Né le 06 avril 1982 à Bouaké (Centre de la Côte d’Ivoire), ce jeune ivoirien a la casquette de Journaliste, Formateur, Entrepreneur, Homme de médias et de Communicateur. Diplômé de l’Ecole Supérieur de Journalisme de Lille (85ème promotion), il a également étudié la Science Politique à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO). Considéré comme l’une des figures de proue de la promotion de la Communication Numérique en Côte d’Ivoire et en Afrique Subsaharienne francophone, M. GUEBO est depuis juin 2019, nommé au Conseil d’Administration de l’ESJ-Lille, devenant le 1er africain à intégrer cette instance depuis la création de l’Etablissement en 1942. En , il est élevé au grade de Chevalier dans l’ordre du mérite de la Communication de Côte d’Ivoire.
Israël GUEBO est un homme ambitieux, mais surtout patriote, c’est pourquoi depuis 2017, il a décidé de s’engager auprès de sa communauté qui l’a vu grandir, dans la commune d’Abobo (Abidjan) ; commune la plus peuplée de la Côte d’Ivoire. Depuis plusieurs années, M. GUEBO, y est presque tous les jours, auprès des habitants. Derrière la Fondation « Croire Côte d’Ivoire », lancée par lui fin 2021 et officialisée en janvier 2022, naissent de nombreuses initiatives en faveur de cibles prioritaires, notamment les Femmes, les Enfants et leur Education ainsi que les Jeunes.
Afin de mieux savoir des actions et Projets qu’il mène et envisage, notre site www.afriqueeconomie.net est allé à la rencontre de l’actuel Directeur de l’Institut Africain des Médias (IAM).
A.E : Israël GUEBO, pourquoi Abobo ?
(Rires) Pourquoi pas Abobo ? Plus sérieusement, cette commune est devenue dans l’imaginaire populaire le visage du grand banditisme et de tous les fléaux du pays. Pourtant, personne n’ignore les atouts et les attraits économiques de cette partie du nord d’Abidjan. Tenez, je l’écrivais il y a quelques jours sur mon compte Twitter, lorsqu’il s’agit de venir faire le marché à Abobo, soudainement tout va bien, tous ceux qui d’ordinaire rechignent à s’aventurer dans la commune n’ont subitement plus de griefs. Je l’ai écrit avec un soupçon d’humour mais le fond est sérieux. Cette commune est dynamique, forte ; c’est un terrain propice pour du business. Pourquoi Abobo, demandez-vous ? Parce qu’en tant qu’enfant de cette commune, nous avons la responsabilité de contribuer au changement du regard du monde extérieur sur notre Abobo, mais aussi de mobiliser et motiver les Abobolais eux-mêmes où qu’ils soient. Il faut présenter notre commune sous son plus beau visage. Et aller encore plus loin, chercher des Investisseurs pour la rendre davantage belle et forte.
A.E : Vous nous parlez d’aller chercher des Investisseurs pour la rendre plus attractive ; c’est un gigantesque Projet que vous avez là. En avez-vous les moyens et les capacités ?
Nous avons deux forces : la conviction de bien faire et la volonté de le faire avec les populations elles-mêmes. Mieux, nous sommes engagés sur le terrain au quotidien. Les Projets que nous avons et la vision que nous défendons s’appuient sur la volonté et les besoins réels des populations.
A.E : Comment pouvez-vous en être sûr ?
Mais parce que nous sommes allés sur le terrain à la rencontre des populations. Nous avons compartimenté Abobo en 20 zones, et en mai 2022, pendant un mois, nous avons déployé 100 jeunes bénévoles dans ces zones pour interroger les populations sur ce qu’elles veulent voir amélioré, changé pour elles. Nous avons consigné tout cela dans un document et un Comité scientifique y a travaillé. Les résultats sont édifiants. Il y a tant à faire. Que ce soit au niveau de l’Education, de la Santé, de la Condition de la Femme, de la situation des Jeunes, de l’Environnement, de la Sécurité, etc. À l’issue de cet exercice, nous avons lancé « Abobo Connexion », une sorte de mouvement solidaire fait à Abobo avec les habitants d’Abobo, pour réfléchir à des solutions, des Projets, qui vont être mis en œuvre d’un commun accord avec toutes les couches sociales. Sans distinctions de partis politiques, d’ethnie ou encore moins de religion, de statut social, etc. Et donc pour répondre à votre question, c’est vrai le Projet est immense, mais nous ne sommes pas seuls à nous y engager. Et cela est un avantage.
A.E : Concrètement, que faites-vous pour passer d’un simple recensement d’idées et de suggestions des populations à de l’impact auprès de vos cibles ?
Pour la petite histoire, cela fait plus de six (6) ans que nous avons commencé à agir à Abobo.
Dans un premier temps en nous engageant dans une communication positive. Vous vous souvenez sans doute de la plateforme « Believe In Abobo». Un site web et des réseaux sociaux déployés pour mettre en lumière et en avant ce qu’il y a de bien, de beau et de bon à Abobo. Les lieux, les stars, les initiatives, etc. Avec pour objectif, de susciter la curiosité et captiver l’attention sur la commune.La deuxième étape a consisté à mettre en place un instrument qui pourrait déployer des Projets et les gérer. C’est comme cela que la Fondation « Croire Côte d’Ivoire » est née. À travers elle, nous avons mis en œuvre plusieurs Projets dans six (6) secteurs prioritaires : l’Education et le Civisme, la Santé, la Femme et l’Entrepreneuriat, les Jeunes et l’Emploi, la Culture et le Sport et enfin la Gouvernance locale.
