Mme Aude Viviane GOULIVAS, cette dame de la cinquantaine, mère de trois enfants ; ivoirienne et Ingénieur Agro-économiste de formation et titulaire d’un Master professionnel en Management des Risques Industriels et Environnementaux / Management Qualité Sécurité Environnement, exerce la fonction de Chargée du Genre, de l’Agriculture et de l’Environnement dans une mission diplomatique en Côte d’Ivoire. Femme avec des qualités dans des actions sociales de plus en plus dans le leadership transformationnel mais surtout générationnel, Mme GOULIVAS a voulu transmettre à cette jeune génération en perte de repères. Dans cette interview accordée à notre média www.afriqueeconomie.net , l’initiatrice du Prix AVG nous explique la motivation à lancer ce Prix, nous présente le Prix AVG qui aura pour lancement le 19 novembre 2002 à Abidjan, avec pour continuité le 06 mai 2023 et nous donne son analyse sur l’Entrepreneuriat Féminin en Côte d’Ivoire.
A.E : Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Aude Viviane GOULIVAS, ivoirienne, la cinquantaine révolue. Je suis mère de trois adolescents ; Ingénieur Agro-économiste de formation et titulaire d’un Master professionnel en Management des Risques Industriels et Environnementaux / Management Qualité Sécurité Environnement. Je suis un pur produit du système éducatif ivoirien de Feu le Président Félix Houphouet Boigny. Je suis à la Coopération internationale dans une Mission Diplomatique en Côte d’Ivoire où je suis en charge du Genre, de l’Agriculture et de l’Environnement.
A.E : Quelle est votre actualité en ce moment ?
Mon actualité du moment est la préparation en deux étapes du Prix AVG (Accelarating Values for new Génération / Accélérons les Valeurs pour la nouvelle Génération). La première étape se déroulera le 19 novembre 2022 et concerne le lancement officiel de l’initiative à travers un petit déjeuner des Partenaires suivi d’une conférence de presse. Il s’agira de présenter les 3 nominées du Prix qui se décline en trois catégories de récompenses. La seconde étape sera la récompense des nominées et la remise des Fonds collectés pour le financement de leurs Projets ou Entreprises. Elle se déroulera autour d’un diner gala le 6 mai 2023, avec l’ensemble des partenaires qui auront contribuer à mobiliser les ressources en faveur des Projets des nominées. Le Prix AVG est donc un prix avec trois niveaux de récompenses importants les uns les autres et s’inscrivant dans une certaine cohérence. Nous aurons donc les catégories suivantes : Catégorie Excellence : qui récompensera les Projets porteurs de solutions de Développement Durable et d’Innovations pour améliorer le cadre de vie des populations en général et des plus défavorisés en particulier. Toute initiative avec un potentiel de développement de l’économie circulaire et de l’économie vert pourra postuler dans cette catégorie.
Catégorie Intégrité : qui récompensera tout Projet à fort impact social et orienté vers les personnes les plus défavorisées et victimes d’inégalités de genre. La protection des droits de la personne, la valorisation et la promotion de la dignité humaine sont les aspects importants qui devront être mis en exergue.
Catégorie Confiance/Foi : la récompense sera spécialement pour les jeunes filles et jeunes femmes dans tout domaine d’activités axé sur le leadership entrepreneurial féminin. La cible principale à ce niveau c’est la Jeunesse. Les jeunes filles /femmes entrepreneures ou ayant développé ou présentant des capacités entrepreneuriales.
A.E : Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce Projet ?
Le Prix AVG est une réorientation du Prix Aude Viviane GOULIVAS, créé en mon nom par une Organisation féminine, en l’occurrence le Laboratoire d’Expertises Féminines en Abrégé, le LAB Femmes dont la Présidente actuelle est Mme Coulibaly Awa et la Past Présidente est Mme Désiré Djomand. Il visait à reconnaitre des qualités de leadership féminin et des valeurs que mes consœurs trouvaient en moi. Ce prix a été créé le 19 novembre 2021, à la date de mon anniversaire et la cérémonie de présentation du prix a eu lieu le samedi 20 novembre 2021. Dans la réflexion de faire vivre le Prix Aude Viviane GOULIVAS de manière durable et pérenne, je me suis dite que les valeurs que je semble incarner se retrouvent aussi chez plusieurs personnes qui pourraient être des Mentors et des modèles pour la jeune génération. Mais ces valeurs sont surtout naissantes ou en voie de développement chez la jeunesse ; elles ne demandent qu’un creuset pour éclore. En tant que mère de trois adolescents, dont 2 jeunes filles, ayant été jeune moi-même, et ayant eu la chance d’avoir des ainées qui étaient des modèles pour moi, j’ai décidé d’inscrire ce Prix et mes actions sociales de plus en plus dans le leadership transformationnel mais surtout générationnel. Ainsi, gardant les initiales de mon nom (A, V, G) et rassemblant autour de moi des personnes qui ont trouvé l’idée très bonne et à fort impact, le Prix sera désormais le Prix AVG (Accelerating Values for new Generation / Accélérons les Valeurs pour la nouvelle Génération). C’est le lieu pour moi de marquer une pause en mémoire de feue la Générale de Brigade Akissi KOUAMÉ, qui était la Présidente du Jury du Prix Aude Viviane GOULIVAS, Jury qui reste toujours celui du Prix AVG. La cérémonie du 19 novembre 2022 se fera dans une atmosphère remplie de sa présence. Elle attendait que son état s’améliore pour la première édition de ce prix, mais Dieu en a décidé autrement. Reposes en Paix, Maman G. comme nous aimions affectueusement l’appeler.
