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Mme Ehouman Patricia Meva épouse ANGOUNOU, Fondatrice de la marque ALIKI : « On veut être indépendants ; pour être indépendants il faut consommer ce que nous produisons »

Mme Ehouman Patricia Meva épouse ANGOUNOU, Fondatrice de la marque ALIKI : « On veut être indépendants ; pour être indépendants il faut consommer ce que nous produisons »

Ingénieur Mécanique de formation, Diplômée de l’Université Technique de Berlin (Allemagne) en 2003 ; ayant fait du Contrôle Qualité, de la Gestion de Stratégies, de la Gestion de Supply Chain à l’Université Technique de Berlin; aujourd’hui Mme Ehouman Patricia épouse ANGOUNOU-MEVA s’est lancée en octobre 2021 dans l’Entrepreneuriat avec sa structure nommée « ALIKI », en hommage à sa mère (en pays Abouré), en réalisant sa passion, au travers de produits de pâtisseries, de boisson et de transformation à base de Cajou et du Cacao. Cette dynamique et ambitieuse dame entend apporter une valeur ajoutée afin de participer à une plus grande consommation et une plus grande transformation de ces deux produits chères à la Côte d’Ivoire.

Dans cette interview que nous a accordé Dame ANGOUNOU-MEVA, elle nous fait l’histoire de son Projet lancé en 2021 avec sa marque « ALIKI », qui est constituée de plusieurs variantes tels que des boissons à base de cajou, de citronnelle, d’ananas, de tamarin, de mangue, de bissap (hibiscus) revisité (au petit cola), des entremets, des biscuits avec du sésame et du cajou à faits avec du beurre de cacao et récemment, de la crème épaisse de noix de cajou et du vinaigre de cajou. Egalement, la Fondatrice de « ALIKI » nous parle des difficultés rencontrées par les PME et fait un plaidoyer au Gouvernement ivoirien et aux Chefs coutumiers pour l’accès à la terre aux Femmes.

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Mme Ehouman Patricia, épouse ANGOUNOU-MEVA ; je suis dans la cinquantaine et j’ai trois enfants. Je suis Ingénieur Mécanique de formation, Diplômée de l’Université Technique de Berlin (Allemagne) ; mais j’ai fait toutes mes études primaires, secondaires ici en Côte d’Ivoire, à Cocody école pilote ; à Notre Dame ; Lycée Jeunes Filles de Bingerville ; le BAC à Sainte Marie de Cocody et l’Université d’Abidjan où j’ai eu un DEUG en Mathématiques et puis j’ai commencé une année de Licence en Physique ; donc je suis quand même un bon produit de l’Education ivoirienne et je suis allée faire ma spécialisation en Allemagne. Et aujourd’hui, après avoir fait mon Génie Mécanique et en même temps j’en ai profité pour faire du Contrôle Qualité, de la Gestion de Stratégies, de la Gestion Supply Chain à l’Université Technique de Berlin en 2003. Je suis maintenant Gérante d’une structure ALIKI.

A.E : Qu’est ce qui a motivé le basculement dans ce secteur d’activité ?

Je dirai que c’est ma passion ; Je suis passionnée de pâtisseries, de boisson et de transformation ; donc ce qu’on peut faire avec nos matières premières, parce ce qu’on a un pays essentiellement agricole. J’ai toujours été très choquée du peu de produits qu’on pouvait trouver comme dérivés du Cacao, on produit, on exporte quasiment brut ; donc qu’est-ce qu’on peut faire ? qu’est-ce qu’on peut apporter en tant qu’Ingénieur, en tant que passionnée de la pâtisserie ; qu’est-ce qu’on peut faire pour une valeur ajoutée afin de participer à une plus grande consommation et une plus grande transformation. Aliki Services (nom de ma mère qui est Abouré) a été lancé en octobre 2021 ;parce qu’entre 2011, après la crise ivoirienne j’ai dû sortir de la Côte d’Ivoire pour aller au Cameroun et je suis revenue en 2021 où j’ai lancé ma structure Aliki Services en Côte d’Ivoire (SARL). Je précise qu’elle avait déjà démarré en exil au Cameroun où je menais les recherches de quelques produits et je les faisais goûter par des amis afin de me faire des retours ; mais la société a été créée en Côte d’Ivoire.

A.E : Qu’est-ce que vous proposez dans vos offres de service ?