Au niveau de l’Education, il s’est agi de construire un Centre de lecture et d’éducation sociale (CLES) dans le quartier de Biabou. Une bibliothèque, mais en même temps un espace de rencontre et d’apprentissage. À ce jour, plus de 1000 jeunes, enfants et femmes ont été touchés grâce à une cinquantaine de Projets initiés par nous-mêmes ou des Partenaires. Il faut souligner que la construction du CLES a été financée en grande partie par l’Ambassade de Suisse en Côte d’Ivoire ; nous les en remercions.Nous avons des Projets de sensibilisation à la lecture, des accompagnements sur des concours comme celui de « Génies en herbe » organisé au Lycée municipal d’Abobo.
Nos actions passent aussi par la rénovation des écoles. Avec l’organisation « Le nouveau visage d’Abobo», nous avons redonné de l’éclat au Groupe Scolaire Sagbé 1 & 2. Les enfants y étudient aujourd’hui dans un environnement plus adéquat.
Sur le plan de la Santé, nous sommes engagés à rapprocher les services de santé des populations les plus vulnérables. À ce titre, nous avons organisé une grande campagne de consultation médicale gratuite au quartier « Derrière rail ». Plus de 600 personnes ont été conseillées et consultées en médecine générale, pédiatrie, dépistage du VIH SIDA, du cancer du col de l’utérus, du diabète. Mais aussi sensibilisées sur la sexualité responsable (principalement les jeunes) et sur les fléaux que sont le cancer du sein et de l’utérus.
En faveur des Femmes, nous sommes engagés sous deux axes : l’Alphabétisation et l’Autonomisation.
Sur l’axe de l’Alphabétisation, à ce jour plus de 130 femmes ont appris à lire et à écrire dans le Programme « Alphabet Femme ». Notre objectif est d’atteindre 1000 femmes en 2023 et 5.000 femmes alphabétisées à l’horizon 2025.
Du point de vue de l’Autonomisation, nous accompagnons des Coopératives et Associations constituées. Et pour cela, nous avons mis en place le Fonds d’Appui aux Mamans (FAM). Une petite cagnotte pour faire de très petits Prêts, mais qui sont ô combien utiles pour les veuves, les mères célibataires, etc, qui sont pour nous des cibles prioritaires. Et plus largement, toutes les Femmes dans le besoin peuvent en bénéficier. Elles empruntent à un taux d’intérêt de 1 % qui va constituer un capital pour l’Association. Une trentaine de femmes a déjà pu en bénéficier et nous sommes à un taux de remboursement de plus de 95 %. Ce qui n’est pas mal. Mais il n’y a pas que l’argent. Nous les accompagnons en matériels. Une Coopérative à Anonkoi-Kouté a reçu trois broyeuses de manioc. Ce qui devrait les aider à augmenter leur production d’attiéké notamment et par ricochet leur rentabilité.
Pour les Jeunes, on est surtout dans la Formation et le Renforcement de capacités. Afin que leurs niveau et expertise correspondent à l’offre actuelle du marché. Et nous nous axons véritablement sur le secteur de l’Informatique et du Numérique. Sur l’année 2021-2022, nous avons réussi à insérer 10 d’entre eux à l’issue d’une phase pilote ; l’objectif est d’arriver à 100 en 2023.
Enfin, pour le Sport et la Culture, c’est vraiment encourager et faire éclore les talents d’Abobo. Par exemple, nous accompagnons depuis trois ans l’Olympique Rugby Club d’Abobo Sogefiha (ORCAS Abobo) ; un Club avec aussi une équipe féminine, qui en 2022, a été championne de Côte d’Ivoire du Rugby à 7.
A.E : Nous vous félicitons pour toutes ces initiatives et actions pour la commune d’Abobo. Jusqu’où irez-vous ?
(Rires) Cette question-là… Écoutez, on ira jusqu’où nos forces nous le permettent. Nous irons jusqu’où les populations sont prêtes à faire le chemin avec nous. Nous irons jusqu’où notre ambition nous mènera.
A.E : On a vu une communication sur les réseaux sociaux concernant un événement en France. Quel est le lien avec Abobo ?
Vous parlez sûrement de la CAC-Paris, entendez la Conférence Abobo Connexion-Paris. Je vous présente rapidement le concept. C’est une rencontre pour présenter notre vision pour Abobo, ce qui a été fait jusque-là et ce que nous souhaitons faire pour les années à venir.
Il s’agit à la fin de mobiliser des Individus, des Personnalités, des Organisations pour que le développement d’Abobo soit une affaire de tous, même au-delà des frontières ivoiriennes. Sur certains sujets, à Paris, le monde entier se mobilise. Eh bah, voilà ! Nous aussi, nous allons mobiliser le monde entier pour Abobo. On va essayer en tout cas. Il y a une forte diaspora abobolaise à Paris. En plus, nous avons une vision plutôt panafricaine et « panafricaphile ». C’est pour cela que ce 30 novembre 2022, il n’y aura pas que des gens de la Côte d’Ivoire. Mais aussi d’autres pays du continent et des amis, en France ou ailleurs en Europe, que la cause africaine et abobolaise intéresse.
Interview réalisée par Nadège Koffi