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SEM Anne Lugon-MOULIN, Ambassadrice de la Suisse en Côte d’Ivoire : « Le Fonds de soutien à la Recherche Scientifique à hauteur de 5 milliards de FCFA, créé par la Suisse et géré conjointement par les deux pays, sera bientôt remis en mains ivoiriennes »

SEM Anne Lugon-MOULIN, Ambassadrice de la Suisse en Côte d’Ivoire : « Le Fonds de soutien à la Recherche Scientifique à hauteur de 5 milliards de FCFA, créé par la Suisse et géré conjointement par les deux pays, sera bientôt remis en mains ivoiriennes »

Pays d’Europe, la Suisse est l’un des pays qui a une économie les plus libérales au monde, elle possède le 2ème Produit Intérieur Brut (PIB) nominal le plus élevé au monde par habitant, ainsi que le 9ème PIB en parité de pouvoir d’achat selon le Crédit Suisse et le Fonds Monétaire Internationale (FMI). A travers ses différentes représentations dans chaque pays où elle a une accréditation, la Suisse entend marquer sa bonne Coopération, par des actions concrètes, qui permettront le développement économique et social.

Au niveau de l’Afrique de l’Ouest, plus précisément en Côte d’Ivoire, l’Ambassade de la Suisse en Côte d’Ivoire, dirigée depuis septembre 2019 par SEM, Anne Lugon-MOULIN, mène plusieurs actions à fort impact économique, sociale, culturelle, etc.

Dans une interview que nous a accordé en ce début d’année 2022 la Diplomate Suisse, SEM MOULIN, nous dévoile les Projets pour cette année 2022 et nous donne son analyse sur l’Entrepreneuriat féminin en Afrique.

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs

Je m’appelle Anne Lugon-MOULIN, Ambassadeur de Suisse en Côte d’Ivoire, également accréditée au Burkina Faso, en Guinée Conakry, au Libéria et en Sierra Léone. Je suis arrivée en Côte d’Ivoire au début de septembre 2019 et je me réjouis beaucoup de ce poste ; j’y suis bien habituée.

A.E : Depuis votre prise de fonction à la tête de l’Institution, quelles ont été les chantiers réalisés ?

Un des gros chantiers a été la remise sur pied de la Chambre de Commerce Ivoiro-Suisse, qui a désormais des nouveaux statuts et un nouveau Directoire ; l’autre gros chantier, c’était les 60 ans de relations bilatérales, qu’on a fêté l’an dernier. En 2021, une série d’évènements ont jalonné l’année, comme plusieurs ouvertures d’usines et de sites d’Acteurs privés suisses. On a beaucoup d’Acteurs privés en Côte d’Ivoire ; 40 grandes Entreprises suisses sont présentes ici, qui créent des milliers d’emplois. Nous avons organisé un Festival de Films ivoiro-suisse sur quatre jours, dans les jardins de l’Ambassade, au mois d’août 2021, différents concours de logos, de pâtisserie, un quiz sur la Suisse ; enfin, il y a eu deux visites Ministérielles (Ministres des Affaires Etrangères des deux pays à New-York ; Ministres de l’Intérieur et de la Sécurité des deux pays en Suisse). L’année 2021 a donc été extrêmement remplie. Et puis, si on revient encore en arrière, en 2020, on a dû faire face à la fameuse crise du Coronavirus avec le blocage des frontières et le confinement ; et durant ces trois (3) mois-là, nous avons réaffecté une partie des Fonds des petites actions de développement en faveur d’aides ciblées sur des actions de prévention sanitaires. Nous nous sommes également occupés de rapatrier les suisses (voyageurs) qui étaient bloqués en Côte d’Ivoire, grâce à des vols de rapatriement européens et suisses. Le Gouvernement suisse a affrété son propre vol à fin avril 2020 ; dans les autres cas, nous avons travaillé en partenariat avec d’autres Ambassades. Cela nous a occupés pendant plusieurs semaines ; 2020 fut donc une année particulière.

  

A.E : Pouvez-vous Excellence, nous faire un petit bilan économique de la Coopération ivoiro-suisse, de 2020 à 2021 ?

Comme je l’ai dit, on a rouvert la Chambre de Commerce. Ensuite, on a eu des nouvelles Entreprises qui sont arrivées en Côte d’Ivoire : l’usine de transformation de fruits tropicaux HPW a ouvert en avril 2021 ; le Bureau Régional de SwissRe (grosse multinationale de réassurance) a ouvert à Abidjan fin 2019 ; SIKA a procédé à l’ouverture de l’extension de son site à Yopougon (Abidjan-Zone Industrielle) en novembre 2021. La Suisse se classe dans les 5 premiers Investisseurs en Côte d’Ivoire. En terme d’échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et la Suisse, la balance commerciale est clairement déficitaire ; cela veut dire qu’on importe beaucoup plus de la Côte d’Ivoire, que ce qu’on exporte vers la Côte d’Ivoire.

A.E : Quel est le nombre de ressortissants suisses en Côte d’Ivoire ?

Le nombre de ressortissants est de 320 suisses en Côte d’Ivoire.

A.E : Dans quel domaine d’activités sont-ils beaucoup présents ?

