L’Espagne est un pays européen situé sur la péninsule ibérique qu’elle partage avec le Portugal et comprenant 17 régions autonomes à la géographie et aux cultures diverses. Avec pour capitale Madrid, ce pays du Sud de l’Europe occupe une superficie de 504.030 km2 et est le pays le plus étendu d’Europe de l’Ouest et de l’Union Européenne (UE) après la France ainsi que le troisième d’Europe derrière l’Ukraine et la France, si l’on exclut la partie européenne de la Russie. Plusieurs atouts économiques et touristiques caractérisent l’Espagne entre autres, une croissance d’environ 2%, bien avant la crise sanitaire mondiale ; les pays qui parlent l’espagnol représentent presque 10% du PIB mondial ; premier pays au monde en espaces de la biosphère qui représentent 12 % du territoire national et plus de 580 millions de personnes qui parlent l’espagnol dans le monde.
Dans une interview que nous a accordé l’Ambassadeur d’Espagne en Côte d’Ivoire, SEM Ricardo LÓPEZ-ARANDA JAGU, il nous parle des actions menées par son pays qu’il représente en Côte d’Ivoire depuis quelques années et confirme que la Côte d’Ivoire a des atouts économiques des plus remarquables sur le continent africain, mais qu’il faudrait surtout une stabilité afin de renouer avec une croissance inclusive qui permettra d’ouvrir plus d’opportunités et qui continuera de faire de la Côte d’Ivoire, un cadre de croissance et de la stabilité régionale.
A.E : Présentez-vous à nos lecteurs Excellence
Je m’appelle Ricardo LÓPEZ-ARANDA JAGU, je suis arrivé en Côte d’Ivoire en août 2018 ; j’ai présenté mes lettres de créances comme Ambassadeur d´Espagne en novembre 2018.
A.E : Quelles ont été vos actions depuis que vous êtes à la tête de l’Ambassade ?
L’activité diplomatique s’étend sur l’ensemble des relations entre nos deux pays. Et disons qu’en premier lieu, il y a bien sûr la solidité des relations politiques. Les relations entre la Côte d’Ivoire et l´Espagne sont très bonnes. Cette action politique se situe dans le cadre du Plan du Gouvernement espagnol vers l’Afrique Subsaharienne, où la Côte d’Ivoire est identifiée comme un pays prioritaire pour diverses raisons ; par sa proximité géographique, par sa croissance économique, par son importance régionale. Et donc, nous avons un intérêt très particulier à maintenir de bonnes relations sur le plan économique et commercial et de coopération avec la Côte d’Ivoire. Sur l’aspect de développement, il existe divers instruments pour renforcer nos relations. Nous avons d’abord un Programme de conversion de la dette en investissements sociaux, à hauteur de 52 millions d’euros (34 milliards de FCFA) qui est en exécution. En outre, nous avons proposé d´octroyer des crédits concessionnels en partenariat avec Banque Mondiale dans des secteurs comme la lutte contre l’érosion côtière ou l’assainissement et la résilience urbaine ; plus des mécanismes pour l’internalisation des Entreprises espagnoles, dans le cadre desquels nous avons aussi réalisé des initiatives concrètes. A part cela, il y a la dynamique du Secteur Privé lui même. Et là nous observons un engouement croissant des Entreprises espagnoles pour la Côte d’Ivoire. Depuis 2012 il y a eu 300 Entreprises qui sont venues en mission organisée par notre Bureau Économique et Commercial au sein de l’Ambassade d’Espagne en Côte d’Ivoire, et nous les invitons à profiter des opportunités d´investissement en Côte d’Ivoire. Cette année, à cause de la crise sanitaire mondiale, nous n’avons pas pu effectuer cela de façon présentielle, mais nous continuons d’avoir des Entreprises espagnoles qui s’intéressent à la Côte d’Ivoire et qui la visitent virtuellement. A part cela, j’organise des réunions semestrielles avec des Entreprises espagnoles déjà installées en Côte d’Ivoire ; il y a 47 Entreprises qui ont un pied à terre ici (des Représentants ou d´autres mécanismes de présence stable en Côte d’Ivoire). La prochaine réunion que j’aurai avec ces Entreprises aura lieu le 02 décembre 2020 à Abidjan ; nous la ferons de façon présentielle avec le respect des mesures barrières liées à la pandémie. Et en plus de cela, on essaye d’aider et d’accompagner les Entreprises dans leur présence en Côte d’Ivoire. Nous sommes en pourparlers avec les autorités ivoiriennes pour arriver à un accord de protection et de promotion des Investissements et pour une convention pour éviter la double imposition ; ce sont des processus en marche.