Bien que je sois passionnée par le cacao, je suis aussi passionnée par le cajou ; quand j’ai vu qu’on était passée 1er producteur de cajou, j’ai commencé à faire des recherches pour voir un peu ce que les autres pays qui étaient 1er exportateur de cajou ; parce ce que nous (la Côte d’Ivoire), on l’a brut ; je voulais savoir qu’est-ce qu’on pouvait faire avec cette matière première ? (Coque, pomme, etc). Ce que je vais proposer va être ce qu’on peut consommer ; avec un petit budget. Comme les ivoiriens sont gros mangeurs, c’était de proposer quelque chose qu’on puisse manger ; donc la 1ère chose que je propose ce sont des boissons à base de cajou, de citronnelle, d’ananas, de tamarin, de mangue, de bissap (hibiscus) revisité (au petit cola), ensuite des noix torréfiées et assaisonnées pour me distinguer des comme entremets. Il y a également des biscuits avec du sésame et du cajou ; la matière grasse que je vais utiliser dans mes biscuits c’est le beurre de cacao. Et on a lancé récemment de la crème épaisse de noix de cajou et du vinaigre de cajou.

A.E : Quels sont vos canaux de distribution ?

Nos produits on peut les trouver chez certains Partenaires et directement quand on passe la commande sur nos Pages (Facebook) pour être livré, où même à l’atelier situé à la Riviera Golf ; chez JEROYO à la Palmeraie ; bientôt dans le Groupe Librairie de France ; également disponible à Bonoua (Boulangerie Saint Jules).

A.E : Combien d’employés avez-vous ?

J’ai commencé seule et maintenant on est à trois employés ; un qui est spécialisé dans la production des jus et un autre qui va se spécialiser et assister dans la production des entremets et moi-même qui intervient un peu sur les deux volets. Je suis au développement et à la production.

A.E : Quel est votre Chiffre d’Affaires pour l’année 2022 ?

Pour la première année on n’a pas fait plus de 500.000 de FCFA de chiffre d’affaires par mois ; on a eu beaucoup d’investissements parce ce qu’il fallait faire du positionnement (aller sur des Festivals, sur des Foires, etc). On pense que cela a payé ; aujourd’hui on se retrouve à donner des cours à l’IPNETP à des futurs formateurs ; en terme de notoriété cela a payé. On continue de travailler sur la notoriété. En 2022, on tourne autour de 5 millions de FCFA. Pour nous la 1ère année c’était la notoriété. Je tiens à remercier le Président Aimée ZEBIE qui nous a permis de présenter nos Produits sans payer au sein de son espace sis à Yopougon (l’Internat) lors de certains de ces évènements ; cela nous a permis de faire de petits chiffres très intéressants. Merci également à toutes ces personnes qui nous ont accompagnés afin de faire croître notre chiffre d’affaires et nous ont offert des opportunités sur leurs évènements.

A.E : Combien d’employés avez-vous ?

J’ai commencé seule et maintenant on est à trois employés ; un qui est spécialisé dans la production des jus et un autre qui va se spécialiser et assister dans la production des entremets et moi-même qui intervient un peu sur les deux volets. Je suis bien au développement et à la production.

A.E : Quel est votre Chiffre d’Affaires pour l’année 2022 ?

Pour la première année on n’a pas fait plus de 500.000 de FCFA de chiffre d’affaires par mois ; on a eu beaucoup d’investissements parce ce qu’il fallait faire du positionnement (aller sur des Festivals, sur des Foires, etc). On pense que cela a payé ; aujourd’hui on se retrouve à donner des cours à l’IPNETP à des futurs formateurs ; en terme de notoriété cela a payé. On continue de travailler sur la notoriété. En 2021, on tourne autour de 5 millions de FCFA. Pour nous la 1ère année c’était la notoriété. Je tiens à remercier le Président Aimée ZEBIE qui nous a permis de présenter nos Produits sans payer au sein de son espace sis à Yopougon (l’Internat) lors de certains de ces évènements ; cela nous a permis de faire de petits chiffres très intéressants. Merci également à toutes ces personnes qui nous ont accompagnés afin de faire croître notre chiffre d’affaires et nous ont offert des opportunités sur leurs évènements.

A.E : Des Prix décernés durant votre parcours d’Entrepreneur ?

On a été encouragée par certains inventeurs où on a intégré en tant que membre de la Fédération des Inventeurs de Côte d’Ivoire (FEDEMCI) et en 2022, on a participé au Salon Abidjan Innova où nous avons eu une médaille d’or (innovateur) pour nos Produits spéciaux (cajou au baobab, au corossol, cocktail de bissap).

A.E : Quels sont vos Projets à court et moyen termes ?

