Depuis le début du XXIe siècle, l’Afrique est confrontée à une croissance démographique des plus rapides et des plus élevées au monde. De 2000 à 2017, la population a ainsi augmenté de 58% contre 19% pour le reste du monde.
Cette évolution démographique ne devrait pas faiblir, puisque selon la récente étude du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), la population en Afrique subsaharienne seulement devrait atteindre 2,1 milliards d’habitants dans moins de 30 ans.
Cette vitalité démographique est de plus en plus perçue comme l’un des principaux vecteurs de la croissance socio-économique africaine, cette jeunesse dynamique étant considérée comme l’un des piliers de l’émergence économique des pays, notamment grâce à une utilisation massive des Technologies Numériques.
Une jeunesse ambitieuse et dynamique à l’origine du tournant Numérique en Afrique
D’après les récentes estimations, d’ici 2030, 30 millions de jeunes arriveront chaque année sur le marché du travail, 60% d’entre eux ayant actuellement moins de 24 ans. Ambitieuse et dynamique, cette jeunesse est de plus en plus adepte du Numérique et familière aux nombreuses solutions Technologiques qui se développent sur le continent, à l’instar du E-commerce ou du Mobile money. Ce faisant, en contribuant à populariser et à favoriser le développement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans leurs pays, ces jeunes sont aujourd’hui parties intégrante du développement Numérique, et de facto socio-économique du continent.
Les populations africaines ont, en effet, de plus en plus recours aux outils Numériques, ce phénomène participant dès lors à la création d’Entreprises qui, en proposant constamment de nouveaux services, répondent également aux besoins des concitoyens. Un rapport de l’opérateur Orange publié en 2020 soulignait que 72 % des jeunes africains se disent attirés par l’Entrepreneuriat et 22 % de la population sur le continent en âge de travailler lance ou a déjà lancé leur Entreprise. Il est à noter que ce taux est le plus considérable au monde. Cela vient ainsi souligner à juste titre la volonté de cette jeunesse talentueuse d’apporter une réponse solide aux problématiques et besoins quotidiens auxquelles les populations africaines font face. Ce faisant, elle a pour cœur de prendre part à la réalisation de ces Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par les Nations Unies.
L’Entrepreneuriat est multisectoriel, tout comme l’est le Numérique. Les différentes solutions technologiques déployées peuvent ainsi avoir comme ambition de promouvoir une Education de qualité (ODD n°4), d’éliminer la pauvreté en instituant des conditions de travail décentes participant parallèlement à la croissance économique des pays (ODD n°8), ou de lutter contre le réchauffement climatique (ODD n°13). Par son fort esprit entrepreneurial et de créativité, la jeunesse africaine s’est donc donnée comme mission de s’emparer des défis auquel le continent est confronté. De l’amélioration des services essentiels en termes de Santé ou d’Education, en allant jusqu’aux solutions de Mobile money ou celles mises au service de l’Agriculture, les populations veulent célébrer une Afrique qui innove et se transforme au bénéfice de leurs pairs.
Le développement du Mobile money est à cet égard révélateur de cette fibre entrepreneuriale qui vise à simplifier le quotidien par la démocratisation du Numérique. L’exemple de la start-up sénégalaise InTouch est à cet effet idoine. Fondée en 2014 et aujourd’hui présente dans 14 pays africains, celle-ci permet aux commerçants d’accepter l’ensemble des moyens de paiements allant de l’argent liquide à la carte bancaire. De plus, téléchargeable sur téléphone, cette solution facilite grandement le quotidien des populations.
La forte croissance du nombre de Fintechs sur le continent est également un bel exemple. Entre 2019 et 2021, leur nombre a augmenté de 81%. Secteur clé, ce dernier représentait en 2021 61% des 2,7 milliards de dollars investis en Afrique dans ces Start-ups. L’enthousiasme des Investisseurs dans ces jeunes pousses témoigne ainsi du fort potentiel, mais également du fort intérêt porté à ce secteur.
Éducation et confiance numériques, conditions sine qua none à la démocratisation du numérique en Afrique
L’Education est le pilier d’une jeunesse éduquée, à même de porter l’avenir de son pays. Parallèlement, suivant l’ODD N°4 qui vise à promouvoir une éducation de qualité, la formation favorise « la mobilité socio-économique et constitue un moyen d’échapper à la pauvreté ». Si l’Education, notamment aux Technologies Numériques, est un vecteur clé pour la croissance socio-économique du continent, elle est également un moyen de réduire la fracture Numérique entre les populations, notamment les Jeunes et les Femmes, considérées comme les plus marginalisées.