J’ajouterai dans mes actions un volet important qui est celui de la langue et de la culture. Comme vous savez, l’Espagne est une langue universelle car il y a plus de 580 millions de personnes qui la parlent dans le monde. C’est aussi un atout économique ; les pays qui parlent l’espagnol représentent presque 10% du PIB mondial et en Côte d’Ivoire, il y a 565.000 personnes qui étudient l’espagnol chaque année ; donc il s’agit sur cette base d’essayer de relancer l’apprentissage et la qualité de l’enseignement en espagnol. Pendant mon séjour en Côte d’Ivoire, j’ai organisé une séance de formation de formateurs avec des Professeurs espagnols, en collaboration avec le Ministère ivoirien de l’Éducation nationale. Nous avons aussi appuyé divers Congrès et Associations de Professeurs d’espagnols qui sont très actifs et dynamiques. Dans ce cadre, prochainement sera publiée une édition pour enfants du « Don Quichotte» en langue Espagnole, préparée par les Professeurs d’espagnol ici en Côte d’Ivoire et illustrée par les enfants ivoiriens eux-mêmes; je pense que ça va être un beau Projet. Prochainement aussi est prévue l´arrivée, et c´est quelque chose à laquelle je me suis attelé et que je suis très content de voir qu’elle va aboutir ; d´un Représentant de l’Institut Cervantès, qui est notre Institut officiel d’apprentissage de la langue espagnole, qui va être détaché ici en Côte d’Ivoire de façon permanente à partir du mois de février 2021. A part cela nous sommes en train de donner les pas nécessaires pour que des Professeurs d’espagnols viennent de l’Espagne et donnent des cours de façon permanente dans certaines Universités ivoiriennes.
Et finalement il y a le volet culturel. Nous avons une bibliothèque au sein de l’Ambassade, avec plus de 7.000 livres en espagnol, et les personnes qui souhaitent peuvent passer et s’inscrire à notre bibliothèque afin d’emprunter et lire nos livres (quoi que à présent ce service est interrompu à cause de la COVID-19). Nous organisons diverses activités culturelles ; par exemple l’année dernière (2019), nous avons reçu un Groupe de danse qui a fait une chorégraphie qui a fusionné le Flamenco avec les rythmes ivoiriens. Et cette année, le 19 novembre 2020, nous avons organisé aussi une activité culturelle avec la Fondation Amadou Hampâté BÂ, de dialogue culturel, dans lequel des textes de Cervantès et des textes d’Amadou Hampâté BÂ se sont parlé à travers des siècles, avec le sujet commun de l’humour et la paix comme objectif. Je viens de clôturer le 30 novembre 2020, la « Semaine gastronomique espagnole », où nous avons montré nos Produits, qui sont connus mais que l´on pourrait connaître encore mieux en Côte d´Ivoire. Nous avons aussi organisé une formation de cuisiniers et de Chefs ivoiriens, sur la façon de faire de la cuisine espagnole. Et nous avons un très bon Projet finalement, que nous avons déjà réalisé en 2019, qui est la représentation d’une pièce de théâtre d’un auteur classique espagnol mais tout à fait transformée et convertie en une pièce ivoirienne. En 2019 cela a été le cas de la pièce « Fuenteovejuna ou le courage des femmes » qui a été représentée à l’Institut français, puis qui est allée en Espagne où il a eu un grand succès au Festival de Amalgro, qui est le plus grand festival de théâtre classique Espagnol. Et cette année, on veut refaire la même chose avec une autre pièce. Cette pièce c’est « Don Juan », un classique espagnol qui va être représenté le 04 décembre 2020 à l’Institut français d’Abidjan et nous espérons qu’il puisse voyager en Espagne l’année prochaine (2021) et connaître un succès semblable a celui qu’a connu « Fuentevojuna ». Donc, comme vous voyez, c’est une panoplie d’actions très riches et diversifiées en Côte d’Ivoire que nous menons de l’avant.