Déjà en terme de Projets, on a des Projets qui sont en cours, parce ce que pour le positionnement du cajou dans les habitudes alimentaires, on a réussi à intéresser lors du Festi Mets à San-Pedro, Mme TEHOUA qui est l’une des Responsables du Programme d’Apprentissage au niveau de l’IPNETP et qui a parlé de notre volonté de travailler avec les Chefs cuisiniers ; pour qu’ils s’approprient les matières d’œuvres que nous proposons (le cajou, la crème de cajou, la poudre de cajou). Et donc ce Projet qui est en court, a permis d’être inséré dans le Programme de formation des Enseignants de cuisine professionnels. Dans la valorisation de la pomme de cajou ; on a aussi un Projet qui est en court, avec certaines Coopératives ; on a démarré un Projet pilote l’année dernière à partir de Djébonoua et de Taoudi (dans le Gontougo) et qui aujourd’hui est en train d’être répliqué dans cinq districts (production de jus de cajou à partir d’outils simples) ; cela permet une production bord champ (valoriser la pomme). Partant de ces Projets, à court terme, avec ces Chefs cuisiniers Enseignants ; avoir le Programme d’Enseignements au niveau des Lycées Professionnels, de la cuisine au cajou qui soit au Programme. Au niveau de la transformation de cajou, pouvoir proposer du vinaigre de cajou en une plus grande quantité à un prix plus intéressant que ce qui est proposé actuellement ; parce ce qu’il faut savoir, c’est que le vinaigre de cajou est déjà produit par un entrepreneur ivoirien et que cela est déjà sur le marché. A notre niveau, ce n’est pas une innovation, mais c’est de pouvoir vulgariser parce ce qu’on a la capacité de faire en sorte que le cajou soit consommé dans toutes ces formes ; œuvrer pour que le vinaigre de cajou soit un vinaigre de référence en Côte d’Ivoire, de façon à ce qu’on est plus besoin d’alternative ou de substitut de vinaigre. On peut faire un bon vinaigre qui soit à un prix qui va défier toute concurrence. A court terme, c’est cela le Projet ; à moyen terme, se serait d’augmenter notre éventail de Produits, puisque nous faisons nous même la crème de cajou. Cette crème peut s’utiliser dans toute la cuisine (des entrées, des plats principaux, des desserts, ect) ; pour nous se serait en plus de ce qu’on produit comme boissons, des entremets secs ; de pouvoir proposer des entremets comme des gâteaux, comme des crèmes, des mousses ; à court terme pour la Noël. On espère qu’on va pouvoir proposer cela et avec les Chefs cuisiniers, augmenter l’éventail de l’offre culinaire ivoirienne, parce ce que le cajou a des propriétés qui permettent de l’utiliser quasiment comme un fromage ; donc pour ce qui font des allergies ou de l’intolérance au lactose, ils auront une offre ivoirienne dans la cuisine, faite par des Chefs cuisiniers qui on espère vont prendre le relais, vont s’approprier ce produit à court et moyen terme le Projet.

A.E : En tant qu’Entrepreneur, quels sont les difficultés que vous rencontrez et qu’est- ce que vous souhaitez que vos Dirigeants fassent pour accompagner ces jeunes Entreprises ?

La difficulté en tant que petite Entreprise et vraiment démarrant dans l’Entrepreneuriat c’est le positionnement sur le marché ; parce ce que nos Produits sont nouveaux et surtout pour les Entreprises comme les nôtres qui sont vraiment dans l’Innovation. Mais c’est lié la nature aussi de nos Produits. Nous avons la difficulté de l’accès à l’information ; c’est-à-dire que l’information certes elle est là (Programme PHOENIX, etc), mais ce n’est pas l’information qu’on va avoir automatiquement quand l’on créée son Entreprise et ça je pense que c’est un peu dommage. Lorsqu’on créée l’Entreprise, on n’a pas ces informations qui sont données ; ceux qui peuvent donner ces informations sont sur un autre site ; donc il faut encore savoir qu’ils sont sur l’autre site. Il y a beaucoup de mesures prises par le Gouvernement ivoirien, mais s’approprier toutes ces mesures ; être informés de toutes les mesures, c’est une difficulté. Si l’on pouvait avoir un catalogue qui nous ai proposé afin d’avoir toutes ces informations seraient idéales pour les Entrepreneurs. Pour des structures qui débutent en SARL, malgré un taux faible d’employés parce ce qu’elles veulent travailler dans le respect de la loi ; par contre là, il n’y a pas grande chose proposée ; mais on estime que ce n’est pas cela qui va nous arrêter. L’Etat fait ce qu’elle pense être le meilleur pour la majorité et nous on se dit en tant qu’ivoirien qu’est-ce que nous nous pouvons faire ? C’est cette réflexion qu’on mène ; donc ce qu’on peut faire c’est déjà être dans des réseaux, informer les autres de ce qu’on peut faire avec le cajou de façon à constituer un réseau de la filière cajou ; parce ce qu’aujourd’hui lorsqu’on parle de transformateurs de cajou ce sont les décortiqueurs (1ère étape) et à ce niveau-là on ne peut pas aller tout seul ; il y a énormément d’opportunités et on pense qu’en allant tous ensemble (les autres Entrepreneurs, les devanciers) nous pourrons aller loin ; l’Etat ne peut pas tout faire. Nos Produits ont besoin d’être connus afin que la population s’en approprie et cela est notre combat.

