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Nathalie KPANTE :  » QUE CHAQUE JEUNE TRAVAILLE SUR SON IDENTITÉ ET SES COMPÉTENCES »

Nathalie KPANTE :  » QUE CHAQUE JEUNE TRAVAILLE SUR SON IDENTITÉ ET SES COMPÉTENCES »

A 30 ans,  Nathalie KPANTE, Entrepreneure, Directrice de production de Choco-Togo fait partie des jeunes Africains qui s’évertuent à donner un nouveau visage à l’Afrique. C’est pourtant au sortir d’un séjour de formation en Italie que la jeune Togolaise va se lancer dans la fabrication du chocolat. Et depuis, l’aventure Choco-Togo dresse son chemin et laisse son empreinte. Une vraie fierté nationale aujourd’hui, elle fait partie des voix qui portent dans l’agrobusiness togolais. Etoile brillante de l’écosystème entrepreneurial togolais, elle s’est prêtée aux questions d’Afrique Economie.

 

Afrique Economie : Comment avez-vous eu l’idée du chocolat “made in Togo” ?

Nathalie KPANTE : En 2013, nous avons participé à une formation en Italie sur la transformation traditionnelle du cacao en chocolat, le tourisme responsable, le commerce équitable et le e-commerce. De retour, nous avons fait le constat amer qu’aucune transformation n’est faite depuis l’époque coloniale, de nos cacaos, et presque la totalité des producteurs ne connaissent pas le chocolat. Nous avons alors commencé les recherches et adapté les techniques de transformation que nous avons apprises au cours de la formation.

A.E : Produire le Chocolat pour une population qui culturellement n’en est pas amateur.  N’était-ce pas un risque trop élevé ?

N.K : Effectivement c’était un risque très élevé ; mais c’est l’une des qualités pour être un bon entrepreneur.

Beaucoup de personnes ignorent les vertus du vrai chocolat. Et ceux qui sont sur notre marché sont pleins de produits chimiques. Donc, nous informons la population sur les vertus du chocolat et nous lui proposons un chocolat de bonne qualité.

En se lançant dans le chocolat, nous répondions à deux besoins essentiels ; d’abord nous visions à promouvoir l’entrepreneuriat agricole et l’auto-emploi des jeunes pour réduire le taux de chômage élevé au Togo. Ensuite, renforcer l’autonomisation de la femme et de la jeune fille en milieu rural. Au Togo, la culture du cacao est de type familial ; donc toute la famille y travaille mais les hommes sont les propriétaires des terres et détiennent les revenus issus des récoltes. Ce qui entraine une dépendance totale des femmes vis-à-vis de leurs maris. Nous employons donc les femmes de ces milieux que nous formons pour le traitement des fèves. Elles sont actuellement une cinquantaine de femmes et jeunes filles déscolarisées en milieu rural.

AE Présentez-nous Choco-Togo en chiffres ?

N.K : Comme Chiffre d’affaires depuis le début de nos activités, nous avons environ 16.000.000 FCFA. En ce qui concerne le bénéfice, obtenu nous sommes toujours à l’étape d’installation de notre usine. Tous ce qui est gagné est réinvesti pour l’acquisition des équipements.

A.E : Avez-vous bénéficié d’un accompagnement financier ?

Nous avons gagné des concours dotés de prix et un fonds compétitif de PASA (Programme d’Appui au Secteur Agricole) mais nous n’avons pas d’accompagnement financier formel.

A.E : Pourquoi avoir opté pour l’entrepreneuriat alors que la plupart des jeunes diplômés espèrent un emploi sur un marché en hibernation ?

J’ai grandi dans un environnement d’entrepreneurs. Mes parents, malgré le fait qu’ils étaient dans la fonction publique, ont toujours entrepris, tout comme mes frères et sœurs. Depuis mon enfance, j’ai aussi été initiée aux activités génératrices de revenus. J’ai donc appris qu’il n’y a pas de ‘’sales boulots’’. Il faudrait que quelqu’un crée les emplois pour que d’autres en demandent. Et pourquoi cette personne ne serait pas moi ?

A.E : Quelles sont vos perspectives de croissance sur les 10 prochaines années ?

En termes de perspectives de croissance, nous ambitionnons d’agrandir notre unité de production, de mettre sur le marché international et régional, nos produits, d’ouvrir un centre de formation pour les jeunes de toute l’Afrique et de travailler à l’amélioration des conditions des femmes, jeunes filles et enfants dans les milieux producteurs de cacao.

A.E : Si on vous donnait aujourd’hui le pouvoir de changer les choses, quelles seraient vos priorités ?

Si j’avais le pouvoir de changer les choses, je commencerais par le système éducatif au Togo. Nous sommes « formatés » pour être des demandeurs d’emploi. L’entrepreneuriat s’apprend dès le bas-âge. Si on veut changer les choses, il faut revoir ce qu’on enseigne aux enfants qui sont ‘’l’avenir de la nation’’ comme on entend souvent dire.

A.E : Vous qui avez reçu plusieurs récompenses aussi bien sur le plan national, continental qu’international, quels conseils pourriez-vous donner à vos jeunes sœurs et frères qui hésitent à se lancer dans l’entrepreneuriat?

N.K: Que chaque jeune travaille sur son identité et ses compétences. Si nous savons qui nous sommes, ce que nous pouvons faire et nous y ajoutons la passion, nous allons sûrement créer des richesses autour de nous et avoir plus d’impact sur notre société.

 

                                                                                                                                   Interview réalisée par AN

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