La Chambre des Représentants a approuvé le mardi 12 mai 2020 au Nigeria (Afrique de l’Ouest), la demande d’emprunt d’un montant de 850 milliards de nairas (environ 2,2 milliards de $), introduite par le Président de la République, Muhammadu BUHARI, en vue de financer des Projets clés du Gouvernement.
Selon la Directrice Générale de la Dette (DMO), Patience ONIHA, il ne s’agit pas d’une nouvelle demande ou d’un emprunt supplémentaire, mais plutôt d’un amendement de la source d’emprunt de l’extérieur vers le domestique. Précisant que la Loi de finances 2020 a approuvé un total de 1594,99 milliards de nairas (environ 4,08 milliards de $) comme nouvel emprunt pour cofinancer le déficit budgétaire estimé à environ 2.175 milliards de nairas (environ 5,57 milliards de $).
En effet, cette conversion des emprunts extérieurs en emprunts intérieurs vise à garantir que la mise en œuvre de La Loi de finances 2020 ne soit pas compromise par un manque de fonds. Pour le Nigeria, les options sont rares, car son fonds de stabilisation, qui est censé disposer de réserves pour renflouer l’économie en période de grave crise économique, est pratiquement épuisé, tandis que le marché local des capitaux n’est guère en bonne forme du fait de la crise actuelle.
Par ailleurs, les inquiétudes se multiplient quant à l’augmentation de la dette du Nigeria, estimée à environ 26.200 milliards de nairas (environ 67 milliards de $) au 30 septembre 2019. Sur ce montant, le total des dettes intérieures s’élève à environ 18.000 milliards de nairas (environ 46 milliards de $), soit 68,45% du total des dettes publiques.
Notons que dans un contexte marqué par la crise sanitaire de la Covid-19, l’économie nigériane devrait entrer en récession à un taux de -3,4% du PIB en 2020 selon les projections du Fonds Monétaire International (FMI). Le déficit budgétaire devrait s’aggraver, passant de 5% du PIB en 2019 à 6,4% en 2020. Quant à la dette publique, elle devrait représenter 35,3% du PIB en 2020, contre 29,4% en 2019.
Rappelons que cette approbation intervient deux semaines après celle du Sénat.
Patrice Bantchi