A.E : Qu’attendez-vous de ce Projet ?
D’abord, j’ai voulu apporter ma pierre à l’édifice en proposant un cadre d’accompagnement de cette jeunesse qui est pour la grande partie en perte de repères, en quête de modèles et en attente de faire éclore et présenter tout son potentiel. Ensuite j’attends que des Partenariats gagnant – gagnant soient mis en place avec les Entreprises privées et publiques dans le cadre de la Responsabilité Sociale et Sociétale des Entreprises, pour un financement collaboratif et durable des initiatives et Projets des Jeunes. J’attends des Ministères, des Fondations et des Institutions qui ont des Programmes et des financements, allant dans le sens de notre initiative, des rencontres d’échanges en vue du financement collaboratif des projets de nos nominées actuels et ceux et celles à venir. C’est une initiative qui est lancée et pour laquelle nous appelons tous les Partenaires potentiels à nous accompagner. D’ailleurs, SEM Anderson BLANC, Ambassadeur du Canada en Côte d’Ivoire qui est l’Invité d’Honneur et SE Mme Marie Noëlle KOYARA, ex- Représentant Résidente de la FAO en Côte d’Ivoire, Femme leader ayant occupé de nombreux portefeuilles ministériels dans son pays la Centrafrique dont celui de la Défense et celui de l’Agriculture (pour ne citer que ceux-là), lanceront un appel à contribution et au partenariat. Enfin, j’attends et je souhaite ardemment que ce Projet, cette initiative survive à ma modeste personne en s’inscrivant dans la durabilité et la pérennité. Je souhaite de tout cœur que ce Projet soit vraiment impactant et transformationnel, porteur de valeurs et que le mouvement s’amplifie pour intéresser et connecter le maximum de jeunes en quête de repères et le maximum d’adultes, d’ainés du 3ème voir 4ème âge qui rêvent de partager leurs expériences, transmettre des valeurs et laisser à la génération actuelle et à venir, ce qu’ils ont reçu de leurs devanciers.
A.E : Pouvez-vous nous donner les grandes articulations de ces événements ?
Pour le Samedi 19 novembre 2022, le petit-déjeuner des Partenaires sera meublé par la présentation de l’initiative Prix AVG, notamment les membres du Jury, les critères de sélections, la première cohorte des trois nominées qui vont faire chacune un pitch pour convaincre les partenaires à contribuer au financement de leurs Projets. Il y a aura les appels aux Partenaires et à la contribution qui seront faits par la Marraine et l’Invité d’honneur. D’ici le 06 Mai 2023, nous allons passer à la phase de mobilisation des contributions. Les nominées rencontreront de manière individuelle les partenaires et les investisseurs intéressés par leurs projets et cela pourrait déboucher soit sur des accords de contribution soit sur des investissements directs dans le capital de l’entreprise. Et qui sait, cela pourrait être une initiative pour déboucher sur du capital-investissement, pourquoi pas ?
A.E : Quelles ont été les critères de sélection des trois candidates choisies ?
Nous avons quatre principaux critères et des critères subsidiaires qui sont propres au Jury, qui reçoit les candidates au cours d’un entretien,
Critères 1 : Avoir un potentiel de leadership et un projet soumis qui valorise l’égalité des genres et de chance ;
Critère 2 : Avoir une initiative qui est porté vers les autres et proposer des solutions aux défis de la société et de la communauté.
Critère 3 : Avoir un esprit d’initiative et entrepreneurial porté par un projet visant à renforcer le pouvoir économique des femmes.
Critère 4 : Proposer un projet apportant une solution ou des solutions durables pour la protection de l’environnement.
Ces critères qui sont indépendants les uns les autres disposent de sous critères notés sur 100 points.
A.E : Quelle est votre analyse sur l’entrepreneuriat féminin en Côte d’ivoire ?