A.E : Pouvez-vous nous dénombrer le nombre de vos ressortissants sur le territoire national ivoirien ?
Le nombre est plus ou moins de 400 personnes ; c’est un chiffre qui varie bien sûr. Ce sont des personnes qui sont ici de longue date, qui souvent ont des relations familiales de mariage en Côte d’Ivoire ; et nous avons dans cette colonie une quarantaine de religieux qui font des activités d’appui social notamment dans le secteur de la Santé et de l’Éducation. Et ce que nous avons de plus en plus, ce sont des Expatriés qui viennent avec des Entreprises espagnoles ; qui viennent faire des grands travaux et donc il s’agit de la partie croissante de notre colonie en Côte d’Ivoire.
A.E : Combien d’Entreprises espagnoles sont installées en Côte d’Ivoire Excellence ? Et dans quels domaines sont-elles plus représentées ?
Il y a 47 Entreprises qui ont une forme de Représentations en Côte d’Ivoire, que cela soit à travers des Représentations directes, que se soit par des franchises, etc. Et les secteurs sont très variés, très hétérogènes. Le secteur exportateur espagnol est composé principalement de Petites et Moyennes Entreprises (PME). Ce sont elles qui prennent les initiatives de venir et de trouver des niches de marché en Côte d’Ivoire. Donc, cela est très diversifié, en fonction de leurs activités, de leurs capacités à trouver ces niches de marché. Nous avons par exemple une présence accrue d´importantes entreprises de génie civil et de BTP (BTD, MAKIBER, ACS, TSK, etc), qui font des travaux important en Côte d’Ivoire ; des Consultants pour s’installer en Côte d’Ivoire et dans l’Afrique occidental (How To Go) ; des Institutions Financières (Banque d’Abidjan), des Entreprises dans le secteur de l’Hôtellerie (La Playa à Grand-Bassam) ; dans la Distribution et dans l’Importation d’aliments espagnols (GB Foods, ESMISA, SMÖOY, etc). Il y a une école très importante de Business School (MDE Business School), qui a sa maison mère à Barcelone (Espagne) et qui a une succursale très connue et très active à Abidjan. Il y a aussi des Entreprises dans le secteur du Cacao (SIDCAO) et des franchises de marques espagnoles dans le secteur du Textile (Mango, Zara, Pretty Ballerinas,). Au niveau de l’Energie et des Énergies Renouvelables (AEE Power, Audit et Gestion d’Energie, Grupo Cobra-ACS, etc). Au niveau de la Santé (MOTORO Chiropratique). Au niveau de la Livraison à domicile (GLOVO). Au niveau des Télécommunications (QUANTIS). Au niveau de l’Automobile (SEAT), etc.
A.E : Pouvez-vous nous faire un bilan de la Coopération entre l’Espagne et la Côte d’ivoire de 2019 à 2020 ?
Ces dernières années nous nous sommes attelés à l´exécution du Programme de conversion de la dette en investissements sociaux que j´ai mentionné (34 milliards de FCFA). Il s’est agi notamment de la construction qui est en cours d’un château d’eau à Abobo (commune de la capitale économique) pour 5,2 milliards de FCFA et d’un poste source électrique aussi à Abobo-Anyama, pour 10,6 milliards de FCFA. Et la phase suivante c’est la réhabilitation du réseau de distribution d’eau potable à Abobo pour 8,6 milliards de FCFA, liée au château d’eau. Et du côté électrique, l’extension du réseau électrique à Abobo pour un montant de 5,2 milliards de FCFA. A part cela, dans le cadre du Fonds de l’Internalisation des Entreprises espagnoles, en partenariat avec le Gouvernement ivoirien, une entreprise espagnole est en train de construire un Centre de formation pour les Énergies Renouvelables à Yopougon, auquel nous contribuons avec 5,5 milliards de FCFA et le Gouvernement ivoirien fait aussi une contribution. Donc, ce sont des Projets qui sont en cours mais certains sont avancés et certains sont en phase initiale.