A.E : Nous sommes dans le mois dédié à la Femme (mars) ; pour vous quels sont les Droits les plus importants qui devraient être appliqués au niveau national ?

Le Droit de la Femme ; je pense que cette année le thème tourne autour du Digital. Pour les Femmes, l’accès à l’information ; continuer de sensibiliser ; il ne faut pas privilégier l’Education des hommes quand on a plusieurs des enfants de différents genres ; il faut donner de la chance à tous. S’approprier le Numérique (Digital) ; on est à l’ère du Digital ; se former, c’est-à-dire aujourd’hui on est doublement analphabète quand on ne sait pas lire et qu’on ne sait pas utiliser l’outil informatique. On a des difficultés pour avoir accès à la grande distribution ; les plateformes numériques offrent la possibilité de rentrer directement en contact avec le client. Pour les Entrepreneurs, c’est essentiel ; peu importe l’Entreprise, que ce soit ceux qui sont dans le Conseil ou ceux qui soient dans l’Agro-Transformation ou ceux qui sont dans la vente d’accessoires de mode ; l’accès à l’outil informatique, aux Technologies n’est pas du luxe. Les Droits de la Femme ont énormément évolué ; l’accès à la terre au niveau de la coutume, la Femme n’a pas encore accès à la terre, cela reste le privilège des hommes ; donc quand une femme veut faire du vivrier c’est difficile, alors que ce sont les Femmes qui portent 80% de la production de vivriers, mais elles n’ont pas accès à la terre ; ce qui fait que dans la culture de rente on ne nous retrouve pas là-bas. C’est un plaidoyer que je fais à travers votre canal auprès de nos « pères », car cela n’est pas au niveau du Gouvernement, mais au niveau de nos traditions ; de pouvoir  faire évoluer les lois coutumières pour que la femme puisse avoir accès à la terre

A.E : Votre mot de fin

Alors se serait de remercier tous les planteurs qui sont dans la filière cajou, dans la filière cacao, dans la filière du palmier à huile, dans les vivriers ; sans qui nous les Agro-Transformateurs ne pourrions travailler. Remerciements à toutes les écoles (IPNETP, l’INPHB, les Centres de métiers, la Chambre de Commerce ; etc) qui sont dans la transformation, qui nous accompagnent ; tous le dispositif mis par le Gouvernement ivoirien pour nous accompagner (les structures mises en place) et encourager les consommateurs ivoiriens à oser faire confiance aux Agro-Transformateurs ivoiriens. On veut être indépendants ; pour être indépendants il faut consommer ce que nous produisons. On veut que nos planteurs aient des revenus qui soient plus grands ; c’est en consommant leurs Produits qu’on peut générer plus de ressources à notre niveau ; donc ils sont au bout de la chaîne de valeur de tous ces Produits mis sur le marché ; donc c’est vraiment les encourager, les inciter à consommer nos Produits pour qu’ensemble on puisse avoir des planteurs qui bénéficient de leur travail. Sans les consommateurs, la transformation et la production agricole n’auraient pas de sens. Ils nous font déjà confiance, il faut qu’ils nous fassent encore plus confiance. J’invite les consommateurs au Salon Innova qui aura lieu du 30 mars au 01 avril 2023 au Palais de la Culture de Treichville (Abidjan-Côte d’Ivoire) où ils pourront découvrir ce que les Inventeurs ivoiriens et les Inventeurs d’Afrique. Merci également au média en ligne Afrique Economie pour l’opportunité qu’il nous donne.

                                                               Interview réalisée par Nadège Koffi 

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