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Jean-Paul CARTERON, Président Fondateur du Forum Crans Montana « C’est une véritable révolution qui est générée par ce virus ; et c’est assez intéressant parce ce que c’est un nouveau monde qui nous attend »

Jean-Paul CARTERON, Président Fondateur du Forum Crans Montana « C’est une véritable révolution qui est générée par ce virus ; et c’est assez intéressant parce ce que c’est un nouveau monde qui nous attend »

Président Fondateur du Forum de Crans Montana, qui s’est créé il y a maintenant 35 ans, au niveau de Dakhla (Maroc-Afrique du Nord). Il est également l’initiateur de plusieurs autres évènements importants qui essaient de positionner le continent africain dans le concert des nations.

Dans une interview accordée au site www.afriqueeconomie.net via whatsApp afin de nous parler de l’actualité de ce moment notamment, la crise sanitaire mondiale qui a dû arrêter pas mal d’activités internationales dont celui du Forum Crans Montana qui devrait avoir lieu du 18 au 21 mars 2020 à Dakhla (Maroc) et freiner le Secteur du Tourisme pour tous les pays.

M. CARTERON n’a pas voulu rester en marge sur la situation qui prévaut également dans le Sahara marocain, en donnant sa position.

 

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis le Président Fondateur du Forum de Crans Montana, qui s’est créé il y a maintenant 35 ans. Nous avons un certain nombre d’activités déclinées qui sont l’African Women’s Forum, qui est consacré à la Promotion de la Femme africaine ; nous avons le Club des Ports, qui est consacré à l’Industrie maritime africaine notamment et puis nous avons l’IUHEI Crans Montana Institute, qui est un Institut de poste Graduate de haut niveau, qui a pour objectif d’apporter de la connaissance et de la Formation continue au plus haut niveau de l’État, au niveau des Ministres, de leurs Conseillers, des grands décideurs et Experts des Gouvernements.

 

 A.E : Quelles sont vos impressions et avis sur la situation sanitaire mondiale, en ce qui concerne les évènements internationaux, qui se sont tous arrêtés de façon physique, mais de façon virtuelle continue d’avoir lieu ?

Écoutez les activités évènementiels sont toutes arrêtées ; le Forum de Crans Montana est arrêté depuis le mois de mars 2020 ; nous avons eu 15 jours avant l’annulation de notre grand Forum au Maroc, qui devait rassembler 1.500 personnes ; puis celui du mois de juin 2020. Il est évident que du mois de juin au mois de décembre 2020, rien n’a été possible. Il est vraisemblable que jusqu’à l’été prochain, rien ne sera possible. Mais au-delà de tout cela, je pense que la situation sanitaire nous amène à reconsidérer la totalité de nos concepts traditionnels, de nos habitudes, de notre manière de faire ; et tout est à revoir. Les gens changent, les gens sont tous aujourd’hui dans une position qui fait qu’on rejette le passé. C’est une véritable révolution qui est générée par ce virus ; et c’est assez intéressant parce ce que c’est un nouveau monde qui nous attend.

 

 

A.E : Quelle est aujourd’hui votre actualité ?

En ce qui concerne l’actualité du Forum, il faut attendre. Nous sommes en position de reconsidérer, de redéfinir les manières dont nous pouvons continuer à travailler. Là je viens de terminer une très grande Conférence Internationale par visioconférence, avec l’Union Africaine (UA) et avec l’ONUDI ; on essaie le mieux possible de continuer à garder des liens, à échanger, à travailler ; mais c’est très difficile parce ce que le présentiel est une chose qui est quelque chose de fondamentalement important.

 

A.E : Que pensez-vous de la Coopération Sud-Sud, de l’Afrique ?

La Coopération Sud-Sud est un élément déterminant pour l’Afrique, dans la mesure où pendant de nombreuses années, on a parlé de Coopération Nord-Sud ; mais les pays du Nord pour la plupart sont plus ou moins en faillite, donc l’Afrique n’a pas grande chose à attendre. Par contre, si on prend la ceinture des pays du Sud, qui part du Brésil et qui passe par l’Afrique, qui continue sur le Golf, qui continue sur la Malaisie, Singapour, l’Inde, l’Indonésie, la Chine et le Japon, on s’aperçoit que là se trouve l’avenir du monde. Et l’Afrique est un centre de gravité de la Coopération Sud-Sud, dans la mesure où elle est le seul territoire à posséder des ressources énergétiques stratégiques sur la mer ouverte. Si l’on regarde bien ce qui se passe dans le monde, on s’aperçoit notamment que le Gaz et le Pétrole sont toujours situés quant au gisement, dans des zones géo stratégiquement menacées ; alors que les ressources de l’Afrique donne sur la mer. Alors il reste bien la petite hypothèque de la piraterie ; mais il est bien claire que si on avait la volonté politique de mettre fin à la piraterie, il y en a pour 24 heures, avec quelques hélicoptères, les missiles destinés à éliminer les pirates ; mais notre religion droit delomiste fait qu’on prend beaucoup d’égard et que l’on affecte gravement la circulation maritime, en ne réduisant pas d’une manière brutale et définitive toutes les tentatives de piratage qui existent.