Un peu dans tout. Certains travaillent dans des Agences Internationales, d’autres sont ici depuis des dizaines d’années et passent leur retraite en Côte d’Ivoire. Plusieurs sont actifs dans le Secteur Privé. Plusieurs jeunes travaillent dans des ONG, pour y faire des stages.

A.E : Quelle est la balance commerciale de 2020 à 2021 entre la Suisse et la Côte d’Ivoire ?

La balance commerciale est d’environ 600 millions d’Euros en faveur de la Côte d’Ivoire.

A.E : Pouvez-vous nous présenter les potentialités économiques de la Suisse, pour un investisseur ivoirien qui souhaite s’orienter vers ce pays ?

La Suisse est un pays extrêmement performant au plan économique. Le pays est depuis une dizaine d’années le numéro 1 dans l’indice de l’Innovation de la WIPO (World Intellectual Property Organisation) et dans certains rankings de l’Union Européenne (UE), qui comprennent des pays hors Union Européenne (UE). Beaucoup de secteurs économiques peuvent être intéressants, que cela soit dans le domaine des Services, des Industries (le secteur industriel participe à 1/3 de notre PIB ; ce sont des Industries de pointe, par exemple dans les technologies médicales ou les machines). D’ailleurs, certaines de ces grosses industries sont présentes en Côte d’Ivoire (par exemple, Bühler – machines ; Roche – domaine pharmaceutique). Cette diversité fait la richesse de la Suisse. Il y a beaucoup d’opportunités, mais il faut aussi bien se rendre compte que la Suisse est un pays libéral, qui applique des politiques économiques de concurrence ; il faut donc être concurrentiel.

A.E : Quelle est votre analyse sur la question de l’Entrepreneuriat féminin en Afrique ?

Je pense qu’il y a une réflexion sur l’Entrepreneuriat en général à mener. C’est-à-dire qu’il faut sortir de l’idée que le seul pourvoyeur d’emplois, c’est l’Etat. Le pourvoyeur d’emplois principal et le créateur d’emplois dans n’importe quelle société, c’est le Secteur Privé, par la richesse et la valeur ajoutée qu’il crée, ce n’est pas l’Etat. Les gens devraient avoir la mentalité de se dire « par mes propres ressources, je peux avoir de bonnes idées et lancer une activité qui va bien fonctionner ». Après, il faut psychologiquement que la personne soit prête à cela. Nous n’avons pas tous l’esprit d’Entrepreneuriat. Il y a des gens qui ont besoin d’être encadrés par des grosses structures ou qui sont plus passifs. Concernant les Femmes, il est évident qu’il y a une marge d’amélioration pour elles, quant à trouver leur place dans ce secteur ; mais j’ai presque envie de dire : au même titre que le reste de la société. Cela dit, puisque les Femmes ont tendance à prendre soin de la famille, à endosser un rôle plutôt domestique, il vaut la peine de leur rappeler que leur avenir est aussi à l’extérieur du foyer familial ; l’un n’est pas contre l’autre, les deux sont possibles.

A.E : Des Projets pour cette année 2022, au niveau de l’Ambassade de la Suisse en Côte d’Ivoire, pouvez-vous nous en citer quelques-uns ?

Nous n’avons pas encore parlé de l’autre gros volet des relations bilatérales (le premier, c’est l’Economie, on en a déjà parlé). Le deuxième, c’est le domaine de la Science et de la Recherche. Le Fonds de soutien à la Recherche Scientifique (5 milliards de FCFA), créé par la Suisse et géré conjointement par les deux pays, sera bientôt remis en mains ivoiriennes. Une Convention devra être signée à cette effet prochainement, une fois les derniers travaux administratifs réalisés. Ce Fonds génère beaucoup d’intérêts chaque année, qui financent des Projets de Recherches. Il est déjà actif depuis de nombreuses années, mais maintenant, c’est le capital qu’il faut remettre. Le deuxième gros chantier, c’est le lancement de plusieurs Projets de coopération au développement. Plusieurs Projets régionaux que la Coopération Suisse mène dans la région ont des activités et des répercussions en Côte d’Ivoire ; certains d’entre eux vont démarrer au début du mois de janvier 2022 ; d’autres verront de nouvelles phases démarrer prochainement. Deux Projets concernent les zones du Nord de la Côte d’Ivoire (Korhogo), et ciblent les infrastructures transfrontalières. Cela est très important pour essayer de développer un peu plus cette zone, en proie un peu à l’insécurité. Un autre Projet vise à favoriser la décentralisation ; un troisième Projet concerne la lutte contre le travail des enfants et l’amélioration des conditions de travail. Enfin, un dernier Projet cible les habitats vulnérables du Grand Abidjan. Cette série de Projets a fait l’objet de pré-évaluations l’année dernière (2021) et pourra donc démarrer cette année (2022). Mais j’insiste sur le fait qu’il s’agit de Projets régionaux, au sens où deux ou trois pays de la région en bénéficient, dont la Côte d’Ivoire. Ce sont les deux gros piliers de l’année 2022.

A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs

J’aime beaucoup la Côte d’Ivoire, je m’y sens très bien. Les gens sont très accueillants, souriants, paisibles. On mange bien, la vie est agréable, j’aime beaucoup aller à l’océan, me balader sur la plage ; découvrir des œuvres d’artistes; c’est un plaisir d’être ici. Merci infiniment pour cette interview que vous m’avez accordée.

 

                                                        Interview réalisée par Nadège Koffi

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