230 millions, c’est le nombre d’emplois que les compétences numériques pourront générer d’ici 2030. Dès lors, les TIC se présentent comme un moyen essentiel pour réduire le taux de chômage sur le continent africain et parallèlement, comme un vecteur d’inclusion d’une jeunesse de plus en plus nombreuse sur le marché du travail. Les nombreuses mutations que connaît notre monde font donc de la Formation un pilier crucial. En Afrique, de nombreux acteurs se sont donnés comme mission première de former ces jeunes talents aux opportunités offertes par le numérique. Le leader chinois des infrastructures Huawei a ainsi développé depuis plusieurs années de nombreux Programmes de formation. Nous pouvons notamment citer la Huawei ICT Academy ou encore Seeds for the Future ; de tels Programmes ont pour objectif de faire émerger, puis d’accompagner les jeunes talents dans le domaine des TIC, afin de développer du mieux possible leurs compétences et connaissances numériques. Le concours Tech4Good lancé dans le cadre de Seeds for the Future et dont la 2ème édition s’est tenue il y a quelques semaines, s’inscrit dans cette même optique. Il est en effet demandé aux étudiants d’identifier un problème social et d’y proposer une solution reposant sur les TIC. L’équipe algérienne SevenG a, cette année, remporté le 2ème Prix de cette compétition mondiale avec sa solution FarmAI. En recourant à l’Intelligence artificielle, celle-ci vise à détecter précocement la rouille du blé affectant les cultures.
Conscients que l’accès à une éducation de qualité est une condition essentielle du progrès socio-économique, de nombreux acteurs privés opérant en Afrique s’engagent également pour démocratiser ce dudit accès. C’est notamment le cas d’Ericsson avec son Programme « Connect to Learn » qui a bénéficié depuis 2010 à quelques 200.000 jeunes dans 25 pays, majoritairement africains ; ou encore Orange à travers la mise en place de ses Écoles Numériques dès le plus jeune âge.
Ces formations se révèlent nécessaires pour permettre à cette jeunesse fougueuse de répondre aux principaux besoins sur le continent. S’ils sont nombreux, l’innovation dans le secteur de l’Agriculture peut se révéler comme l’un des plus cruciaux. Face aux enjeux du réchauffement climatique, au boom démographique et à la prédominance que revêt ce secteur d’activité en Afrique, les solutions d’AgriTech prennent une importance croissante. D’après les estimations, 200 millions d’agriculteurs africains pourraient utiliser des solutions numériques d’ici 2030. Cependant, afin de répondre aux besoins de ces derniers, le déploiement d’infrastructures numériques performantes s’avère essentiel. Or, sur le continent, la faiblesse de ces dernières, notamment en zones rurales, généralement moins bien desservies au regard des territoires urbains, limite l’accès à la Connectivité. C’est à cet égard que le déploiement du réseau pour tous est devenu un défi auquel les acteurs technologiques se sont donnés à cœur de résoudre. En effet, la faiblesse de telles infrastructures constitue un frein à l’Entrepreneuriat numérique des jeunes et de facto au développement du continent africain.
Par ailleurs, afin de pleinement libérer le potentiel innovant des populations, il importe de faire de la cybersécurité la clé de voûte de toute solution technologique. En effet, la démocratisation du Numérique sur l’ensemble du continent ne pourra advenir sans le déploiement de stratégies de cybersécurité adéquates et de formations adaptées. Nombreux sont les acteurs à faire de la constitution d’un cyberespace sûr le paradigme de leurs activités, notamment au regard du nombre considérable de cyberattaques dont est victime le continent ; 28 millions entre janvier 2020 et août 2020. Des Sommets internationaux comme celui s’étant tenu à Lomé en mars 2022 ou encore le Cyber Africa Forum en mai 2022 visent à sensibiliser tout un chacun à la nécessité d’adopter des politiques de cybersécurité efficaces et ainsi limiter l’impact que ces attaques peuvent avoir sur le PIB africain. La présence d’acteurs publics et privés à de tels événements vient souligner à juste titre la prédominance de ces questions dans le développement socio-économique du continent.
Notons que, les Nouvelles Technologies sont de plus en plus synonymes d’opportunités pour une population jeune, ambitieuse et dynamique, qui voit dans le Numérique, et à juste titre, l’avenir du développement socio- économique du continent africain.
Nadège Koffi