 

A.E : Nous savons que le Forum Crans Montana a surtout pour objectif entre autres, de contribuer à la reconnaissance internationale de l’intégrité territoriale du Royaume, mettre Dakhla sur la carte des grands rendez-vous internationaux, positionner Dakhla comme le laboratoire de réflexion sur l’Afrique et la Coopération Sud-Sud et un trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine, accompagner le développement économique et social des populations de Dakhla. Pensez-vous que vous avez atteint cet objectif ?

En ce qui concerne l’intégrité territoriale du Maroc, vous savez que c’est un faux problème que nous ne considérons pas comme un problème. Ce que l’on appelle le Sahara occidental était un territoire qui depuis très longtemps ;  je crois à la fin du 19ème siècle avait été colonisé par l’Espagne. Mais ce qui est important, c’est de bien réaliser à qui les colons espagnols avaient pris ces terres ; c’était au Maroc, c’étaient des terres marocaines car on réalisait bien que l’Empire Alaouite qui remonte historiquement de nombreuses années en arrière, l’Empire Alaouite allait jusqu’à Dakar. Et puis, celui qui s’est battu pour la décolonisation du Sahara occidental, c’est le Roi Hassan II ; et vous savez qu’il existe une liste des territoires à décoloniser, sur laquelle figure le Sud du Maroc, l’ancien Sahara occidental. Mais savez-vous que celui qui a fait inscrire ce territoire sur cette liste, c’est le Roi du Maroc lui-même, de manière à combattre la colonisation espagnole et à faire partir les espagnols. Et lorsque les espagnols sont partir, le Maroc a repris ses territoires et l’Algérie, elle s’est appuyée sur cette liste en la ravivant à tout prix pour parvenir à faire croire que ces territoires étaient colonisés par le Maroc ; mais ils sont marocains. Donc, on se trouve dans une situation stupide qui procède simplement du désir du pays voisin d’essayer d’avoir une fenêtre sur l’Atlantique pour ses débouchés internationaux. Mais, ce n’est pas un problème ; cela n’a jamais été un problème ; il y a simplement que depuis 45 ans, il y a des gens qui crient dans tous les sens pour prétendre à une autodétermination ; et moi je peux vous dire une chose, il n’y aura jamais de référendum d’autodétermination dans les territoires du Sud Maroc, pour la simple raison que le Maroc est chez lui et que c’est un fait historique dont il faut tourner la page.  

 

A.E : Pourquoi vous focalisez-vous sur la région de Dakhla et non pas sur d’autres région du Maroc ou pourquoi pas délocaliser cet évènement dans un pays en Afrique, quand on sait que se sont plus de 100 pays qui participent à cet évènement depuis mars 2015, afin de confirmer cette Coopération Sud-Sud dont vous prônez tant ?

Je suis entièrement d’accord pour délocaliser non pas cet évènement ; mais pour d’autres évènements en Afrique et nous sommes d’ailleurs ; nous étions d’ailleurs en négociation avec plusieurs pays qui nous invitent et qui veulent nous accueillir. La seule chose est qu’il faut que maintenant on en revienne à une situation normalisée qui permette d’organiser de tels évènements dans l’avenir.

 

 A.E : Que pensez-vous de la progression du Numérique aujourd’hui ?

Le Numérique est quelque chose de très important pour la simple raison que grâce au Numérique, on puisse continuer à communiquer malgré l’arrêt de toute activité présentielle ; c’est quelque chose de rassurant. L’Afrique va être véritablement le laboratoire de développement du Numérique moderne en sautant toutes les étapes. C’est ainsi que dans certaines communautés rurales de l’Afrique, les gens ont aujourd’hui un téléphone portable, alors qu’ils n’ont jamais eu de téléphone fixe ; et pendant des décennies, il n’y avait que le téléphone fixe. L’Afrique est prête à sauter dans le progrès ; elle est prête à sauter dans l’évolution technologique ; et je pense que cela va être un grand succès.

 

A.E : Quelles seront les nouvelles orientations du Forum Crans Montana, lors de sa reprise ?

Pour parler des nouvelles orientations du Forum Crans Montana, il faut d’abord savoir quand on va pouvoir reprendre ; de quelle manière on va pouvoir reprendre ; et dans quelle direction il sera bien d’aller. Je ne peux pas faire de pronostics maintenant, parce ce que je n’ai devant moi aucune perspective de date.

