux de distribution de vos Produits ?
Présentement au niveau de la production, nous sommes en train de Former les Femmes par vague sur une période. Je suis plus active à ce niveau. Mais nous avons un circuit pour l’écoulement de nos articles ; soit en ligne, acheminé par les moyens d’envoi, soit par des personnes qui ont une connaissance qui peuvent l’acheter et l’acheminer à la personne.
A.E : Avez-vous reçu des Prix ? Si oui, citez-en nous quelques-uns ?
J’ai eu un Prix en 2020 « Africa Mousso », Lauréate avec un Prix d’encouragement d’un million de FCFA ; le 26 août 2023, j’ai eu un Prix du public au Burkina Faso, organisé par Afrik Business Awards
A.E : Nous vous retrouvons à Abidjan en ce mois de septembre 2023 pour la 6ème édition de la Rentrée Scolaire Souriante (RESS) de l’Initiateur Adama BAKAYOKO, un jeune ivoirien qui a décidé de faire la promotion de l’Education et du Développement ; qu’est-ce qui vous a motivé à faire le déplacement ?
Je dirai que je viens premièrement parce ce qu’Adama BAKAYOKO est un ami depuis bientôt trois ans ; mais dont les relations avaient été coupées quelques années du fait des calendriers chargés pour chacun de nous. C’est en août 2023 que j’ai reçu un mail professionnel d’Adama BAKAYOKO, m’invitant à son évènement en Côte d’Ivoire et que je serai récompensé par un Prix lors du dîner de gala qui sera organisé au terme de l’évènement. Nous avons eu à échanger pour organiser mon arrivée à Abidjan et aujourd’hui je me retrouve à Abidjan pour honorer cette invitation qui pour moi est une marque de considération et une étape importante dans ma carrière professionnelle par ce Prix reçu par les Organisateurs de la RESS 2023 avec à sa tête M. BAKAYOKO.
A.E : La thématique pour cette 6ème édition est « EMERGENCES AFRICAINES : ENJEUX D’INVESTIR DANS L’EDUCATION ET LA FORMATION », quelle est votre analyse sur ce thème ?
Sur ce thème, je dirai que les deux mots se suivent ; Education et Développement. On ne peut pas développer sans éduquer ; d’abord il faut Eduquer car elle fait comprendre à cette Jeunesse qu’il faut se « battre » pour atteindre ses objectifs. On ne peut pas s’asseoir, il faut se battre. J’invite les parents à prendre l’Education des enfants au sérieux, pour une société disciplinée. L’Education fait partie de la Formation d’un enfant, d’un Entrepreneur, d’un Economiste, tout est lié.
A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs
Merci infiniment au média www.afriqueeconomie.net qui nous a permis de nous exprimer, de parler de nos Projets ; montrer notre savoir-faire. Je veux m’adresser à cette Jeunesse africaine ; il n’y a rien sans limite ; quel que soit ta souffrance, il faut combattre jusqu’à la dernière cartouche que tu vas atteindre. Quand je vois qui je suis aujourd’hui (voyager à l’international, dans la sous-région, etc), je peux affirmer qu’il n’y a de l’espoir pour tout le monde. On peut résoudre tout si l’on a la volonté. J’ajoute qu’il n’y a pas de sots métiers ; nos jeunes, nos enfants doivent se battre, aimer le travail, aimer son savoir-faire, accomplir ta mission et tu réussiras. Nous avons de la richesse en Afrique, mais notre Jeunesse refuse de travailler.
Interview réalisée par Nadège Koffi