Pour les actions dans le futur, les négociations sur un accord de protection et de promotion des investissements et de la convention pour éviter la double imposition doivent déboucher sur instruments importants pour que les Entreprises espagnoles se sentent plus à l’aise en venant investir en Côte d’Ivoire.
Il y a d’autres Projets qui dont l’exécution dépend de l’évolution de la COVID-19. Avant la COVID-19 nous avions prévu d’organiser une Foire des Investissements (faire venir des Entreprises espagnoles intéressées à investir en Côte d’Ivoire), et pour cela à présent nous sommes dans l´attende de l’évolution de la pandémie. Mais comme vous voyez, même si il y a certaines choses qui sont entre parenthèses, dans d’autres domaines, nous avons continué à travailler d’arrache-pied. Dans le secteur de la Coopération, je vous ai mentionné la proposition de financement avec la Banque Mondiale de divers Projets à hauteur d’environ 60 millions d’euros qui devraient avoir un impact important sur la lutte contre l’érosion côtière et pour l’assainissement et la résilience urbaine. Ce sont des Projets qui sont en phase initiale et qui doivent être mis en marche. Plus il y a dans le domaine de la langue et de la culture dont je vous ai également parlé. Tout ce que j’ai mentionné en fait cela se projette dans le temps et ce sont des actions qui vont avoir une continuité.
A.E : Quels sont Excellence les échanges commerciaux entre les deux pays de 2019 à 2020 ?
Pour 2020, nous n’avons pas encore les chiffres consolidés, quoique les chiffres seront sans doute inférieurs à ceux de 2019 à cause des effets économiques de la COVID-19; mais ils sont quand même considérables. Pour 2019, les exportations ont été de 151 milliards de FCFA (exportation espagnoles vers la Côte d’Ivoire) et les importations venant de Côte d’Ivoire ont été de 270 milliards de FCFA. Nous avons normalement tous les ans un déficit assez important dans nos relations commerciales en faveur de la Côte d’Ivoire. Et je pourrai ajouter que par rapport à 2018, les exportations de l’Espagne ont augmenté à 5% et les importations de la Côte d’Ivoire en Espagne ont augmenté de 17% ; donc on est dans une trajectoire d’ascension qui va être un peu coupée en 2020 à cause de la COVID-19, mais on espère qu’elle continuera dans le futur.
A.E : Nous savons tous que cette crise sanitaire mondiale a eu des conséquences désastreuses pour chacun des pays. Pouvez-vous nous faire un bilan de la politique exécutée par l’Espagne face à cette crise ?
Il y a deux dimensions à la réponse espagnole ; la dimension interne et la dimension internationale. En ce qui concerne la dimension interne, il y a eu bien sûr en premier lieu la préoccupation sanitaire. Et cela a eu comme conséquence la déclaration de l’état d’urgence en mars 2020, qui a duré jusqu’en juillet 2020. Et puis une deuxième déclaration d’état d’urgence en octobre 2020, qui va s’étaler jusqu’en mai 2020. Le premier état d’urgence a été marqué par le confinement, la paralysie des activités économiques, sauf les services basiques. Cette deuxième phase est une phase plus modulée, en fonction des circonstances du terrain. D’ailleurs les communautés autonomes, les régions en Espagne qui ont un rôle très important dans la gestion de l’Administration espagnole ; chacune d’elle module l’application des mesures qui ont été autorisées par un cadre juridique établit par le Gouvernement national. Et donc il y a un couvre-feu dont les horaires peuvent être modulés par les communautés autonomes. Il y a une limitation des déplacements, une limitation des rassemblements, le port du masque obligatoire, quand il n’y a pas la possibilité de garder la distanciation sociale suffisante, l’application des mesures d’hygiènes, notamment dans le milieu du travail. Cela est le côté sanitaire. Mais il y a aussi le volet économique très important pour maintenir l’économie, de telle sorte que l’on puisse redémarrer en 2021 pour limiter les effets pernicieux de la COVID-19 sur le tissu productif. Et là le Gouvernement a pris des mesures fiscales, des mesures sur les cotisations sociales pour alléger la pression sur les Entreprises afin qu’elles puissent se remettre plus facilement en 2021. Dans le même sens l´Union Européenne a approuvé un Fonds de relance dont l´Espagne peut bénéficier à hauteur de 140 milliards d’euros, qui va permettre au continent européen de redémarrer en force et de ne pas perdre le tissu productif pendant cette période d’inactivité causée par la pandémie. Il y a aussi, en troisième lieu, un volet social pour protéger les personnes vulnérables. Le Gouvernement espagnol a d’abord mis sur place un revenu vital minimum qui est une mesure très novatrice au niveau international. Il a mis en place aussi un système d’appui temporaire aux Entreprises, pour que les travailleurs puissent maintenir une grande partie de leur salaire et ne pas être licenciés ; pour maintenir l’intégrité des entreprises pendant cette crise de telle sorte qu’elles puissent reprendre leur activité normale en 2021. On a pris aussi des mesures concrètes pour proroger automatiquement les loyers des personnes vulnérables et pour empêcher les évincements de personnes qui ne pouvaient pas payer pendant cette période leur prêt hypothécaire.