A.E : Quel est votre avis sur le secteur du Tourisme face à cette crise sanitaire mondiale ?

En ce qui concerne le Tourisme, il y a deux dimensions. Il y a d’abord je pense une remise à zéro des compteurs ; car notre monde, la pandémie en est la conséquence indirecte. Notre monde s’est trouvé ruiné ces dernières années par un principe qui était la recherche systématique du Prix le plus bas. A force de vouloir baisser le Prix le plus et en pensant que dans le cadre de la globalisation, le fait d’avoir toujours plus de consommateurs à n’importe quel prix c’était bien, on a ruiné notre monde. Quelques semaines avant que l’épidémie ne se déclare, j’ai reçu une publicité qui me proposait pour 300 euros, un aller-retour de Paris à Tunis, huit jours en pension complète dans un hôtel 5 étoiles. C’est du délire que de proposer de telles choses comme cela. Et parce ce que tout simplement il y avait un mystère de gestion qui fait que pour 300 euros, de toute manière on ne peut pas fournir ces services. Mais ce qui est plus grave, c’est que l’on a mis dans la tête des gens que l’on pouvait faire n’importe quoi pour rien. Il y a des billets d’avion qui permettent de traverser l’Atlantique à 100 euros aller-retour ; que voulez-vous faire avec cela puisque cela n’est pas raisonnable. Donc le Tourisme va se rééquilibrer ; les choses vont reprendre leur vrai Prix. Et lorsque quelqu’un désire prendre un avion pour aller visiter le Parc zoologique de l’Afrique du Sud, il faut qu’il sache que le billet d’avion vaut de l’argent ; que l’hôtel vaut de l’argent ; et à ce moment-là on va rééquilibrer nos sociétés. Donc je pense qu’on va ainsi freiner ce tourisme de masse, qui est un destructeur de nos sociétés et de notre cadre de vie. A Venise par exemple, la ville était en train de mourir de ses millions de touristes qui se bousculent dans la rue et qui s’entrechoquent et qui polluent la totalité des facultés hospitalières de cette ville. Il faut absolument qu’à ce niveau-là, les choses reprennent leur calme et leur tranquillité. D’autres parts, que cela soit un Tourisme sélectif ou un Tourisme de masse, pour l’instant il n’y a rien. Tout est arrêté et il faut attendre de voir avec les vaccins notamment, comment le présentiel pourra se rétablir afin que l’on puisse envisager des stratégies d’infractions touristiques dans telles ou telles régions.

 

A.E : Pouvez-vous Président mieux nous parler de l’Institut Crans Montana ?

L’Institut Crans Montana est destiné à faire de la Formation au plus haut niveau des décideurs, dans les Gouvernements, dans les États ; c’est-à-dire au niveau de ceux qui sont en charge de définir les politiques et de les mettre en œuvre. Ainsi vous pouvez le voir sur le site de l’Institut ; c’est un Institut qui est soutenu par de nombreuses personnalités internationales de haut niveau et il se livre à des activités qui sont aujourd’hui quelque chose d’assez impressionnant. Je me permets de dire parce ce que je ne suis pas seul à y contribuer ; et je pense qu’avec cet Institut, nous allons stimuler et développer comme nous souhaitons le faire pour de nombreux pays africains des activités de capacités buildings ; car aujourd’hui avec les conséquences notamment de la crise sanitaire, les États, les Fonctionnaires, les Administrations ont besoin de partages d’expériences, ont besoin d’acquisitions de connaissances pour pouvoir répondre aux besoins de leurs pays et faire face aux difficultés qu’ils affrontent.

 

A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs

Le mot de la fin c’est un mot d’espoir. Je pense que nous avons beaucoup abusé de la mondialisation. Nous avons beaucoup écouté des fonctionnaires d’Organisations Internationales sans aucune légitimité démocratique prôner et mettre en œuvre ce qu’ils appellent la dérégulation ; soit disant que le marché allait se réguler tout seul, et qu’il y aurait des mouvements automatiques et bienfaisants qui se produiraient. Tout cela est une vaste plaisanterie, une sinistre plaisanterie. L’État a un rôle à jouer dans l’organisation de chaque pays. Les États ont un rôle à jouer par une concertation multilatérale qui doit être organisée dans la bonne foi et dans la bonne volonté et je crois que la crise sanitaire que nous traversons et qui est si douloureuse pour tant de personnes, aura le mérite avec le recul à réfléchir sur nous même pour construire un monde qui soit meilleur. Merci également à votre site www.afriqueeconomie.net qui nous a donné cette opportunité de nous exprimer sur divers points importants de notre actualité face à cette crise sanitaire mondiale.

 

 

                                                      Interview réalisée par Nadège Koffi

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