Vétusté des Centres de Santé en Côte d’Ivoire, absence de plateaux techniques adéquats sur l’ensemble du territoire ivoirien, mauvais témoignages du corps médical, etc ; tous ces maux sont le cri de cœur de l’ensemble des populations depuis quelques temps au niveau du système sanitaire en Côte d’Ivoire.
Nous avons été attirés et marqués par l’initiative d’une jeune dame ivoirienne du nom de Mme Isabelle Laure KOFFI, Présidente de l’ONG AdoraDe, qui depuis moins de deux ans, est en train de faire bouger les choses à sa manière afin d’apporter sa pierre à l’édifice, aux côtés du Gouvernement ivoirien qui semble chercher à trouver des stratégies pour arriver à satisfaire les populations ivoiriennes dans le désarroi. Grâce au Projet « SANTÉ POUR TOUS » de Dame KOFFI, en collaboration avec l’ONG Sœur l’Amour du Prochain, estimé à un matériel médical d’environ 90 millions de FCFA, nos populations pourront très prochainement, espérer à mieux être suivi, soigné dans nos Centres de Santé.
Dans cette interview accordée à notre site www.afriqueeconomie.net , Mme Isabelle Laure KOFFI nous donne les raisons qui l’ont emmené à se lancer dans l’humanitaire ; nous dévoile ses Projets pour sauver le système sanitaire et éducatif ivoirien et lance un appel au Gouvernement ivoirien afin de l’appuyer dans cette cause noble dont elle s’est engagée.
A.E : Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Mme KOFFI Isabelle Laure, et je suis la Présidente de l’ONG AdoraDe. AdoraDe est une ONG Apolitique, dont le but essentiel est d’œuvrer en faveur et pour le bien être des personnes vulnérables. Le cœur de cible des actions menées par notre ONG, est l’intérieur de la Côte d’Ivoire.
A.E : Depuis quand avez-vous lancé votre Projet ?
Le Projet de la Banque Humanitaire, « La Banque du Cœur », fruit de l’ONG AdoraDe a été mis en place à la fin de l’année 2020.
A.E : Quelles ont été les motivations qui vous ont emmené à vous lancer ?
Durant toutes les activités que nous menions au sein de l’ONG AdoraDe, nous avons pris conscience de la situation alarmante de pauvreté, de manque, d’une grande frange de la population. La vétusté et le manque, voir même l’inexistence d’un minimum vital au niveau des hôpitaux dans certaines régions de la Côte d’Ivoire, en gros plusieurs maux, qui minent de façon viscérale notre pays en particulier et l’Afrique en général.
D’un autre côté il y’ a des personnes et des entités de bonne foi et de bonne volonté qui souhaitent aider et travailler dans le sens de soulager les personnes en détresse et ne savent pas vraiment où le faire et être sûr que cela servira effectivement. C’est partant de cette observation, qu’est née notre volonté de mettre sur place, une plate-forme qu’on a appelé « La Banque du Cœur (BDC) », qui est en fait une Banque Humanitaire, la 1ère en Côte d’Ivoire et en Afrique si je ne m’abuse.
A.E : Quelles ont été les difficultés rencontrées ?
Plusieurs difficultés ont été rencontrées au cours de notre cheminement notamment, le pessimisme de beaucoup de personnes rencontrées qui comprennent difficilement ou je pense, accepte mal que ce soit ce petit bout de femme sans le moindre « peso » qui puisse avoir une vision où un rêve aussi grand ; les portes de personnes ressources qui sont bien souvent fermées, scellées, la lourdeur du système ; les mauvais préjugés ; les difficultés financières. Il y’ a beaucoup à faire et peu de ressources ; mais toutes ces choses sont pour nous le carburant qui nous booste dans notre vision et nos démarches.
A.E : Avez-vous eu un soutien financier depuis lors ? Si oui de qui ?
Non, aucun soutien financier ; nous fonctionnons sur Fonds propres. Nous lançons de petits appels à contribution quand nous avons des actions à mener. Nous ajoutons ce que nous recueillons à ce que nous avons et nous menons l’action. D’autres fois, nous approchons des personnes qui veulent aider afin qu’elles soutiennent un cas bien précis. Nous profitons de la lucarne que vous nous faites pour remercier toutes les personnes qui croient en ce Projet et qui travaillent dans le sens de sa réalisation effective en Côte d’Ivoire dans un premier temps, et en Afrique à long terme.
A.E : Quels sont vos Projets à court et moyen termes ?
Pour 2021-2022, nous avons axé nos Projets sur trois points focaux qui sont notamment la Santé pour tous ; l’Autonomisation de la femme ; la qualité de l’Éducation et du bien-être des enfants.