Avant de travailler depuis février 2020 pour la Coopération internationale, j’ai travaillé plus de 25 ans dans le secteur de l’Agriculture et du Développement rural. J’ai été de 2016 à juin 2019, Coordonnatrice d’un Programme de développement agricole (essentiellement de productions vivrières) dans 13 régions de la moitié nord du pays. J’ai par ailleurs été Chargée de Programmes et pendant huit ans, j’ai aidé et accompagné le financement des Coopératives féminines et mon mémoire de fin d’étude d’Ingénieur en agroéconomie en 1996 avait pour thème l’Accès des femmes ivoiriennes au services financiers, cas de la région centre-nord, sur un projet ivoiro-canadien. De tout ce qui précède, je peux vous dire que les femmes ivoiriennes, en milieu rural tout comme en milieu urbain n’ont pas à rougir. Au contraire, elles sont la fierté de la sécurité alimentaire du pays, elle sont la soupape de sécurité de leurs ménages, elles sont l’assurance étude de leurs enfants et elles sont la force ouvrière de nombreuses filières agricoles exportatrices où malheureusement elles sont encore invisibles malgré leur travail indéniable. Et malheureusement, les défis identifiés en 1996 dans mon mémoire de fin d’études sont encore d’actualité et ce sont sans être exhaustifs : l’inexistence ou l’insuffisance de structures de financement des projets portés par les femmes et le manque de produits financiers adaptés aux besoins des femmes (quelques initiatives sont en cours mais insuffisantes), l’analphabétisme et le manque d’outils de gestion et de connaissance du monde des affaires et de ses règles. Ce qui fait que les Femmes restent à un faible niveau d’investissement et rares sont celles qui osent prendre des risques. Elles préfèrent rester dans leurs zones de confort et hésitent à affronter de nouveaux challenges. À cela s’ajoute maintenant la fracture Digitale et Numérique qu’heureusement des initiatives privées ou publiques sont entrain de réduire. Enfin, au niveau familiale, les femmes rencontrent souvent des oppositions non pas de leurs concurrents en affaires mais de leurs conjoints qui sont sensés les soutenir, les accompagner, être fiers d’elles. Elles doivent souvent renoncer à développer leurs entreprises ou leurs projets au risque de perdre leurs conjoints. Voici quelques réalités de la femme entrepreneure ivoirienne. Il y en a beaucoup d’autres positives comme négatives.
A.E : Des Projets à court terme ? Si oui lesquels
D’abord réussir le lancement du prix AVG et la remise des Fonds pour le financement des nominées et lancer l’appel pour la 2ème cohorte. À ce stade, permettez-moi de dire merci aux 3 nominées de la première cohorte qui ont cru en notre initiative mais surtout qui ont cru en elles et en leurs Projets pour les soumettre aux membres du Jury. Ensuite, préparer la mobilisation des ressources pour les prochains Projets qui je n’en doute pas seront encore plus impactant et porteurs de valeurs partagés. Enfin, si Dieu nous donne la santé et la vie, étendre cette initiative aux autres pays de la sous-région et pourquoi pas de l’Afrique. Nous rêvons d’une initiative qui partira de la Côte d’Ivoire et immergerait les autres nations, comme les vagues de la mer qui se déversent sur les plages. Cette initiative, nous la voulons être un mouvement de transformation positive de la jeunesse ; nous sommes ouverts à toutes les propositions de collaboration allant dans ce sens.
A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs
D’abord Merci aux membres du Jury pour leur disponibilité. Les obsèques de la Présidente débuteront le 22 novembre 2022 et nous espérons pouvoir lui rendre hommage à la dimension de ce qu’elle a été pour nous. Elle fut un modèle que nous admirions. Le Jury est aujourd’hui présidé par le Colonel des Eaux et Forêts, Mme ZIÉHI Antoinette (très bien connu du monde agricole), qui était le vice-Présidente. Merci au Comité d’Organisation avec à sa tête la dynamique entrepreneure en BTP, Mme Viviane El RADI. Merci aux Partenaires de cette initiative, ceux qui nous accompagnent déjà et ceux et celles qui nous rejoindront. Il y a suffisamment de place ; nous sommes plus de 28 millions d’habitants et près de 65% de Jeunes. Nous qui avons dépassé la cinquantaine, nous ne devons pas nous arrêter à la critique négative mais nous devons nous impliquer pour mieux passer le relais à notre jeunesse. Il en va de la sauvegarde des valeurs de notre si beau pays. J’ai toujours fait mienne cette citation de feu Nanan Félix Houphouët Boigny, premier Président de la Côte d’Ivoire (cette précision est importante ceux nés après 1990). Il disait et je cite « Ne te demandes pas ce que ton pays peut faire pour toi. Demandes-toi plus tôt ce que tu peux faire pour mon pays ». Et je crois que cette initiative vient concrétiser mon rêve d’apporter à mon pays, en plus de mon expertise professionnelle, quelque chose de durable et qui continuerait après moi. Merci à vous pour cette lucarne que vous me donnez à travers votre média ; c’est un Partenariat que nous espérons durable pour le bien du Prix AVG. Merci aux lecteurs d’Afrique Économie qui nous ont consacré un peu de leur précieux temps pour nous lire. Que Dieu nous garde en excellente santé et mes vœux anticipés pour une fin d’année heureuse et paisible. Je vous remercie.
Nadège Koffi