Selon le rapport mondial sur la Protection sociale de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) publié le mercredi 01 septembre 2021 par l’Institution, les pays à faible revenu doivent investir 77,9 milliards de dollars supplémentaires par année.
Dans un Communiqué de Presse transmis au site www.afriqueeconomie.net , par le service Communication de l’OIT de Côte d’Ivoire, ce rapport phare donne un aperçu mondial des évolutions récentes des systèmes de protection sociale, y compris les socles de protection sociale, et couvre l’impact de la pandémie de COVID-19.
En effet, la pandémie de COVID-19 a révélé et exacerbé les écarts de protection sociale entre les pays à haut et à faible niveau de revenus. « Plus de 4 milliards de personnes dans le monde restent totalement dépourvues de protection », indique le nouveau rapport de l’OIT.
Par ailleurs, la protection sociale comprend l’accès aux soins de santé et à la sécurité du revenu, notamment pour les personnes âgées, ainsi qu’en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, d’accident du travail, de maternité ou de perte du principal soutien de famille, ainsi que pour les familles avec enfants.
« C’est le moment critique pour utiliser la réponse à la pandémie et construire une nouvelle génération de systèmes de droits à la protection sociale. En protégeant les populations de futures crises, de tels systèmes donnent aux travailleurs et aux entreprises la sécurité nécessaire pour aborder avec confiance et espoir les multiples transitions qui les attendent. Nous devons reconnaître qu’une protection sociale complète et efficace n’est pas seulement essentielle pour la justice sociale et le travail décent mais qu’elle permet aussi de créer un avenir durable et résilient », déclare le Directeur Général de l’OIT, Guy RYDER.
Le rapport identifie les lacunes en matière de protection et formule des recommandations politiques clés, notamment par rapport aux objectifs du Programme de Développement Durable à l’horizon 2030. Actuellement, seuls 47% de la population mondiale est effectivement couverte par au moins une prestation de protection sociale, tandis que 4,1 milliards de personnes (53%) ne bénéficient d’aucune garantie de revenu par leur système national de protection sociale.
En matière de protection sociale, les inégalités régionales sont significatives. L’Europe et l’Asie centrale affichent les taux de couverture les plus élevés, 84% de personnes bénéficiant d’au moins une prestation de couverture sociale. Les Amériques sont aussi au-dessus de la moyenne mondiale, avec 64,3%. L’Asie et le Pacifique (44%), les Etats arabes (40%) et l’Afrique (17,4%) ont des lacunes manifestes en matière de couverture.
Dans le monde, la grande majorité des enfants n’ont toujours pas de réelle couverture de protection sociale, seul 1/4 (26,4 %) bénéficie d’une prestation de protection sociale. Seuls 45% des femmes ayant un nouveau-né reçoivent une allocation de maternité en espèces. Seule une personne gravement handicapée sur trois (33,5%) dans le monde touche une pension d’invalidité.
Concernant la couverture des indemnités de chômage, elle est encore plus faible : seuls 18,6% des travailleurs au chômage sont effectivement couverts. Si 77,5% des personnes ayant dépassé l’âge de la retraite perçoivent une pension de vieillesse sous une forme ou une autre, des disparités majeures subsistent entre les régions, entre zones urbaines et rurales, et entre hommes et femmes.
Les dépenses publiques relatives à la protection sociale varient considérablement elles aussi. En moyenne, les pays consacrent 12,8% de leur Produit Intérieur Brut (PIB) à la protection sociale (hors santé), cependant les pays à revenu élevé y consacrent 16,4% de leur PIB et les pays à faible revenu seulement 1,1%.
Le rapport indique également que le déficit de financement (les dépenses supplémentaires nécessaires pour assurer au moins une protection sociale minimale à tous) a augmenté d’environ 30% depuis le début de la crise de la COVID-19. Et donc pour garantir au moins une couverture de protection sociale de base, les pays à revenu intermédiaire inférieur doivent investir 362,9 milliards de dollars supplémentaires (15,9%) et les pays à revenu intermédiaire supérieur 750,8 milliards de dollars (3,1%) de plus par an de leur PIB.
Pour la Directrice du Département de la Protection Sociale de l’OIT, Shahra RAZAVI, il y a une énorme pression pour que les pays optent pour l’assainissement budgétaire, après les dépenses publiques massives liées aux mesures prises pour répondre à la crise, mais il serait extrêmement dommageable de tailler dans les dépenses de protection sociale ; c’est là et maintenant qu’il faut investir. « La protection sociale est un outil important qui peut générer des bénéfices sociaux et économiques de grande ampleur pour les pays à tous les stades de développement. Elle peut étayer l’amélioration de la santé et de l’éducation de la population, une plus grande égalité, des systèmes économiques plus durables, une meilleure gestion des migrations et le respect des droits fondamentaux. Pour bâtir des systèmes capables de produire ces résultats, il faut combiner les sources de financement et renforcer la solidarité internationale, notamment en soutenant les pays les plus pauvres. Mais les dividendes de la réussite dépasseront les frontières nationales pour profiter à tous», a-t-elle ajouté.
Notons que les mesures spécifiques visant à promouvoir la protection sociale universelle ont été mis en avant dans « l’Appel mondial » à l’action, en vue d’une reprise centrée sur l’humain, pour sortir de la COVID-19. Cet Appel à l’action, qui définit un Programme complet de reprise, a été adopté à l’unanimité en juin 2021 par les Etats Membres de l’OIT, représentant les Gouvernements, les Organisations de travailleurs et d’employeurs.
Nadège Koffi