Le premier grand Projet que nous allons développer incessamment, est le Projet « SANTÉ POUR TOUS » ; il vise essentiellement à doter gratuitement nos hôpitaux de matériels médicaux. Pour ce faire nous avons bénéficié d’un Partenariat technique d’une ONG française « L’ONG l’Amour du Prochain » dirigée par un confrère ivoirien, Serge KADIO. Ensemble, nous avons la vision d’une Côte d’Ivoire que dis-je, d’une Afrique, dotée d’équipements de pointes avec un personnel qualifié et professionnel, pour amenuiser les décès dus à la vétusté des plateaux techniques de nos hôpitaux en Côte d’Ivoire en particulier et dans certains pays Africains en général. Le test réalisé au Burkina Faso, pays frère, est la preuve que cette initiative n’est pas chose impossible en Afrique, comme certains ont tendance à le dire. Également, nous envisageons pour la rentrée scolaire 2022, déployer le Projet « QUALITÉ DE L’ÉDUCATION ET BIEN ÊTRE DES ENFANTS ». En effet le constat est réel, l’école ivoirienne est en crise. Nous procéderons comme habituellement à la scolarisation de certains enfants issues de familles démunies ; la distribution de kits scolaires complets ; la création de salles multimédia. Et le point focal de ce Projet, la sensibilisation de nos enfants a la qualité de vie pour un meilleur avenir. Enfin le volet Autonomisation de la femme par le Projet dénommé « TABITHA » ; ce Projet vise à travailler pour le bien-être et le bien vivre de la femme. Le point clé de ce Projet est la réinsertion et la reconversion (que nous croyons possible) des femmes incarcérées dans nos prisons. Ensuite permettre à des femmes de se former et ainsi pouvoir se prendre en charge. Comme le dit si bien Mme Akissi KOFFI, de l’ONG sœur IVD, « former une femme c’est éduquer une communauté ».
A.E : Quels sont à ce jour vos Partenaires techniques ?
A ce jour, nos Partenaires techniques pour ces différents Projets sont l’ONG « L’AMOUR DU PROCHAIN, L’ONG IVD et la Société MON TERROIR ». Ce sont en fait des Partenaires purement techniques, c’est à dire que nous partageons la même vision sur certains Projets, de ce fait, nous avons décidés de travailler ensemble, main dans la main pour l’effectivité de ceux-ci en Côte d’Ivoire, notre pays.
A.E : Quelle est l’équipe qui vous accompagne dans votre Projet ?
Nous avons une équipe de bénévoles, issue de toutes les couches sociales en Côte d’Ivoire et à l’étranger. Ensemble, nous travaillons dans le sens de la faisabilité et la réussite de toutes ses actions.
A.E : Que pensez-vous du système sanitaire ivoirien et quelles sont les propositions que vous pouvez donner afin qu’il y ait une meilleure amélioration ?
Le résumé de tout ce que je pourrai dire est qu’il y a beaucoup à faire et peu de bonne volonté de la part d’une frange des Acteurs de la Santé. Beaucoup de personnes viennent maintenant dans ce secteur pas par vocation ni par amour mais plutôt par contrainte. Ce problème doit être remédié pour une meilleure qualité des services, une meilleure gestion des hôpitaux. Aussi, nous constatons l’insuffisance de Centres de santé, qui est réel dans notre pays. Il y’ a des villages qui pourraient bénéficier ne serait-ce que d’une simple case médicale pour sauver des vies mais hélas. Également, l’insuffisance de plateaux techniques et de certains matériaux médicaux basiques représentent une plaie pour la santé en Côte d’Ivoire. Comme propositions, nous encourageons des initiatives comme celle que nous sommes en train de mener actuellement pour pouvoir, équiper le maximum de Centres de santé en Côte d’ivoire. Je ne suis pas aussi riche que certains c’est sûr, mais la flamme et le zèle qui brûle en moi pour la réalisation de ce Projet ne s’éteindra pas jusqu’à ce qu’on ait équipé le dernier Centre de santé en détresse en Côte d’Ivoire. Je ferai ce que je peux afin que ma voix porte auprès des autorités ressources et que des actions puissent être menées pour nous accompagner dans ce sens. Ce que je vais dire n’a rien de méchant, ni de xénophobe, mais quand je vois la joie du peuple burkinabé à recevoir des conteneurs de matériels médicaux, des ambulances, etc. Quand je vois l’implication du Gouvernement Burkinabé pour cette cause sanitaire pour leur nation, je me dis la mort dans l’âme, qu’est ce qui n’a pas marché dans mon pays ! Dans tous les cas je ferai ma part, j’ai la foi et je sais qu’avec l’aide de Dieu un vent nouveau pourra souffler sur les hôpitaux en Côte d’Ivoire.
A.E : Qu’attendez-vous du Gouvernement ivoirien ?
Nous attendons du Gouvernement ivoirien leur accompagnement, leur soutien. Que les portes nous soient ouvertes afin que nous puissions travailler pour le bien de tous. Nous ne pouvons certes par éradiquer toute la misère de ce monde, mais nous pouvons contribuer à la diminuer.
A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs
Que nous puissions être reçus si cela est possible par la Première Dame de Côte d’Ivoire, Mme Dominique OUATTARA, afin de lui présenter le Projet. Peut-être que de là, quelque chose de bon pourra sortir. Ne sait-on jamais. Je vous remercie infiniment de la lucarne que vous me faites ce jour. Je prie Dieu afin que ce message porte du fruit, qu’il parvienne aux oreilles autorisées et que demain Dieu voulant, nous puissions nous assoir et trinquer à la réussite d’un Social et d’un Humanitaire Émergent en Côte d’Ivoire ; c’est cela mon rêve.
Interview réalisée par Nadège Koffi