Quant à la dimension internationale, l’Espagne a approuvé une stratégie de la coopération contre la COVID-19 qui a été un effort de coordination de tout ce qui est fait au niveau national mais aussi régional et local ; et même en tenant compte les ressources des Entreprises espagnoles pour donner une réponse qui soit cohérente et qui permette de mettre nos ressources au service de l’aide pour lutter contre ce fléau moderne. Dans cette boîte à outils il y a eu des instruments financiers, mais il y a eu aussi l’aide humanitaire à travers des ponts aériens pour faciliter cette aide ; etc. L´Espagne a appuyé les Nations Unies, en particulier l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans la lutte contre la pandémie. Mais aussi des initiatives concrètes comme le GAVI ou la CEPI qui sont des alliances internationales pour arriver à des vaccins de façon rapide et que ces vaccins soient accessibles à tous rapidement. Par exemple nous avons octroyé 50 millions d’euros au GAVI et 75 millions d’euros au CEPI. Nous avons également soutenu d’autres Instruments pour outiller nos Partenaires dans la lutte contre la COVID-19. Dans le cadre du G20 nous avons accordé la remise temporaire du paiement des intérêts de la dette des pays les plus vulnérables ; et l’Espagne est favorable à avancer encore plus dans le terrain de l’allègement de la dette des pays les plus endettés, au vu de la circonstance de la COVID-19, pour leur permettre de mieux passer cette étape difficile. Dans le cadre européen une série de mesures qui ont été prises qui ont montré la capacité de l’UE à se coordonner. Il y a eu d’abord un effort financier très important de 1824 milliards d’euros qui a été fait collectivement. Il y a les mesures que nous avons prises collectivement pour gérer l’accès au territoire européen afin de limiter les possibilités d’expansion du virus. Les initiatives de solidarité financière européenne, mais aussi la solidarité concrète entre pays membres (facilitation de lits d’hôpitaux là où c’était nécessaire) ; la création de stocks de matériels sanitaires ; la création de mécanismes afin de maintenir le travail ; la flexibilisation des aides d´État aux Entreprises afin de leur permettre de résister à la crise sanitaire mondiale ; et vers l’extérieur, l´Union a consenti une aide internationale importante.
A.E : Si on vous demandait de présenter les potentialités économiques et touristiques de l’Espagne pour des touristes en vue, que pouvez-vous dire ?
En ce moment il faut distinguer que dans l’UE nous n’avons pas suspendu la libre circulation des personnes ; donc il y a une possibilité de mouvements internes. Par exemple, les îles Canaries est une région où l’incidence de la COVID-19 est basse et donc il y a un tourisme européen qui s’y rend. Cette possibilité dans l’espace Schengen existe mais il y a quand même des restrictions pour y accéder. En dehors de l’espace Schengen, des restrictions qui varient en fonction de la situation sanitaire des pays tiers.
