Selon les résultats du deuxième baromètre du Conseil français des Investisseurs en Afrique (CIAN) des leaders d’opinion en Afrique « AFRICALEADS » publiés le vendredi 07 février 2020, les États-Unis, l’Allemagne et le Canada sont les pays étrangers qui ont la meilleure image sur le continent africain.
Ce rapport transmis au site www.afriqueeconomie.net, explique que cela a été rendu public à l’occasion du Forum Afrique 2020 organisé par le MOCI et le CIAN.
En effet, ce baromètre a été menée entre novembre 2019 et janvier 2020 auprès d’un échantillon de 2423 leaders d’opinion dans douze pays d’Afrique, notamment l’Égypte, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Nigeria, le Cameroun, la République Démocratique du Congo (RDC), le Kenya et l’Éthiopie. Les interviews ont été réalisées en face-à-face entre novembre 2019 et janvier 2020. La notion de leaders d’opinion englobe les décideurs des Secteurs Public et Privé, les Professionnels des médias, les Membres éminents de la société civile (y compris les chefs religieux) et les influenceurs. Environ 30% de femmes ont été interrogées dans chaque pays. Réalisée dans douze pays par l’institut IMMAR, cette étude est la première à cibler spécifiquement les leaders d’opinion dans toute leur diversité.
Par ailleurs, les pays étrangers Partenaires de l’Afrique, qui ont eu une meilleure image cités plus haut, notamment la montée en puissance des États-Unis, l’érosion des grandes nations asiatiques, la percée du Canada et la quasi-stagnation de la France sont les quatre principaux enseignements du baromètre « AFRICALEADS 2020 ». Invités à citer les trois pays dont ils ont la meilleure image, les leaders d’opinion ont en effet classé les États-Unis en première position (48%, +14 points en un an), devant l’Allemagne (39%, -6), le Canada (32%, +20), la Chine (31%, -6), la Grande-Bretagne (24%, +5). La France et le Japon sont cinquièmes ex-aequo (20%, en repli d’un point pour la France et de 14 points pour le Japon).
Pour le Directeur des Etudes d’IMMAR, Mohamed El KALCHI, ces évolutions sont au-delà de toute marge d’erreur. « La révolution numérique, dont les leaders d’opinion africains tirent profit, est mise au crédit des États-Unis, qui sont la patrie d’origine des GAFA. Cela contribue à renforcer leur softpower global. L’Allemagne demeure adossée à des fondamentaux solides. Enfin, le Canada, qui mène une politique migratoire très active, est perçu comme un pays accueillant et ouvert aux étudiants issus des classes moyennes supérieures africaines. Il progresse donc très significativement dans ce classement », explique-t-il.
En outre, la France reste le pays ayant les liens les plus denses avec l’Afrique, politiquement et économiquement, mais aussi culturellement et humainement (à travers les diasporas). Cependant son image demeure brouillée par une série de facteurs endogènes et exogènes. Ainsi, elle régresse dans les pays ayant traversé des crises en 2019. Avec la lancinante question des visas, l’omniprésence des sujets mémoriels dans le débat public, en France comme dans plusieurs pays du continent, contribue aussi à troubler la perception du caractère bénéfique de la relation entre la France et l’Afrique. Pour autant, les marques françaises, à l’instar d’Orange, de Renault ou d’Air France, comptent toujours parmi les plus appréciées des leaders d’opinion africains, globalement et dans leurs Secteurs d’activité respectifs (Télécommunications, Automobile, Aérien). Les entreprises françaises investies en Afrique s’implantent durablement. Très engagées en matière de Responsabilité Sociale des Entreprise (RSE), elles investissent dans le capital humain et valorisent les compétences locales, qui accèdent aux postes de direction des filiales.
Globalement, les leaders d’opinion africains demeurent optimistes sur l’avenir de l’Afrique. 45% estiment que l’Afrique a progressé depuis cinq ans, et 64% pensent que sa situation s’améliorera au cours des cinq années à venir (+8 points en un an). Pour 68% du panel, la sécurité s’impose comme le sujet prioritaire à traiter. Cette hausse de 28 points en un an fait écho à la dégradation du contexte sécuritaire au Sahel. L’éducation et la formation constituent, pour 48% des répondants, l’autre défi majeur du continent (proportion stable). Les leaders d’opinion africains plébiscitent l’intégration continentale.
Selon eux, 70% d’entre eux ont une bonne image de l’Union Africaine (UA). Ils sont 81% à trouver intéressante la démarche des pays de la CEDEAO visant au lancement en 2020 d’une monnaie commune ouest-africaine, l’ECO. S’agissant de la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECA) mise en place, le taux d’approbation monte à 93%.
Quant au Président délégué du CIAN, Pr Etienne GIROS, ces chiffres attestent d’une volonté d’intégration et d’une envie d’Afrique qui transcendent les clivages géographiques, linguistiques et culturels. « C’est une tendance de fond. Décideurs, autorités publiques, partenaires publics et privés de l’Afrique doivent en tenir compte et l’intégrer dans leurs approches et leurs stratégies vis-à-vis du continent », indique-t-il.
Notons que le baromètre du Conseil français des Investisseurs en Afrique (CIAN) des leaders d’opinion en Afrique mentionne que l’Afrique du Sud, avec 37% des réponses, le Maroc (29%) et le Rwanda (25%) restent les trois pays du continent bénéficiant de la meilleure image. Le CIAN rassemble et accompagne dans leur déploiement l’essentiel des sociétés françaises investies sur le continent africain (ses membres réalisent 80% du volume d’affaires français avec le continent). Il est par ailleurs une force d’influence auprès des décideurs Publics et Privés du Développement en France, en Afrique et à l’international.
Nadège Koffi