Quant aux potentialités touristiques de l’Espagne, nous sommes le deuxième pays du monde en réception de touristes. Et nous avons une série d’atouts, je dirai peut-être d’abord l’esprit accueillant qu’ont les espagnols, aussi les infrastructures et les ressources pour bien accueillir tous nos visiteurs. Après il y a un certain nombre de conditions objectives. Par exemple l’Espagne est le premier pays du monde en plages qui ont le « drapeau bleu », qui est le drapeau qui certifie la qualité des plages par les normes de l’UE. C’est le premier pays du monde en espaces de la biosphère qui représentent 12 % du territoire national ; donc si on aime la nature, c’est un cadre idéal, les paysages sont très variés. L’Espagne a une géographie très riche qui va du Nord plus vert, pluvieux, à un Sud plus chaud et où la plage semble être une option plus évidente. Nous sommes le troisième pays du monde en sites déclarés patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO ; donc il y a aussi un tourisme culturel qui est très important. Nous avons le Musée du Prado à Madrid, la Sagrada Familia à Barcelone, l´aqueduc de Segovie ; des villes extraordinaires comme Cordoue, Grenade, Séville, Santiago de Conpostela avec sa cathédrale, etc., etc. Ce sont vraiment des villes qui toutes ont des trésors architecturaux et historiques et qui méritent la visite. Et puis nous avons aussi des traditions très riches et importantes. Je citerai entre autres, les Castelles (châteaux d’hommes qui se font en catalogne jusqu’à hauteur de 9 personnes), les Fallas, à Valencia, qui est une fête où l’on fait des sculptures en bois très belles et la nuit du 19 mars on les brûle toutes, sauf une pièce qui est sauvée du feu par le choix des citoyens ; le Carnaval dans les îles Canaries qui est très vivace et joyeux ; ou la Semaine Sainte qui est vécue de façon intense en particulier dans le Sud du pays et qui mérite d’être partagée. Nous avons les « Sanfermines », à Pampelune, une fête qui est célébrée à partir du 07 juillet, où on fait courir les taureaux à l´arène et où les populations participent ; c’est spectaculaire mais dangereux. L’Espagne a été désignée comme le pays du monde le plus sûr pour voyager seul; donc c’est un pays on a beaucoup de sécurité et cela est un atout que je pense qui est important. Au niveau de la gastronomie, elle est très variée, en passant par le vin ; mais aussi de plats (Paella, Produits liés aux agneaux, au Jambon l’Ibérique, Gazpacho, etc.). Au Nord, nous avons également les produits de la Pêche (grande offre de tout ce qui est fruits de mer et poissons). J’inviterai donc les ivoiriens et tous ceux qui sont intéressés à s’y rendre ; bien évidemment quand nous serons dans une situation de stabilité au niveau sanitaire et de libre circulation.
A.E : Quelle est votre analyse sur le travail des enfants dans plusieurs pays dont celui de la Côte d’Ivoire ?
C’est une question dans laquelle nous savons que le Gouvernement ivoirien est notamment, la Première Dame, Mme Dominique OUATTARA, est en train de faire un travail important ; et cela est apprécié parce ce qu’en effet nous sommes dans une situation où les pays de l’Europe sont chaque fois plus sensibles à la question du travail des enfants et à la question de la déforestation. Et étant donné que l’Europe est le marché principal des exportations notamment du Cacao de la Côte d’Ivoire, c’est un dossier qu’il est nécessaire de suivre de près en Côte d’Ivoire, justement pour éviter qu’il ait des conséquences défavorables dans les flux d’exportations (l’Espagne importe presque 100.000 tonnes de cacao par an de la Côte d’Ivoire). Et donc, il y a en ce moment au sein de l’UE, une discussion sur le cadre règlementaire pour les importations en commun ; un débat qui se traduira dans des règlementations sur comment faire en sorte d’être sûrs que les importations ne soient pas entachées du travail des enfants et de déforestation. Et il est important donc que nous ayons un dialogue avec le Gouvernement ivoirien pour être en phase et aller de l’avant dans la lutte contre le travail des enfants et de la déforestation, et pour maintenir le haut niveau de nos importations dans le secteur du cacao notamment.
A.E : Quelle est votre analyse sur l’immigration clandestine de nos Jeunes africains vers l’Europe ?
Là je commencerai par nier la perception de l´Europe comme « Eldorado » de toutes les opportunités, parce ce qu’avant la COVID-19, l’Espagne allait relativement bien en termes économique, avec une croissance d’environ 2% ; mais aucun pays européen, même l’Espagne qui était à la tête de la croissance européenne, n’avait les taux de croissance de la Côte d’Ivoire. C’est pour dire que si on parle d’opportunités, c’est peut-être ici qu’il faut les chercher, parce ce que c’est ici que cette croissance importante se produit. Et c’est d’ailleurs ici que les Entreprises européennes viennent pour essayer de trouver des marchés croissants et avec fort potentiel. Je dirai qu’aller en Europe à l’aveuglette, à la recherche d’opportunités économiques, c’est aller vers un mirage. Bien sûr que l’Europe aura besoin et a besoin de l’immigration, mais c’est une immigration règlementée, qui assure que les personnes qui vont et qui y iront en Europe, en particulier en Espagne, vont dans les bonnes conditions et contribuent à leur propre bien-être, mais aussi au bien-être de la société espagnole, de la société européenne. Mais, essayer de prendre des raccourcis et de rentrer de façon irrégulière dans l’espace européen, c’est d’abord mettre en danger sa propre vie ; et c’est probablement ne pas trouver des opportunités qu’on espère, car les marchés du travail en Europe sont en difficulté en ce moment de crise. Donc, pour résumer, je pense que l’immigration est un phénomène positif si elle est règlementée, si elle se produit dans un cadre dans lequel il y a une offre et une demande qui se rencontrent ; mais que c’est un phénomène pernicieux si elle est irrégulière, parce ce qu’elle met en danger la vie des personnes et parce ce qu’elle crée des distorsions à l’arrivée qui se traduisent par insatisfaction, pauvreté et désespoir. Et donc ce que j’exhorterai, aux personnes qui pensent aller en Europe, d’abord si elles pensent que leur futur n’est pas en Afrique ; d’abord qu’elles réfléchissent si la question de leur avenir ne se trouve pas plutôt en Afrique mais en Europe, qu’elles pensent comment y aller dans les normes qui leur permette d’éviter des risques et de s’insérer dans une logique de croissance positive pour les uns et pour les autres.
A.E : Quelle est votre analyse Excellence sur l’environnement politique et social au niveau de la Côte d’Ivoire ?
Nous suivons de près l’évolution de la Côte d’Ivoire, qui est remarquable depuis 2012, avec une grande stabilité politique et une bonne croissance économique. Maintenant avec les élections présidentielles, nous avons vécu une période de tensions et ce que nous souhaitons c’est que ces tensions s’apaisent et que le dialogue qui a été entamé puisse déboucher sur une réconciliation qui permette une normalisation de la vie politique ivoirienne. En tant qu’Ambassadeur, avec mes Partenaires Européens j’ai suivi de près le déroulement des dernières élections présidentielles (31 octobre 2020) ; nous avons eu des contacts avec tous les partis politiques pour essayer de contribuer à un climat de paix et la démocratie. Vous avez pu constater dans la presse que le Gouvernement espagnol a émis un Communiqué dans lequel il salue la rencontre entre le Président Alassane OUATTARA et l´ancien Président Henri Konan BEDIE, dans l’espoir qu’elle ouvre la voie à une véritable réconciliation nationale. Mais je dirai que cet apaisement est la responsabilité des ivoiriens eux-mêmes, et donc l’appel qu’a fait notre déclaration sur la situation en Côte d´Ivoire est que les acteurs politiques ivoiriens montrent la générosité et le courage nécessaires pour pouvoir atteindre cet objectif d’une réconciliation, qui laisse derrière elle les situations de tension que nous avons vécues ces derniers mois.
A.E : Votre mot de fin Excellence
Mon mot de fin c’est que je crois beaucoup en la Côte d’Ivoire. Je pense que les ivoiriens sont très actifs et créatifs, qu’ils ont beaucoup à offrir et que c’est un pays que nous en tant qu’espagnols nous devons encore découvrir et être beaucoup plus présents ; et que je suis sûr que les ivoiriens, qui sont très attachés à la paix, sauront trouver la voie d’une sortie de situation actuelle et renouer avec une croissance inclusive qui permettra donc d’ouvrir plus d’opportunités et qui continuera de faire de la Côte d’Ivoire, un cadre de croissance et de la stabilité régionale. Merci également à votre site www.afriqueeconomie.net , qui nous a donné cette opportunité de présenter nos actions au sein de ce beau pays.
Interview réalisée par Nadège Koffi